Après le scandale de Mulan, dont le tournage s’est déroulé dans une région de Chine où se trouvent des camps d’internement de Ouïghours, entre autres ignominies éthiques, c’est au tour de Raya et le Dernier Dragon de s’attirer les foudres du public.
Raya et le Dernier Dragon, au cœur d’une polémique
Il devait sortir en 2020 mais a été reporté à cause du Covid et ne paraîtra en France qu’en avril 2021. Raya et le Dernier Dragon est toutefois déjà sorti dans certains pays, dont les États-Unis et la Malaisie.
Scénarisé par Adele Lim et Qui Nguyen, une autrice et un auteur vietnamiens, le film a beau se dérouler dans un univers imaginaire où la jeune Raya doit retrouver le dernier des dragons pour restaurer l’harmonie sur la terre de Kumandra, ce sont de vraies personnes que le film a offensées.
En effet, le long-métrage d’animation est apparemment un condensé de différentes cultures d’Asie du Sud-Est,
ce qui peut conférer l’impression que ces cultures sont pour Disney substituables.
Interviewée par FranceInfo, Erna Mahyuni, une éditorialiste du Malay Mail, a précisé :
« On ne sait pas quelles sont les références de ce film. Est-ce que Raya est cambodgienne ? Thaï ? Laotienne ? Malaisienne ? Et je crois que ce qui a agacé pas mal de personnes en Asie du Sud-Est, c’est la façon dont Raya était présentée, elle est un méli-mélo de différentes cultures, et cela donne l’impression que pour Disney toutes les personnes d’Asie du Sud-Est sont interchangeables. »
À cela, certains opposeraient volontiers qu’il pourrait davantage s’agir d’un hommage à plusieurs cultures plutôt que d’un affront à elles. Oui mais voilà, dans un monde où les personnes d’origine asiatique font l’objet d’un racisme ordinaire cuisant et quotidien, il est primordial de différencier les différentes cultures asiatiques.
Par ailleurs, le problème ne s’arrête pas à la non spécification des origines de Raya et des influences du film.
En effet, quasiment tous les acteurs qui doublent le film sont d’origine chinoise ou coréenne, non de pays d’Asie du Sud-Est.
Erna Mahyuni a alors expliqué :
« Ce qui est drôle c’est que la diaspora asiatique en Amérique apprécie ce film, et ils ont une bonne raison pour cela : presque toutes les doublures sont des acteurs d’origine asiatique. »
Et de continuer :
« Mais à part pour le rôle principal, il s’agit de personnes qui viennent de Chine, de Corée… Je ne pense pas qu’on demanderait à quelqu’un d’Asie du Sud-Est d’être dans un film qui évoque la Chine, donc pourquoi l’inverse se fait-il ? »
Le débat, déjà relayé en France par plusieurs médias, a aujourd’hui dépassé les frontières de la Malaisie, où beaucoup ont d’ailleurs précisé qu’ils n’iraient jamais voir le film.
Si l’on ne doute pas des bonnes intentions de Disney, il serait toutefois bienvenu, pour le géant aux oreilles de souris, de faire attention aux populations qu’il représente dans ses films d’animation.
Et vous, cette polémique vous empêchera t-elle d’aller voir Raya et le Dernier dragon, le 14 avril prochain, au cinéma ?
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