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Le matérialisme nous rend-il malheureux ?

Le matérialisme, la société de consommation, l’amour des choses plutôt que des idées, voire des gens : est-ce une variation du bonheur parmi d’autres, ou ces éléments de la vie moderne nous rendent-ils plutôt malheureux ?

Le dernier iPhone, la dernière tablette, le dernier film, le nouveau restaurant, le dernier fond de teint… La plupart d’entre nous se retrouvent parfois face à une envie un peu bizarre : une envie de consommation. Et si cette envie de consommer, de « posséder » des choses, pouvait nous rendre malheureu-x-ses ?

Tim Kasser, professeur de psychologie et auteur de l’ouvrage The High Price of Materialism (Le prix élevé du matérialisme), a travaillé sur la question : pour lui, notre culture contemporaine valorise la consommation et le matérialisme, et ces deux « valeurs » affecteraient largement notre bien-être quotidien, notre santé physique et notre sentiment de bonheur. Autrement dit, la poursuite d’objectifs « matérialistes » (la recherche d’un statut social, d’un certain niveau de vie), plutôt que d’objectifs « prosociaux » (la valorisation des liens familiaux, de la communauté), impacterait négativement le bien-être des individus… et de la société.

Tim Kasser ne dit pas que nous serions bien plus heureux sans chaussures, sans eau et en pleine famine ! Il explique simplement qu’une fois que l’on a suffisamment de nourriture, de vêtements, que l’on a un « abri », suffisamment de choses pour subvenir à nos besoins, toutes les choses que l’on ajoute ensuite n’augmenteraient pas forcément notre bien-être.

Le matérialisme comme valeur

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Ériger le matérialisme comme l’objectif principal de nos vies, cela mènerait à plus de mal-être. Lorsque le matérialisme est devenu ce à quoi on pense, ce que l’on souhaite accomplir, c’est là que le bât blesse. Plus nous donnerions la priorité aux valeurs matérialistes, moins nous serions heureux, moins nous serions satisfaits, moins nous nous sentirions bien, plus nous serions déprimés, anxieux, en colère…

Si parfois, lorsque je me sens triste, frustrée ou énervée, j’achète un nouveau pull pour me consoler, il est probable que sur le moment, ce nouveau pull me console… mais après ? Après, ce nouveau pull aura été consommé, et la raison de ma tristesse, de ma frustration ou de mon énervement, sera toujours présente.

Pour Tim Kasser, celles et ceux d’entre nous qui accordent beaucoup d’importance aux valeurs matérialistes auraient des attentes irréalistes sur ce que peut nous apporter ce que l’on consomme.

En fin de compte, lorsque l’on valorise des valeurs « extérieures » par rapport à des valeurs « intérieures », nous cherchons du bien-être, du bonheur, de la satisfaction au mauvais endroit, et nous n’obtenons pas les réponses que nous cherchons…

Des impacts sur la société

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Prioriser les biens matériels, ça fout des taquets à notre bonheur, mais pas seulement : lorsque nous accordons une plus grande importance aux valeurs matérialistes qu’à d’autres valeurs, nous aurions également moins de comportements « prosociaux » (c’est-à-dire que nous aurions moins tendance à nous soucier de notre prochain), et moins de comportements écologiques (ce qui foutrait un peu le bordel dans le bien-être de nos planète).

Pour l’heure, la relation entre le matérialisme et le bien-être (ou plutôt l’absence de bien-être) n’est pas exactement définie par la recherche : on sait que le matérialisme et la diminution ou l’absence de bien-être sont liés, mais on ne connaît pas le « sens » de ce lien. Est-ce le matérialisme qui diminue le bien-être, ou est-ce le mal-être qui augmente le matérialisme ?

Quelle marge de manœuvre a-t-on vraiment ? Peut-on ne pas céder aux sirènes de l’hyperconsommation ? Que cherche-t-on vraiment lorsque l’on court après l’argent, après les possessions matérielles, après une certaine image ?

Pour Kasser, l’hyperconsommation serait une réponse à l’insécurité ambiante : nos sociétés (et leurs spots publicitaires) seraient pourvoyeuses d’un sentiment d’insécurité (où va-t-on ? Quelle est notre place ? Comment les choses vont-elles évoluer ?) et la consommation pourrait nous apporter une réponse.

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D’autres recherches suggèrent que le matérialisme serait également lié au niveau de vie et à un « contexte » : des chercheurs-es ont par exemple constaté que lorsque des adolescents viennent d’un milieu dit « défavorisé » et qu’ils ont des problèmes relationnels avec leurs familles, ils auraient tendance à valoriser des valeurs matérialistes. Ici encore, le matérialisme pourrait être lié à un sentiment d’insécurité…

Pour lutter contre l’importance accordée au matérialisme et valoriser d’autres valeurs, Kasser propose des « petits » changements (dans la mesure du possible, diminuer parfois son temps de travail pour s’offrir des temps off, offrir des attentions à notre entourage…) et des plus grands. Le chercheur suggère par exemple d’interdire toute publicité ciblant les enfants, comme c’est le cas en Suède, ce qui permettrait de ne se confronter aux publicités que lorsqu’on serait en âge de comprendre leurs velléités…

Pour aller plus loin :


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de duendecita
15 novembre 2014 à 15h11
duendecita
Pour continuer la réflexion sur l'économie actuelle, et la différence entre emploi et travail, je vous conseille fortement les réflexions de Bernard Stiegler: voici 7 minutes extraites d'un entretien plus long, avec ensuite sur la page un texte plus développé sur la pensée de Stiegler et l'entretien entier (55mn) téléchargeable.

Le langage est parfois complexe mais les idées valent la peine de s'accrocher un peu, quitte à ne pas comprendre tous les concepts abordés!
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