Récemment, les médias et les réseaux sociaux se sont mobilisés pour sauver Joseph, 3 ans, atteint d’un cancer de la moelle osseuse. Le petit garçon a déjà subi deux ans de traitement et 793 chimiothérapies ; il connaît actuellement une rechute. Il a une chance sur un million de trouver un donneur. Et c’est d’un don de moelle osseuse qu’il a besoin.
Le don de moelle osseuse se fait dans 80% des cas grâce à une simple prise de sang. On parle d’un prélèvement sanguin d’environ 4 heures, semblable à un don de plaquettes ou de sang.
Il faut que les gens se mobilisent ! Et particulièrement les hommes…
Beaucoup de malades en attente de moelle osseuse
De nombreux malades attendent encore. Katinka Rambert-Cadré, la mère du jeune Joseph, a beaucoup d’espoir, comme elle l’a exprimé au micro de FranceInfo, mais la famille attend encore un donneur compatible :
« On sait que le site Internet a crashé déjà quatre fois. La réponse est là, les donateurs se mobilisent. Que ce soit pour notre fils ou pour tous les autres enfants, il y en a à peu près 250 par an en France qui sont en attente d’une greffe, on sait que la mobilisation est là et que ça fait forcément porter ses fruits. On va forcément trouver des donneurs. »
L’Agence de la biomédecine a spécifiquement lancé un appel aux jeunes donneurs masculins. Pour quelles raisons ?
Des dons majoritairement féminins : un appel est lancé aux jeunes hommes
Ce sont les femmes qui sont majoritairement inscrites sur le registre de donneurs volontaires (à 64 %), mais ce sont les hommes qui sont le plus souvent appelés à donner. C’est pourquoi, bien que minoritaires sur le registre français des donneurs volontaires, les hommes sont les plus souvent sollicités pour un don.
L’Agence de biomédecine l’explique :
« Les médecins greffeurs ont constaté qu’une greffe réalisée à partir d’un prélèvement de cellules de moelle osseuse effectué chez un homme permet une gestion plus simple de la greffe pour le patient.
Cette différence s’explique sur le plan immunologique, par l’absence, chez les hommes, des anticorps développés naturellement par les femmes lors de chaque grossesse. Or, ces anticorps complexifient la bonne tolérance du greffon de moelle osseuse après la greffe pour le malade. »
Cette inégalité due à la physiologie doit être corrigée par des inscriptions massives de jeunes hommes pour des dons.
Lorsque l’on s’inscrit sur le registre, bien qu’un prélèvement sanguin ou un test salivaire ait été fait pour établir la carte d’identité génétique du donneur ; le don n’a pas eu lieu. Il a lieu lorsqu’une compatibilité est trouvée avec un malade.
La moelle osseuse n’est pas le seul domaine où les hommes donnent moins que les femmes. En ce qui concerne les dons de rein entre époux,c’est la même chose, selon une étude publiée en 2016 dans la revue Visceral Medicine :
« 36% des épouses mais seuls 6,5% des maris compatibles donnent leur rein. »
Les différences entre hommes et femmes sont donc très nettes.
Pourquoi les hommes donnent-ils moins ?
On peut avancer plusieurs hypothèses, qui se basent sur une division genrée des tâches. Le travail du care (notion popularisée dans les années 1980 aux États-Unis) se définit par les activités de soin et d’aide d’autrui. Les dons (de moelle osseuse, de sang, d’organes…) peuvent en faire partie. Et ces activités qui concernent le souci des autres sont historiquement réservées aux femmes :
« […] l’expression d’une vision du monde sensible, affectée et attentionnée, [est] souvent dévolue aux femmes. C’est précisément parce qu’elle découle d’une division sexuée de la prise en charge d’autrui, historiquement construite, que l’assignation des femmes à la préservation et l’entretien du bien-être des individus peut se perpétuer dans la longue durée. »
Les dons ne font donc pas exception et ce sont les femmes qui majoritairement s’y collent. Pour le don de rein, l’ancienne présidente de la Société internationale de néphrologie, la Canadienne Adeera Levin, tente également une explication de cette grande disparité des dons entre femmes et hommes :
« Même s’il est difficile de pointer une raison spécifique à la plus forte proportion d’épouses que de maris donneurs, des éléments laissent penser que les femmes sont motivées par des raisons telles que l’altruisme et le désir d’aider un membre de leur famille à survivre »
Il serait bien que les hommes se saisissent massivement de ces problématiques, d’autant que lorsqu’il s’agit de dons de moelle, ils sont à privilégier !
Inscrivez-vous au don de moelle osseuse et sauvez des vies
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Image en une : Unsplash/Nguyễn Hiệp
Les Commentaires
"Car les greffons prélevés sur des personnes jeunes sont plus riches en cellules souches hématopoïétiques : idéal pour une prise de greffe plus rapide pour les patients ! De plus, un donneur est contacté en médiane, 8 ans après son inscription. Donc plus on s’inscrit jeune sur le registre, plus on reste longtemps disponible pour aider un patient." ( Selon la FAQ du site du Don de Moelle : https://www.dondemoelleosseuse.fr/tout-savoir-sur-le-don-de-moelle)
Après effectivement, cibler les femmes nullipares ou nulligestes serait logique mais je pense que c'est le message est plus compliqué à transmettre spécifiquement à cette population. Alors que là c'est une population très large qui est visée...