Tu en as sûrement entendu parler la semaine dernière : l’Alabama a promulgué une nouvelle loi qui menace gravement le droit à l’IVG pour les femmes. Elle prévoit une interdiction quasi totale de l’avortement (sans exceptions en cas de viol ou d’inceste) et des fortes peines de prison pour les médecins qui le pratiquent.
De vraies raisons de s’inquiéter pour le droit à l’IVG
Depuis, l’association de défense des droits civiques (ACLU) a annoncé son intention d’aller en justice pour empêcher l’application de ce texte, le plus répressif des États-Unis. Cela n’inquiète pas les promoteurs du texte en Alabama qui espèrent justement pouvoir porter leur combat anti-IVG (et donc anti-droits des femmes) devant la Cour suprême des États-Unis.
Un arrêt emblématique de la Cour suprême a en effet reconnu en 1973 le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n’est pas viable. Or l’élection de Donald Trump a changé la donne puisqu’il a nommé deux nouveaux juges conservateurs (sans surprise, des hommes blancs de plus de 50 ans). Il y a donc de vraies raisons de s’inquiéter pour l’accès à l’avortement aux États-Unis, surtout qu’en plus de l’Alabama, 27 autres États ont passé des lois restreignant le droit à l’IVG.
Depuis plusieurs mois, les militantes féministes américaines se mobilisent pour défendre le droit à l’IVG dans le pays. À travers des manifestations, comme celles qui ont rassemblé plusieurs milliers de personnes ce week-end en Alabama, et sur les réseaux sociaux.
Le droit à l’IVG défendu par celles qui ont avorté
Une initiative a particulièrement retenu mon attention. Sous le hashtag #youknowme, des milliers de femmes témoignent sur Twitter et Instagram à propos de leur avortement. À l’origine, il a été lancé par Busy Philipps, une actrice et activiste américaine : « beaucoup de gens pensent qu’ils ne connaissent pas de personnes qui ont avorté, mais vous me connaissez moi ».
Comme elle l’explique dans son tweet, une femme sur quatre aux États-Unis a recours à l’IVG au cours de sa vie. Mais on n’entend pas assez ces femmes en parler. Avec le hashtag #youknowme, Busy Philipps veut que les femmes puissent partager leurs histoires et leur vérité pour « arrêter d’avoir honte ».
Comme elle, je pense que l’accès à l’IVG est un droit fondamental pour les femmes et qu’il y en a marre que des hommes se sentent légitimes à donner leur avis (ou pire, voter des lois répressives) sur un sujet qui ne les concerne pas. Mais au-delà de ces idées défendues depuis des dizaines d’années par des militantes, j’ai trouvé ça très touchant et puissant de lire des témoignages de femmes qui ont avorté.
Une femme sur trois a recours à l’IVG au cours de sa vie en France
En France, la proportion de femmes qui avortent ou avorteront au cours de leur vie est encore plus importante qu’aux États-unis. Peut-être parce que l’accès à l’IVG est mieux garanti et qu’il y a donc moins d’avortements clandestins – par définition difficiles à intégrer dans les statistiques officielles.
Une femme sur trois a recours à l’IVG en France (selon des estimations de l’Ined datant de 2016). Cela représente environ 216.000 avortements par an, un chiffre stable depuis 15 ans. Et pourtant, je compte sur les doigts d’une main les fois où une femme de mon entourage m’a parlé de son IVG.
Je conçois fort bien qu’on puisse vouloir garder cet événement pour soi, mais je trouve ça aussi important de pouvoir lire les histoires d’autres femmes qui sont passées par là, avec chacune leurs raisons, leur situation, et leur sensibilité. Pas pour les juger ou les plaindre, mais pour que chacune puisse enfin – plus de quarante ans après la loi Veil – dire à voix haute : « j’ai avorté ».
Et toi, tu as avorté ? Tu aimerais qu’on libère plus la parole sur le sujet ? Tu as d’autres idées pour défendre le droit à l’IVG ? Viens en parler dans les commentaires !
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