Article initialement publié le 18 janvier 2009 –
Slumdog Millionaire, sorti en 2009, est une adaptation d’un livre de Vikas Swarup. Je ne l’ai pas lu et il s’intitule longuement : Les Fabuleuses Aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire (2007). Si tu as réussi à tout lire sans respirer, félicitations. Sinon, je vais te parler du film : ça suffit les détours !
Slumdog Millionaire, ça parle de quoi ?
Slumdog Millionaire, c’est la vie d’un gamin indien des bidonvilles de Bombay qui défile sous nos yeux. Vite orphelins, livrés à eux-mêmes avec son frère Salim, ils grandissent à la faveur de la saleté, allant de manche en manche.
À l’aube du vagabondage, ils cheminent comme ils peuvent, et Jamal, va-nu-pieds, applique ses pas à rechercher son amour perdu : Latika.
Issus des mêmes galères, les deux enfants ne cessent d’être séparés pour mieux se retrouver. Jusqu’à ce que leurs retrouvailles deviennent de plus en plus périlleuses.
À lire aussi : Le syndrome de l’Inde, cet étrange pétage de plombs qui peut vous arriver
Jusqu’au jour où Jamal, dix-huit ans à peine, devenu serveur dans un centre d’appel de la capitale, est sélectionné pour participer à Qui veut gagner des millions ?
Et là, miracle, tout se bouscule, il gravit les échelons et répond correctement à toutes les questions. Plutôt étrange, pour un gamin des bidonvilles, n’est-ce pas ?
La police se met alors sur le coup et l’accuse de tentative de fraude. Suspense, suspense, je n’en dis pas plus.
Slumdog Millionaire, un film en trois dimensions qui ne manque pas d’animation
Loin d’une narration linéaire, les scènes se déroulent en parallèle des unes des autres en se complétant : les souvenirs de Jamal, sa captivité au commissariat et son passage sur le plateau télé.
On pourrait croire qu’il est facile de se perdre dans cette histoire labyrinthique, mais non.
Au contraire, le scénario est limpide, fluide. On ne voit pas le temps s’échapper.
Suspense et suspension. Que va-t-il se passer ensuite ? Imprévisible, le film nous mène de surprise en surprise.
Il faut dire que Danny Boyle a plus d’un tour dans son sac : s’il lui faut montrer la crasse, il la montrera.
S’il veut nous révolter, il en est capable.
S’il veut provoquer de la compassion chez son public, il ne se réfrène pas et met en scène l’inacceptable immoralité régissant ce monde qui n’est pas le notre, le monde de la rue et de ses magouilles.
Jamal Malik (Dev Patel) face à Prem Kumar (Anil Kapoor) dans la version indienne de Qui veut gagner des millions ?
Une sournoise critique cachée sous la poussière des bidonvilles
Malgré les apparences, ce film balance sévère. Les puissants profitent des plus faibles, oui, mais pas que.
En deux heures de pellicule, se forme un étourdissant tourbillon, transportant des portraits minutieux de la société contemporaine, de ses vices et de ses inepties.
À lire aussi : Carte postale d’Inde
En toile de fond, c’est la mondialisation de la torture (à plusieurs échelles d’ailleurs), la colonisation moderne sous couvert de la « culture » (
Qui veut gagner des millions, ne serait-ce là un jeu d’argent et de paillettes typiquement occidental par hasard ?).
C’est la prolifération des bâtiments qui grattent le ciel.
L’invasion touristique n’échappe pas non plus au référencement (et les scènes découlant de l’arrivée des deux frangins au Taj Mahal sont tout bonnement excellentes).
Quand à l’esclavagisme sexuel, il est aussi porté à l’écran. Rien ne nous est épargné.
À lire aussi : « La Saison des femmes » dénonce la condition féminine en Inde
Pourtant, jamais le spectateur ne pense : « C’est un film engagé ». Car ces petites piques que Danny Boyle a bien cachées, elles ne sont pas aussi piquantes qu’il n’y paraît.
Au final, il reste en nous une impression de film dur, réaliste mais beau tout de même.
Les couleurs sont belles, les acteurs sont sublimés et il ne faut pas oublier que notre héros est en passe de gagner des millions et d’entrer ainsi dans l’histoire. Alors, la pilule passe mieux, grâce à cet enrobage acidulé.
Et comment oublier Jai Ho, chanson phare du film ?
À lire aussi : Yesterday, le film qui chante les Beatles avec… Ed Sheeran !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires