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Un visuel de l'étude menée par Dove & Linkedin sur les discriminations capillaires, en faveur de l'adoption du CROWN Act aux États-Unis.jpg // Source : Dove x LinkedIn
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Les discriminations capillaires seront-elles bientôt sanctionnées en France ?

Le 28 mars, l’Assemblée nationale examinera un texte qui vise à sanctionner la discrimination capillaire, dont sont particulièrement victimes les femmes racisées aux cheveux texturés jugés « non professionnels » mais pas que.

En 2005, un steward d’Air France avait été mis à pied à cause de sa coiffure : des tresses nouées en chignon. Son employeur estimant que cette coiffure n’était pas autorisée par le manuel des règles de port de l’uniforme, il a dû porter une perruque jusqu’en 2007, avant de saisir les prud’hommes en 2012. Dix ans plus tard, il a fini par obtenir gain de cause face à la compagnie aérienne, accusée de « discrimination directement fondée sur l’apparence physique en lien avec le sexe » puisque cette coiffure était autorisée pour les femmes, rapporte Actu.fr. Cette injustice capillaire a inspiré Olivier Serva, député guadeloupéen qui propose depuis avril 2023 une proposition de loi concernant les discriminations capillaires.

Ce texte sera examiné par l’Assemblée nationale le 28 mars.

Ce projet de loi du député Olivier Serva veut interdire les discriminations capillaires en France

Cette loi ajouterait donc aux discriminations fondées sur l’apparence physique le critère capillaire dans le Code pénal, le Code du travail et le Code de la fonction publique. Et ce, que ce soit la coupe, la couleur, la longueur ou la texture des cheveux, rapporte France info. Cela aiderait donc les personnes aux cheveux texturés à ne plus subir de discrimination en raison des cheveux qui poussent naturellement sur leur tête. Mais aussi à dissuader du recours aux produits défrisants, réputés pour leur nocivité. En effet, une étude des National Institutes of Health (NIH) états-unien, relayée notamment par Le Monde, révélait récemment que le risque de contracter un cancer de l’utérus est 2,5 fois plus élevé chez les femmes qui utilisent des défrisants que chez celles qui n’en utilisent pas. C’est donc un enjeu pour l’emploi, pour la santé, mais aussi d’estime de soi et de dignité.

D’ailleurs, ce n’est que depuis 2023 qu’il existe un Certificat de Qualification Professionnelle de la coiffure dédié aux cheveux texturés en France. Autrement dit, jusque-là, les professionnel·le·s de la coiffure étaient rarement formé·e·s à ce type de cheveux, encore moins de façon reconnue. Si bien que rarissimes sont les salons de coiffure capables de s’occuper des cheveux texturés, alors que 20 % de la population française est concernée, estime le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN). Sur les près de 100 000 salons français, à peine une centaine sait s’occuper de toutes les natures de cheveux, estime auprès de France Info Daba Diokhané, fondatrice de la plateforme Dioka. Celle-ci répertorie et géolocalise les salons capables de s’occuper des cheveux crépus, frisés et bouclés, en plus d’y former les professionnel·le·s.

Aux États-Unis, une loi semblable, CROWN Act, également à l’étude contre les discriminations capillaires

Outre-Atlantique, une proposition de loi similaire est justement en discussion depuis quelques mois : le CROWN Act (pour « Creating a Respectful and Open World for Natural Hair », soit « créer un monde respectueux et ouvert pour les cheveux naturels »). Il doit protéger contre les discriminations capillaires en interdisant le refus d’opportunités d’emploi et d’éducation en fonction de la texture naturelle des cheveux et des coiffures protectrices. Cette loi, déjà à l’œuvre dans une vingtaine d’États d’après l’Economic Policy Institute, se base notamment sur une étude rendue publique début 2023, menée par Dove & Linkedin qui ont chiffré que deux tiers des femmes afro-descendantes doivent changer leur coupe de cheveux pour postuler à un emploi.

Une forme de racisme rampante et même enseignée pour mieux la faire intérioriser

Si des statistiques ethniques semblables sont impossibles à établir en France, nombreux sont les témoignages de femmes aux cheveux texturés qui se sentent obligées de les lisser, les défriser, ou les cacher sous des perruques et des tissages pour éviter que cela ne nuise à leur vie professionnelle. C’est ce que racontait récemment à Madmoizelle la coach de carrière Marie Dasylva.

Ce genre de discriminations capillaires s’avère tellement courant en France que même certains établissements scolaires d’outre-mer interdisent des coiffures afro, afin qu’on intériorise dès le plus jeune que ce qui pousse naturellement sur notre tête n’est pas professionnel. C’est le cas par exemple du lycée privé Bel-Air en Guadeloupe, dont la direction estime que c’est justement pour « adpater » les élèves au monde professionnel.

Ou encore l’établissement privé sous contrat AMEP, en Martinique, où des élèves se mobilisent depuis des années pour changer les choses et enfin en finir avec ce genre de discrimination capillaire. Des lois Tignon du XVIIIe siècle à aujourd’hui, trop peu de choses ont changé en matière de racisme en France.

Si vous avez été victime de discriminations dans le cadre professionnel en raison de vos cheveux texturés, vous pouvez contacter la responsable des témoignages de Madmoizelle, Charlotte Arce.


Les Commentaires

7
Avatar de guerredesmiroirs
18 mars 2024 à 19h03
guerredesmiroirs
Ah, moi j’ai toujours eu les cheveux bouclés. Au collège, qu’est ce qu’on m’a dit de les lisser (la période emo/tecktonic/Tokyo hôtel), je l’ai jamais fait (ok, une fois pour voir), mes boucles étaient ma fierté. Maintenant, j’en ai toujours, mais inégales, je tuerais pour une perm, mais impossible car décolorés. Bon, perruques donc.
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