« Quand on veut, on peut » : un adage utilisé par certains pour se donner du courage, par d’autres pour justifier l’existence de dominations structurelles et des inégalités, se reposant sur l’idée que tout n’est qu’une question de volonté individuelle.
Chantal Jaquet, elle, utilise la formule à l’inverse : c’est quand on peut, qu’on veut. Dans la suite de Bourdieu, la philosophe s’intéresse de près aux déterminisme sociaux, ces mécanismes qui reproduisent les inégalités de génération en génération, mais aussi à la question des transclasses, ces personnes qui réussissent à les éviter. Ce concept de transclasse, c’est d’ailleurs elle qui l’a créé. Un mot choisi et pensé pour être le plus neutre possible, et s’éloigner de l’idée de valeur propre à chaque milieu, comme s’il était intrinsèquement « mieux » d’être normalien que d’être ouvrier, par exemple, ou que le « déclassement » était fondamentalement négatif.
Les parcours des transclasses et ce qu’ils nous apprennent
Dans un épisode intitulé Peut-on vraiment quitter sa classe sociale de l’émission Les Idées larges sur Arte, elle revient point par point sur la complexité de cette question. Peut-on vraiment quitter sa classe sociale ? Pour en parler, il faut d’abord revenir sur des constats statistiques, ceux qui rappellent que si les enfants d’ouvriers sont 24% au collège, ils ne sont que 12% à l’université et 3% dans les écoles normales supérieures.
C’est aux parcours de ces exceptions statistiques que s’intéresse Chantal Jacquet. Qu’est-ce qui permet le passage d’une classe sociale à une autre ? Ce parcours qu’on qualifie d’ascension peut-il aussi être une forme d’aliénation ? Que fait-on de cette nouvelle puissance économique, quand on a quitté une classe sociale pour en rejoindre une autre ? Et qu’est-ce que cela raconte de notre société ?
Nous sommes le fruits de nos déterminismes… mais pas seulement
À travers ces questions passionnantes, Laura Raim et Chantal Jaquet explorent les illusions de la méritocratie et de la volonté, analysent la rencontre amoureuse comme force qui peut briser les barrières entre les classes, mais aussi le rejet qu’on peut expérimenter dans sa classe sociale de naissance, qui amène à la quitter pour survivre. Elles rappellent aussi que la classe n’est pas seulement un état financier, mais un ensemble de codes culturels, sociaux, ou vestimentaires qui continuent à faire partie de soi.
En s’appuyant sur des exemples fictionnels ou réels, elles mettent en lumière que la volonté est « Moins une cause qu’une conséquence de toutes sortes de facteurs », mais qu’il est possible de réconcilier déterminisme et liberté d’agir pour l’individu.
Un programme qui offre des clefs de compréhension du monde indispensables en cette période de présidentielles, et que vous pouvez dès aujourd’hui retrouver sur ARTE.tv, ou sur Youtube à partir du 16 février !
Retrouvez Les idées larges sur ARTE.tv !
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Crédit photo : Laura Raim et Chantal Jaquet dans Les idées larges / Capture d’écran ARTE.tv
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