« Pourquoi ne peut-on plus dire “femme” ? »
Cette question, ce n’est pas l’autrice mondialement reconnue de la Servante Écarlate qui l’a posée. Mais en la relayant sur Twitter à travers une tribune, Margaret Atwood a très clairement participé à lui donner une légitimité.
La tribune en question est signée de Rosie DiManno, journaliste canadienne qui couvre ordinairement les sports et les affaires judiciaires. Parce que certaines institutions médicales font évoluer leur communication et leurs directives pour inclure les personnes trans et non-binaires, notamment pour aborder la question des droits sexuels et reproductifs, elle estime qu’il s’agit là d’une conséquence d’un emballement de ce qu’elle nomme le transactivisme.
« “Femme“ risque de devenir un gros mot », s’alarme l’éditorialiste. Ça vous rappelle quelqu’un ? Oui, nous aussi, on a l’impression de redécouvrir les tweets outranciers de J.K. Rowling en 2020.
Une tribune aux relents transphobes
Comme le souligne la journaliste de The Mary Sue Vivian Kane, Rosie DiManno reprend là la rhétorique des militantes TERF (pour Trans-Exclusionary Radical Feminist, qui désigne les personnes défendant une conception du féminisme excluant les personnes trans), dont le combat vise davantage à propager des idées transphobes qu’à lutter pour les droits des femmes :
« “Pourquoi ne peut-on plus dire femme”, dit le titre. On peut. Bien sûr qu’on peut. Personne n’empêche quiconque d’appeler les femmes des femmes. On demande juste de ne pas utiliser ce mot pour décrire des personnes qui ne sont pas des femmes. Pourquoi cela vous effraie tant ? »
Un effacement du mot « femme », vraiment ?
Parmi les personnes qui ont répondu à Margaret Atwood, la journaliste trans Katelyn Burns, spécialiste des questions LGBTQI+ et des questions de droits reproductifs, a démontré avec précision que l’inquiétude autour d’un prétendu effacement du mot « femme » par les activistes trans et non-binaires n’est fondée sur… rien.
Rien à part des fake news savamment relayé par les milieux TERF ou gender critical avec l’appui des médias conservateurs.
Un hôpital britannique a-t-il vraiment interdit les mots « femme » ou « allaitement maternel » ? Non. Aucun mot n’a été interdit ou remplacé : le service de maternité de l’hôpital en question a simplement émis des directives afin de mieux accueillir les personnes trans.
Encore une fois, on assiste à une tentative de faire croire à une menace sur les femmes. Une menace qui émanerait des personnes trans, et plus spécifiquement des femmes trans accusées d’être des agents infiltrés du patriarcat dans les cercles féministes.
Et cette fois, cette idée d’un danger insidieux est relayée sans critiques et sans reculs par une figure féministe très écoutée.
Dire que l’on défend les femmes en tapant sur les personnes trans : une rhétorique transphobe
Car rappelons ceci : inclure les hommes trans et les personnes non-binaires dans les communications autour des questions qui les concernent, comme les menstruations ou la grossesse, ne se fait pas au détriment des femmes cisgenres. Cela ne leur retire rien, cela ne va pas à l’encontre de leurs droits fondamentaux.
Et prétendre que cela constitue une menace pour les femmes cisgenres est non seulement faux, c’est aussi finalement les ramener à leur fonction reproductrice comme si elle était constitutive de leur identité de femme… Une vision qui ne semble finalement pas si féministe et qui est au contraire très essentialisante.
En endossant cette tribune, l’autrice Margaret Atwood est-elle vraiment en train de défendre les femmes, comme elle semble le croire ? Ou participe-t-elle juste à entretenir l’acharnement médiatique contre les personnes trans et non-binaires ? Vous l’aurez compris, on a notre avis…
À lire aussi : Propager des discours transphobes en cajolant le public LGBTQI+, le jeu d’équilibriste de Netflix
Crédit photo : ActuaLitté, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons
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Les Commentaires
Les opinions ont de plus en plus tendance à se polariser, les gens à se regrouper en bloc entièrement d'accord les uns avec les autres... Alors qu'effectivement, on peut admettre que plusieurs choses apparemment contradictoires soient vraies ou entendables en même temps.
Mon père disait toujours que les nuances de gris étaient très importante, qu'on ne trouvait aucune vérité dans le noir et blanc. Apparemment, l'époque n'est pas de son avis