Créé il y a 20 ans, le congé paternité a vu sa durée doubler le 1er juillet 2021, passant de 14 à 28 jours. L’objectif ? Partager la charge mentale et améliorer l’égalité femme-homme. Mais le chemin est encore long…
Après la naissance d’un enfant, beaucoup de parents doivent effectuer quelques ajustements dans leur vie professionnelle. Et sans surprise, ces modifications sont fortement différenciées selon le genre. Qui trinque le plus ? Les mères pardi ! C’est en tout cas ce que montre une nouvelle étude de l’INSEE, publiée le 30 juin 2022.
L’INSEE relève la logique d’un fonctionnement patriarcal qui ne semble pas près de s’épuiser… Une fois mère, les femmes réduisent leur temps de travail, changent moins d’emplois et déclarent n’avoir pas le temps d’effectuer leurs tâches professionnelles correctement. À l’inverse, à la suite d’une naissance, les pères travaillent plus, plus tard et même le dimanche. Une nouvelle fois, les discriminations de genre sont au rendez-vous : les inégalités salariales se renforcent, et les évolutions de carrière pour les femmes demeurent difficiles.
51% des salariés à temps partiel sont des mères
D’après l’étude, en France, les femmes occupent 88% des postes à temps partiel. Parmi elles, 51% ont choisi ce fonctionnement afin de s’occuper de leurs enfants, contre 14% des hommes. C’est un fait : après une naissance, que ce soit un premier bébé ou non, les femmes recourent davantage au temps partiel que les hommes. Les ajustements du temps de travail à la suite d’une naissance sont donc essentiellement portés par la mère.
Ces modifications ont un réel impact sur le salaire des femmes : après une naissance, il diminue de 200 euros en moyenne alors qu’il ne varie nullement pour les pères. Attention, cela s’explique bien par la baisse du temps de travail et non du salaire horaire. Mais à long terme, les écarts de revenus avec les hommes sont monstrueux. De nombreuses études en économie parlent alors de « pénalité à la maternité ».
Et cela se poursuit sur le sujet de l’évolution professionnelle : un arbitrage au sein du couple est effectué à la faveur des pères qui poursuivent leur ascension, souvent au détriment de la femme. Après une naissance, la plupart des mères télétravaillent plus, et leurs chances de promotions au sein d’une entreprise s’amenuisent. Aussi, elles perdent en mobilité professionnelle, ce qui a des effets durables sur leur carrière, car ces changements sont souvent liés à une hausse de salaire et à une amélioration des conditions de travail.
Pour les pères : heures supplémentaires et tension au travail
Alors qu’après un accouchement, les femmes déclarent ne pas avoir assez de temps pour effectuer correctement leur travail, les hommes quant à eux augmentent leur temps horaire. Par exemple, au sein d’un couple, à caractéristiques équivalentes, les pères feraient 1,3 heure supplémentaire de plus en moyenne que les mères.
Aussi, avant l’arrivée d’un enfant, le travail le dimanche ou à des horaires décalés est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Mais tout cela s’inverse après la naissance. Bien entendu, ces décisions peuvent découler d’arbitrages économiques au sein du couple. Ou non.
Enfin, selon l’INSEE, il serait également question de « tension au travail ». Elle se mesure sur l’indicateur synthétique de Karasek et se définit comme « une demande psychologique importante » auquel doit faire face le salarié « tout en bénéficiant d’une faible latitude décisionnelle ». Avant de devenir parents, 32% des femmes se disent en situation de « tension au travail » contre 28% des hommes. Après une naissance, ce chiffre ne varie pas significativement chez les femmes mais augmente de quatre points en moyenne chez les hommes.
3 pères sur 10 ne prennent pas de congé paternité
Toutefois, il existe un point sur lequel femmes et hommes se retrouvent : si avant une naissance, 56% des femmes et 66% des hommes assurent, le jour de l’enquête, « s’être réveillé(e)s en se sentant fraî(che)s et dispos(es) », tous déchantent après l’arrivée du bébé : les réponses positives pour les deux genres diminuent de 5,5 points.
Cependant, une majorité de femmes affirme ne pas regretter ce choix, et assurent « avoir une vie quotidienne remplie de choses intéressantes » depuis qu’elles sont devenues mères, ce qui est moins le cas pour les pères.
Toujours est-il que cette étude de l’INSEE met en lumière une nouvelle fois notre système patriarcal et ses inégalités persistantes, presque institutionnalisées, dans le monde du travail. En 2022, les femmes cohabitent encore avec la charge mentale du foyer et les hommes craignent que leur carrière pâtisse d’un congé paternité.
D’ailleurs, selon les données du bulletin de Recherches Emploi Formation du Céreq publiées cette année, 3 pères sur 10 ne prennent pas leur congé paternité. La durée de ce dernier est en outre trois fois plus faible chez les pères ayant moins d’une année d’ancienneté que ceux en poste depuis 2 ans et plus. Une situation cependant pire dans le camp des femmes, souvent victimes de discriminations professionnelles lorsqu’elles sont en âge de procréer. Comme dit Michelle Obama :
« Toute mère travaille dur. Et toutes femmes méritent d’être respectées. »
À lire aussi : Seulement 37% de femmes élues députées : pourquoi la parité recule-t-elle à l’Assemblée nationale ?
Image en Une : © Ketut Subiyanto
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Ils veulent un (des) enfant, qui joue parle rigole écoute et fait comme eux.
Ils ne veulent pas changer des couches, se forcer à faire de grands sourires pour que bébé en fasse un aussi, changer des couches, faire des biberons, essayer de mettre bébé a la sieste, entendre bébé hurler, changer des couches,ne pas parler avec un adulte de la journée.
Alors bien sûr il doit y en avoir qui adorent ce stade. Mais je pense que c'est peu.