En partenariat avec l’UCPA (notre Manifeste)
J’ai décidé de sauver mon couple, et pour ça, je reviens sur notre rencontre, pour me rappeler ce qui nous a attiré, l’un chez l’autre, ce qui m’a plu chez lui, qu’est-ce qui a fait que j’ai eu envie de développer cette relation, au départ.
Pourquoi lui, pourquoi maintenant ? Qu’est-ce qui a « cliqué » entre nous, et pourquoi ce couple vaut-il la peine d’être sauvé ? Retour à la rencontre, aux origines de notre idylle, pour reconstruire ce que le temps a progressivement étiolé.
Il y a des rencontres qui marquent, pas forcément parce qu’elles sont agréables. Il y a des belles histoires qui commencent par un café renversé, même si j’ai bien plus d’exemples de ça dans des contes de fées que dans la vraie vie, j’avoue.
Mon histoire avec le trail commence un peu comme ça : par une rencontre qui ne m’a pas laissée indifférente.
Si tu n’as pas lu mon premier article, tu risques d’être très vite largué·e : attends, elle parle d’un mec ou d’un sport ? Qu’est-ce que c’est que ce délire ?
À lire aussi : J’ai décidé de sauver mon couple : ma première vraie dispute
Je parle d’un sport comme si c’était mon mec. Parce que ma découverte du trail, ma première course, c’était comme une rencontre.
Je m’y étais préparée comme je me prépare à partir en soirée, sans savoir ce qu’il pourrait s’y passer. J’ai troqué les talons hauts pour des chaussures de trail, le trait d’eyeliner contre une bonne couche de crème solaire.
Moi, me préparant pour mon premier trail (photo non contractuelle)
Niveau coiffure, j’ai relevé toutes les mèches, un peu comme je le ferais en soirée, pour éviter qu’elles ne finissent collées à ma nuque et mon front par la sueur.
Comme en soirée, je m’attendais à suer, à avoir mal aux jambes au bout d’un moment, à avoir envie que ça finisse pour pouvoir aller me coucher.
Et c’est un peu ce qu’il s’est passé ! Ma rencontre avec le trail était tout sauf un cliché romantique dégoulinant de tendresse.
Ambiance…
De la sueur. Beaucoup de sueur.
Mon premier trail : qu’allais-je faire dans cette galère ?
Je suis en train de courir, au sein du peloton. J’ai les cuisses en feu, les genoux qui protestent, un début de point de côté et deux orteils en train de frotter frénétiquement contre l’avant de ma chaussure.
C’est bientôt fini ? J’espère, parce que j’ai la sensation d’avoir attaqué mes réserves profondes. C’est sûrement bientôt fini…
Je regarde ma montre : ça fait six minutes que je cours. Je lève les yeux, mais c’est inutile, parce que mes jambes l’avaient déjà compris : ça monte.
Dans ma tête, l’alerte rouge est déclenchée. Tous mes membres, mes organes et surtout l’estomac hurlent à mon cerveau :
« ALERTE ROUGE on a été piraté ! Quelqu’un a pris le contrôle de ton corps Clémence, et ce pilote est en train de nous mener à la destruction ! MAYDAY MAYDAY ! »
Trois inspirations forcées plus tard, une voix retentit dans ma tête :
« Ici l’unité centrale. Ceci n’est pas un piratage, je répète : ceci n’est pas un piratage.
On est parti pour courir 15km à travers la montagne, sur terrain accidenté et très variable. Le dénivelé positif est estimé à plus de 400 mètres.
Reprenez-vous, gardez votre calme, et que chacun et chacune d’entre vous tienne son poste au maximum de ses capacités.
Merci de ne m’alerter qu’en cas de danger grave et imminent.
Ah, et surtout, prenez note : ON ARRÊTE DE CHOUINER MERCI, on est à peine au 2ème kilomètre.
Cordialement, votre commandement de bord. »
À cet instant, j’ai deux choix : jeter l’éponge, parce que je suis pas venue ici pour souffrir, ok ? Ou continuer, parce que je suis prête à souffrir un peu si ça me permet de dépasser une nouvelle frontière.
Alors, je décide de suivre mon unité centrale. Le message se diffuse auprès de tout mon corps, qui se met progressivement en ordre de marche — ou plutôt, en ordre de course.
Tout ça ne s’organise pas aussi facilement, bien sûr. Mais le pouvoir de cette force mentale est impressionnant. Un à un, les membres prennent le rythme, et se mettent à travailler ensemble.
La mécanique du corps, enkylosé par ma sédentarité
C’est fascinant d’observer cette mécanique, et d’en ressentir les effets en même temps. Je débute en trail, alors je suis loin de « repousser mes limites », ou même simplement de les atteindre.
Sur 15km, ce n’est pas l’épuisement physique qui me pousse à bout, surtout pas sur une première course. Je suis là pour tester, prendre mes repères, je n’ai de toute façon pas assez de puissance pour courir en dénivelé.
Je marche dans les montées. Mais c’est ça le plus dur : garder le rythme, lorsque l’allure change.
Relancer ma foulée après avoir marché pendant quelques centaines de mètre me taxe un effort démesuré. C’est presque plus difficile de reprendre la course, que de ne jamais s’arrêter. C’est vraiment plus difficile en fait, je dirais !
Courir, au final, c’est ce que j’ai trouvé de plus facile. C’est de réfléchir à comment courir correctement qui était épuisant.
Premier trail : les leçons de la persévérance
Les genoux alertent les hanches à chaque choc un peu trop violent. Les chevilles retiennent l’attention du cerveau en permanence. Si je commence à laisser mon esprit vagabonder, elles sonnent l’alarme auprès du pilote.
Le souffle se pose, et s’emploie à fournir l’énergie nécessaire à tout ce petit monde. Même l’estomac arrête 2 secondes d’être pénible, conscient que de toutes façons, ses besoins ne sont pas prioritaires à ce moment. (Et que s’il continue de m’incommoder, tout ce qu’il va obtenir, c’est que je ne lui donnerai rien à absorber avant la fin de la course).
À partir de 20 minutes, le corps ne proteste plus, il est sur sa lancée. Mais au-delà d’une heure, c’est ma tête qui s’est mise à lâcher.
Le pilote a commencé à douter, face à son tableau de bord : et si on n’allait pas y arriver ? Au 5ème kilomètre, c’est un peu tôt pour s’avouer déjà vaincue.
Au 7ème kilomètre : la félicité (c’était le ravitaillement !)
Avant de dépasser ses limites, il faut les connaître
Je lis beaucoup que le trail serait un sport « extrême », violent pour le corps et la tête, dont le principe reposerait sur la recherche du dépassement de soi dans des proportions malsaines.
En gros, si tu kiffes le trail, tu dois avoir de sacrés penchants masochistes, parce que sinon comment expliquer que tu ailles te défoncer les articulations des chevilles aux cervicales, le tout en te pétant les poumons à essayer de grimper plus vite que la musique de tes battements cardiaques ?
Je répondrais que c’est vraiment méconnaître le trail que de dépeindre l’intégralité des traileurs de la sorte.
Ensuite, comme toute discipline sportive, le trail a des techniques qui se transmettent lors de l’apprentissage, et se travaillent par l’entraînement.
Alors, mes premiers pas dans le trail ne m’ont pas amenée à « dépasser mes limites », non.
Ils m’ont plutôt permis de découvrir ces limites, de constater où s’arrêtent mes capacités, et où commence le terrain infini de tout ce qu’il m’est possible d’explorer, et d’approfondir.
C’était exactement ce que j’étais en train d’apprendre, sur la course de l’Agneau. Que sans être très difficile, cette course l’était pour moi, parce que je manquais de technique.
Et de condition physique, mais bon, je manque de condition physique pour monter un pack d’eau sur six étages, ce n’est pas propre à la pratique du trail.
Premier trail, et premiers kifs
Retour sur la course de l’Agneau, 4ème kilomètre. Il m’a fallu un bon kilomètre pour rebooter l’unité centrale. Quand la tête lâche, le corps n’a plus de raison de forcer, alors très vite, je perds le rythme… Je m’observe, je m’écoute, je me sonde, et je me rends compte que je n’ai plus vraiment mal nulle part.
Plus de point de côté, pas trop de chocs dans les articulations, on n’entend plus les jérémiades de l’estomac et les jambes ont trouvé un rythme régulier… Alors, qu’est-ce qu’on attend pour relancer la machine ?
Je débarque sur le lac des Confins, et je me souviens instantanément pourquoi je suis là : pour apprendre à visiter la montagne autrement, pour trouver l’aisance de voler le long de ses flancs, pour profiter de paysages comme celui-ci.
Déjà 7 kilomètres, je suis à la moitié. Mais mon corps et ma tête ont commencé à kiffer.
Ma première course de trail, c’était ça. C’était la découverte des pouvoirs de mon corps et de mon esprit, soumis à rude épreuve.
Garde les yeux sur la ligne d’arrivée
Retour à La Clusaz : il est 12h18 lorsque je passe la ligne d’arrivée, euphorique. Avec 2h18, je suis loin de l’objectif de 2h que je visais, mais ça n’enlève rien à mon plaisir, ni ma fierté d’avoir accompli ça.
Mon premier trail, qu’allais-je faire dans cette galère ? Apprendre énormément sur moi, sur mes capacités, et me donner l’envie de les développer encore plus, pour me dépasser.
Je suis repartie de ce week-end avec un grosse claque, comparable à celle que m’avait mise mon baptême de plongée.
J’ai découvert un nouvel univers, à couper le souffle (assez littéralement au 13ème kilomètre, il faut bien le dire).
La suite de mon aventure vendredi prochain sur madmoiZelle !
Envie de… découvrir le trail ?
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Et pour plonger dans l’univers de trail, par les mots de celles et ceux qui le pratiquent, rendez-vous sur le blog We Are UCPA !
#TrailXpérience, qu’est-ce que c’est ?
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madmoiZelle est partenaire média de l’opération, on amène 7 recrues dont Clémence, qui tient un journal de bord tout au long de l’année. Spicee réalise une websérie de toute cette belle aventure, qui sera diffusée sur Mont Blanc Médias. Plus d’infos ? C’est là !
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Les Commentaires
Je suis exactement pareil que toi avec la musique, j'ai remarqué que courir avec c'est jouissif ok mais c'est plutôt mauvais pour le rythme, parce qu'on a tendance à naturellement essayer de s'y coller. Alors tout ce qui est pump-it-up, rapide, excitant... le jour où j'ai décidé de mettre des trucs tout doux voire de ne pas en écouter, je me suis rendue compte avoir plus d'endurance !
Mon record est de 45mn à courir à quasi 100% sur du vallonné, après j'ai un peu lâché le morceau et les portions de courses ont été un peu plus restreintes (faut dire aussi je me suis "paumée" à la tombée de la nuit en forêt, et pour rentrer, les champs n'avaient pas été fauchés et les herbes m'arrivaient à la poitrine, c'est pas très pratique pour courir)
Je commence à pouvoir courir 30mn de façon régulière et sans m'arrêter (toujours pas sur les routes ni le plat, chez moi c'est 100% nature), bientôt je vais tenter mes premiers dénivelés "sérieux" en attaquant les montagnes au dessus de ma tête, mais en attendant j'essaye de rester régulière:
- un strict minimum (petit parcours vallonné de 20mn) dans les périodes de fatigue style règles
- un peu plus et tendance à explorer plus loin / allonger le parcours quand ça va mieux
Et la régularité m'a fait prendre un petit.... kilo et demi de muscles (je me suis fait la remarque l'autre jour en mettant une p'tite robe que mon cul était vaaachement rond et promis c'est pas les chips).
Merci pour ces supers articles qui montrent que çaypossible !
De bons conseils aussi par ici ! https://alpinemag.fr/trail-6-conseils-pour-bien-se-lancer/