Il y a maintenant un peu plus d’un an, j’ai rencontré Joseph. Joseph était beau, grand et fort ; il ne nous a pas fallu plus d’une nuit pour que notre simple rencontre se transforme en histoire d’amouuur ! Après quelques mois de relations, Joseph a évoqué le fait qu’il était très mauvais en anglais et qu’il souhaitait partir dans un pays anglophone.
Je lui ai répondu : « Tiens, c’est dingue ! J’aimerais bien partir moi aussi ! Mais ma petite maman ne me laissera jamais partir seule à l’autre bout du monde… »
Et voilà comment, en quelques mois, nous avons décidé de partir à l’aventure en Nouvelle-Zélande.
Les moments de doute
Il y a eu l’avant-départ, les préparatifs, les moments où tu râles parce que tu as l’impression que l’autre ne fait rien et n’en a rien à foutre… Alors du coup, en plus de la petite vie de couple quotidienne il y a des tensions qui s’ajoutent, et là tu te poses des questions. Tu te demandes si ton couple va tenir le coup, tu te dis que peut-être en partant tu gâcheras tout alors qu’en restant vous auriez vécu une histoire comme dans les contes de fée…
Oui, mais ton billet est pris et tu ne vas pas reculer devant cette grande aventure (et la perte du prix du billet, soit 1000€) juste pour un petit moment de doute ! Alors hop, tu remets tes idées en place, tu regardes ton Joseph dans les yeux, et là tu vois tellement de petites étoiles que tu te trouves idiote de songer à ce genre de choses.
Notre vie à 18 000 kilomètres d’ici
Nous sommes restés quatre mois en Nouvelle-Zélande ; deux mois dans l’île du Nord et deux mois dans l’île du Sud. Nous aurions pu y rester plus longtemps si nous avions travaillé là-bas mais ce n’était pas notre objectif : Joseph et moi, nous voulions vraiment découvrir le pays.
À commencer par les moutons, bien représentatifs de la Nouvelle Zélande.
Il faut également avouer que les boulots là-bas, c’est très manuel : il s’agit principalement de récolter des fruits et de travaux publics. Je suis plus du genre à travailler avec ma tête. Nous avons fait une semaine de « pear picking » (récolte de poires), et je me surprenais à avoir une réflexion profonde de cinq bonnes minutes tout en tenant une poire dans la main : pas très productive la nana ! Du coup nous avons préféré le WWOOFing au travail.
Le WWOOFing, c’est plein de lettres qui veulent dire « World-Wide Opportunities on Organic Farms », mais pour nous ça a surtout été synonyme de rencontres. Le principe est simple : il s’agit de travailler dans des fermes bio en échange du gîte et du couvert. En général nous ne travaillions que le matin et le reste de la journée était à nous : un bon compromis pour pouvoir découvrir le pays tout en ne dépensant pas trop.
Nous avons eu des tâches très diverses : nous avons fait du landscaping, désherbé, poté et repoté des bébé-orchidées, taillé des plantes, nourri les animaux…
Ça nous a vraiment permis de découvrir un autre mode de vie, plus proche de la nature. Mais surtout nous avons rencontré énormément de gens différents et avec des parcours de vie super intéressants, du couple qui a voyagé autour du monde pendant plus de quatre ans à la femme d’origine allemande qui a décidé de partir vivre en Nouvelle-Zélande ! Hors WWOOFing, nous avons rencontré beaucoup de voyageurs comme nous : des Belges, des Allemands et des Français.
La plus drôle de nos rencontres fut dans une bibliothèque (l’un des seuls endroits où il y a du Wi-Fi !) où nous avons fait la connaissance d’un Lillois, comme nous ! C’est dingue de se dire que c’est à l’autre bout du monde que nous avons rencontré quelqu’un qui habitait juste à côté de chez nous.
L’aventure c’est cool, mais à deux c’est plus difficile
Le lac émeraude sur le Mont Tongariro (sacrée rando !)
Une fois que t’es là-bas, tu es heureuse et tu en prends plein la vue : il fait beau, il fait chaud, tout va bien ! Sauf que parfois, ça va un peu moins bien, à cause d’un problème administratif, d’une mauvaise nouvelle ou encore du manque d’argent. Et c’est là que c’est dur ! Quand tu es chez toi, tranquillou pépère et qu’il y a quelque chose qui ne va pas, tu peux en parler à plein de monde : ta mère, tes copines, ton chat, ton meilleur pote…
Mais étant loin de tout et de tous, la seule personne à qui je pouvais parler (ou me plaindre la plupart du temps) c’était Joseph ! Le pauvre. Je trouvais mes cuisses trop grosses, je le lui disais. Ma maman me manquait, je le lui disais. Et quand j’étais énervée, la seule personne sur laquelle je pouvais me défouler… c’était Joseph ! Du coup, il a subi toutes mes humeurs, mes coups de blues comme mes moments de folie.
Mais j’ai de la chance, j’ai un super copain : il ne m’a abandonnée qu’
une fois sur le bord de la route !
L’intimité : poils, odeurs et autres joyeusetés
Dans cette contrée lointaine, nous avions décidé d’utiliser un moyen de transport fort pratique : un van. Quand je dis van, j’entends le monospace aménagé dans lequel tu as la place pour un lit et une casserole. Donc pas de toilettes, pas de douche, rien !
Vanina, qui nous a accompagnés pendant ces quatre mois de voyage.
Pendant plusieurs mois, nous avons été adeptes du pipi naturel (et aussi son acolyte par moments), et des bains dans les lacs et les rivières. So romantic? Eh bah non ! Parce que quand il pleut, qu’il fait froid et que tu es juste incapable d’aller te baigner même pour te laver, bah… tu pues. Mais ce n’est pas ça le plus dérangeant ; ton odeur tu t’y fais, au bout d’un moment tu l’apprécies presque (moi je trouvais que je sentais la cancoillotte, et la cancoillotte c’est bon). L’odeur de l’autre, par contre, c’est une autre paire de manches.
Joseph, il puait vraiment ! Bizarrement, lui trouvait que c’était moi qui puait… Ceci entraînant cela, l’agressivité olfactive est telle que le potentiel sexuel de l’un ou de l’autre est tout simplement nul, zéro ! Bon, c’est un mal pour un bien, parce que du coup après on se retrouve physiquement, et ça c’est plutôt cool.
L’un des gros points positifs de cette réduction de l’intimité à néant est que j’ai découvert chez Joseph un talent inattendu. Il est trop doué pour l’épilation à la cire ! Sur le sol français, je ne jurais que par l’épilateur, mais je n’ai pas jugé bon de l’emmener avec moi. Je suis donc passée en mode rasoir. Mais dès la première fois, je me suis juré de ne plus jamais en utiliser : la repousse était ultra-rapide, les poils super foncés et très visibles…
Je me suis donc jetée sur les bandes de cire froide (très pratique quand on vit dans un van) en croyant qu’après plusieurs années d’épilateur j’aurais le courage de tirer dessus. Que nenni. Heureusement que Joseph était là pour me secourir, sinon j’aurais passé plusieurs mois avec des bandes de cire sur les mollets !
L’happy ending
Nous revoilà en France depuis quelques semaines. Nous avons survécu à toutes ces épreuves, et nous avons survécu ensemble ! On n’en est pas peu fiers. Ça a été dur, il a fallu qu’on prenne sur nous tous les deux. Mais au final, Joseph et moi ne retenons que du positif de cette grande aventure. Nous savons que nous sommes revenus plus fort et plus confiants dans notre relation. Et surtout, nous sommes encore ensemble après avoir vu tous les défauts de l’autre. Vive nous !
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