23 novembre 1970. À peine quelques jours après l’interdiction à la vente de leur journal Hara-Kiri Hebdo pour son titre sur la mort du général de Gaulle (Bal tragique à Colombey – un mort), Georges Bernier et François Cavanna sortent le premier numéro de leur nouveau bébé. Ce pimpant bébé, qui atteint déjà des sommets en matière de cynisme, c’est Charlie Hebdo, alors un prudent mensuel.
C’est le début d’une aventure mouvementée, qui s’achève une première fois en 1981 avec un dépôt de bilan. Le journal satirique connaît néanmoins une refonte en 1992 par une fine équipe composée de Gébé, Phillipe Val, Cabu et le chanteur Renaud, qui contribue financièrement au nouveau lancement. Cavanna, Willem, Siné, Delfeil de Ton et Wolinski suivent de près.
En 2006, l’hebdomadaire se vend en moyenne à 80 000 exemplaires. Malgré son petit succès, Charlie Hebdo rime rapidement avec « polémique », tout en revendiquant sa liberté d’expression. Il faut dire que la publication des caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten
a du mal à passer… Mais la première grosse polémique éclate en 2008, lorsque le caricaturiste Siné est accusé d’antisémitisme, et licencié : « l’affaire Siné » affaiblit Charlie Hebdo et le traîne devant les tribunaux.
Le journal survit à cette crise, tout comme il se relève encore en 2011, après un incendie criminel dans ses locaux le 2 novembre. Charlie Hebdo conserve sa ligne éditoriale, sans se départir un seul instant de son goût pour la provocation et de cet humour noir qui est loin de plaire à tout le monde. Le dessinateur Charb bénéficie d’une protection rapprochée dès 2014 suite à des menaces de mort régulières.
Protection rapprochée qui ne peut malheureusement pas prévenir le tristement célèbre attentat du 7 janvier 2015 par les frères Kouachi, et dans lequel douze personnes trouveront la mort, parmi lesquelles Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Bernard Maris…
Encore aujourd’hui, l’hebdomadaire survit à son 45e anniversaire, quoique difficilement. Les attentats du 13 novembre qui ont encore une fois blessé la France nous laissent d’autant plus choqué•e•s qu’ils font douloureusement écho à cette première atteinte à notre liberté d’expression. Nous terminons ainsi une année bien sombre… mais si l’avenir de Charlie Hebdo est incertain, je propose que l’on continue à se souvenir, de préférence encore longtemps, de la mobilisation et de la solidarité historiques qui nous ont permis de la traverser en riant. Touché•e•s, mais pas coulé•e•s.
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