Christiane Taubira est la seule femme à trôner parmi les dix personnalités les plus citées dans les médias en 2013. Plus largement, sur les 100 personnalités les plus citées, seules 24 sont des femmes. Dans la presse, les hommes concentrent 81% des citations.
Des chiffres qui font bondir, et qui sont pourtant habituels dans le monde de la presse. Et ne parlons pas de la façon dont les médias parlent des femmes de manière générale…
Claire Alet, journaliste et co-signataire du manifeste, explique au micro de France Inter que lorsque la parole leur est donnée, les femmes sont souvent des victimes ou des témoins. Leur nom de famille et leur profession sont rarement mentionnés, comme si leur rôle dans la société était moins important que celui des hommes. Le cas de L’Express titrant sur les femmes qui « gâchent la vie » de François Hollande est un exemple criant.
Sans compter que ce n’est pas uniquement un problème externe : en interne aussi, la femme est sous-représentée. C’est ce que dénonce le manifeste :
« Plus on monte dans la hiérarchie des rédactions, moins on trouve de femmes. Plus de 7 directeurs de rédaction sur 10 sont des hommes. Quant aux salaires, ceux des femmes journalistes restent inférieurs de 12% en moyenne à ceux de leurs confrères. Ces inégalités se reflètent mécaniquement dans les contenus de l’information. »
Le nombre impressionnant des signataires montre que les femmes en ont ras-le-bol : sur son Tumblr, le collectif publie de nombreux témoignages de cette inégalité quotidienne. Unes de journaux, anecdotes, citations… tou-te-s y vont de leur contribution afin de sensibiliser le public.
Cette initiative n’est pas sans rappeler la nouvelle loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Celle-ci propose entre autres de mettre en place des enseignements spécialement consacrés à l’égalité femmes-hommes dans les écoles de journalisme. Mesure qui avait fortement déplu à ces derniers…
Claire Alet explique que ce rejet est compréhensible. Cela signifierait que l’État exercerait une sorte d’ingérence sur l’enseignement journalistique. Le problème, c’est plutôt la virulence des réponses, qui ont eu tendance à considérer la place des femmes dans les médias comme une cause totalement secondaire. Au vu des multiples exemples fournis par Prenons la Une, la situation est pourtant alarmante.
Depuis le lancement officiel du collectif, le nombre de signataires du manifeste a doublé. Parmi eux, 70 sont des hommes. Pour impacter un maximum de gens, Prenons la Une encourage tous ceux qui soutiennent la cause à rejoindre leur page Facebook et leur compte Twitter !