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Cinéma

« Tale of Tales », un superbe conte de deux heures à ne pas rater au cinéma

Matteo Garrone revient avec Tale of Tales, une fresque à la fois onirique et réaliste adaptée d’un classique italien. La canicule est-elle la seule raison de te réfugier au cinéma ? Amélie te donne son avis.

Le nouveau long métrage de Matteo Garrone avait tout pour m’intriguer : une affiche quelque part entre le somptueux et le kitschouille, un aspect fantastique et un casting porté par celle qui restera toujours Frida dans mon coeur. La petite palme dans un coin, indiquant que le film était en compétition au Festival de Cannes cette année, a fini de convaincre mon âme d’aventurière et d’amatrice de cinéma qui change des habitudes. J’ai réservé ma place.

Tale of Tales (« Le conte des contes ») est une libre adaptation du recueil de l’Italien Giambattista Basile, Lo cunto de li cunti. Garrone a décidé d’illustrer trois de ces célèbres histoires au cinéma. Parmi elles, tu pourras découvrir une reine prête à tout pour donner la vie, deux vieilles teinturières fantasmant sur un roi qui a un faible pour les portes-jarretelles et une princesse qui rêve de s’enfuir, posée sur la croupe d’un cheval blanc, au bras d’un bellâtre au cheveux mi-longs…

Un Disney… trash ?

De nombreux classiques de ton enfance sont des adaptations plus ou moins (ou encore moins) fidèles des légendes traditionnelles — d’Andersen, de Perrault ou encore des frères Grimm. Beaucoup le savent déjà : pour plaire au plus grand nombre (et surtout pour éviter que le CSA ne classe ses films au même rang que l’intégrale des Saw), Disney a omis certain détails sanglants des histoires originales.

À lire aussi : « Je vais ruiner votre enfance », la chaîne YouTube qui décrypte vos dessins animés préférés

La matière première de Tale of Tales n’avait rien d’une promenade de santé dans les bois en robe longue. Le recueil de contes est composé en majorité de monstres, de torture, de morts et d’inceste. Ça te rappelle un truc ? Je ne vois pas du tout…

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Qu’il fait bon de poser son noble postérieur sur le trône de bois. (Oui, c’était un indice). 

Ici, le choix a été de rester le plus fidèle possible pour ne pas que ces fabuleux contes perdent de leur superbe. Tu retrouveras dans ce film tout ce qui rend ces récits épiques : le rêve, l’humour, la peur, l’horreur, la morale. Tout y est.

Inutile de te cacher que mon côté nostalgique a adoré Tale of Tales pour ça !

Visite dans une galerie d’art

Côté esthétique, dire que le film est moche serait comme affirmer solennellement avoir déjà attrapé un Groudon sans Master Ball : difficile.

À plusieurs reprises, tu risques d’avoir envie de mettre pause pour admirer en détail la beauté des costumes. Les maquillages et coiffures sont somptueux, certains plans dignes d’un tableau de maître… La mise en scène est travaillée, elle donne au film un côté « indépendant » qui le fait clairement sortir du lot.

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 Y en a qui ont sauté par-dessus le pédiluve. 

Garrone nous emmène dans un univers médiéval qu’on ne saurait vraiment situer, un endroit ultra-coloré où tout est possible. Pourtant, il évite le côté fantasque et décalé que pourrait avoir un Baz Luhrmann. Les scènes sont posées, traînent parfois en longueur (heureusement, il y a toujours quelque chose à regarder), ce qui donne un ensemble presque réaliste et complètement original.

Dans ce genre de réalisation (parfois) trop contemplative, garder le spectateur en haleine est un défi. Ici, le rythme est plutôt bien maîtrisé. Nous sommes de plus en plus habitués aux longues fresques épiques mettant en scène quelques (super) héros prêts à faire exploser un bon paquet de trucs pour sauver la planète. Tale of Tales peut donc paraître déroutant, car il prend un peu le contrepied de cette tendance. Pour l’apprécier, je pense qu’il suffit de lâcher prise, de se laisser porter… et surtout de se rappeler que les contes étaient de grands romans d’aventure, bien avant le retour des 4 Fantastiques !

Un casting de folie

Ce long-métrage possède la qualité d’être porté par un casting pointilleux et très juste. Chaque acteur semble physiquement taillé pour le rôle et est sans doute à l’aise avec son personnage : les jeux sont toujours impeccables !

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Ne serait-ce point mon bon ami le Comte, sous cette fraise de travers ? 

Vincent Cassel fait un parfait roi volage, puérile et insatiable. Salma Hayek est sublime dans ses imposantes robes de mère contrariée, au visage dur et inquiet. Toby Jones est le roi bouffon idéal tandis que sa fille, jouée par Bebe Cave, se distingue en princesse martyr héroïne.

Pour finir, les jumeaux Christian et Jonah Lees semblent sortis d’un sombre portrait du Louvre…

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Ceux sur lesquels tu t’attardes en pensant : wow, il avait de la prestance celui-là (et il savait manier la décolo). 

Tale of Tales, ça vaut le coup ?

Mille fois, oui.

Tale of Tales n’est pas le chef-d’oeuvre héroïque promis dans une certaine version de sa bande-annonce. Il s’apparente plus à un long-métrage fait de saynètes, véritable hommage aux contes tels qu’ils sont. Pendant deux heures, je n’étais plus la journaliste notant dans un coin de son crâne ses meilleures punchlines pour sa critique. J’étais la petite fille demandant à sa mère de relire pour la troisième fois Petite-table-sois-mise, l’Âne-à-l’or et Gourdin-sors-du-sacles yeux et les oreilles grands ouverts, avec un sourire un peu bête et figé sur le coin du visage.  

Si tu es encore à deux orteils d’être convaincue, jette un coup d’oeil à cette fameuse bande-annonce. La musique épique finira peut-être par te faire changer d’avis !

Tale of Tales est au cinéma depuis le 1er juillet 2015.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

8
Avatar de lafeemandarine
21 juillet 2015 à 17h07
lafeemandarine
@Princessechat Mon hypothèse perso, c'est
Contenu spoiler caché.
0
Voir les 8 commentaires

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