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Société

En France, trop peu de femmes connaissent la PrEP, ce traitement préventif contre le VIH

Sur 10 personnes séropositives en France, 3 sont des femmes. Plusieurs associations déplorent leur manque d’informations, notamment en ce qui concerne les traitements ou la PrEP, médicament antirétroviral permettant d’éviter la transmission du VIH.

« Il y a un vrai besoin de trouver des solutions pour protéger la santé sexuelle des femmes. »

La doctoresse Radia Djebbar, coordinatrice scientifique au sein de l’association Sida Info Service (SIS) annonce tout de suite la couleur à l’occasion de la nouvelle édition des Petits Déjeuners de l’Écoute, le 20 juin 2022. Au menu du jour : la promotion de l’usage de la PrEP pour les femmes, un traitement préventif pour éviter la transmission du VIH.

Les femmes représentent 30% des nouvelles personnes contaminées par le VIH en France, d’après le rapport Epi-Phare de juin 2021 en collaboration avec le Système National des Données de Santé (SDNS).

Premier constat : elles sont peu renseignées sur les traitements disponibles pour se protéger contre le VIH : seulement 3% de femmes seraient sous PrEP.

La PrEP, qu’est-ce que c’est ?

Derrière ce nom barbare qui ne vous dit peut-être rien, la PrEP, acronyme de la Prophylaxie Pré-Exposition, est une stratégie de prévention du VIH. Il s’agit de la prise d’un médicament antirétroviral de manière continue ou discontinue afin d’éviter d’être contaminée par le VIH.

Ce traitement s’adresse généralement aux personnes qui ne sont pas infectées par le VIH mais qui, lors de leurs rapports sexuels, n’utilisent pas systématiquement de préservatif. Cela concerne généralement des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des personnes transgenres, des personnes travailleuses du sexes exposées à des relations sexuelles non protégées, des personnes ayant des partenaires sexuels multiples, des usagers de drogues intraveineuses ou encore des gens originaires de régions à forte prévalence du VIH (Afrique subsaharienne, Guyane…).

Attention cependant à ne pas confondre la PrEP avec le TPE (Traitement Post-Exposition) qui est quant à lui une trithérapie anti VIH, prescrite après une prise de risque. Le TPE est un traitement qui doit être suivi durant un mois et débuté au plus tard dans les 48 heures après le risque.

Pour revenir à la PrEP, elle se présente en un comprimé qui associe deux molécules actives contre le VIH : l’emtricitabine et le ténofovir disoproxil. Le médicament se nomme le Truvada mais ce sont souvent ses génériques qui sont délivrés par les pharmacies.

Il existe deux schémas de prise du médicament :

  • En continu : autrement dit, un comprimé à prendre tous les jours à la même heure. Toutefois, un décalage de 2 heures est possible en cas d’oubli.
  • À la demande : 2 comprimés à prendre, au maximum 24 heures et au minimum 2 heures, avant le rapport sexuel, puis un troisième comprimé le lendemain, et un quatrième le surlendemain.

Les femmes sont moins informées sur la PrEP

Bien que la PrEP soit disponible en France depuis six ans, sa prescription et son utilisation sont déployées inégalement parmi les publics qui pourraient en bénéficier, notamment chez les femmes.

Cette méconnaissance de la part des femmes sur ce traitement antirétroviral s’explique par plusieurs facteurs. Déjà, actuellement, l’usage de la PrEP par les femmes est beaucoup moins documenté que pour les hommes. Cette absence d’étude scientifique sur le sujet impacte sa généralisation auprès de patientes.

Aussi, elles n’ont pas accès à la prise en discontinu contrairement aux personnes de genre masculin. Le fait qu’elles doivent attendre sept jours avant d’être protégées et qu’elles perdent cette protection après deux jours d’oubli de prise du traitement, réduit fortement l’attrait que peut susciter la PrEP et donc, son utilisation au sein de la population féminine.

Pourtant, de nombreuses femmes présentant des facteurs de vulnérabilité et de précarité pourraient prétendre à ce traitement préventif contre le VIH, par exemple les travailleuses du sexe, certaines femmes migrantes ou encore des femmes transgenres. Pour Élise Godec, chargée de mission santé du Bus des femmes, il faut les sensibiliser au plus vite sur ce sujet :

« La plupart des femmes en situation de précarité ignorent l’existence de la PrEP ou ne pensent pas qu’elle leur est destinée, faute d’une sensibilisation publique sur le sujet. Aussi, elles sont dans de telles situations de précarité que leur santé sexuelle est loin d’être leur priorité. »

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© Klaus Nielsen – Pexels

Peut-on déclencher des effets secondaires en prenant la PrEP ?

Aussi, comme le constate l’association SIS, les femmes, une fois ayant pris connaissance du traitement, craignent leurs effets secondaires. Généralement, les deux molécules présentes dans la PrEP, l’emtricitabine et le ténofir disoproxil, sont bien tolérées par les patients mais comme tout médicament, ils peuvent déclencher quelques effets indésirables dans les premières semaines, comme des nausées, des diarrhées, des douleurs abdominales ou encore des maux de têtes. Des désagréments qui disparaissent néanmoins rapidement.

À noter aussi que l’alcool, le poppers tout comme les drogues récréatives ou encore les antidépresseurs, les contraceptifs et les autres traitements hormonaux n’ont aucun impact sur la PrEP. Cette dernière n’a pas d’action connue non plus sur la libido ou encore sur la performance sexuelle. Bien sûr, la PrEP n’est pas incompatible avec le préservatif, au contraire ! Elle protège seulement du VIH, et non des IST.

Lorsqu’on prend ce traitement, il ne faut pas utiliser de médicaments toxiques pour les reins, ainsi que prendre de manière prolongée des anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ibuprofène, Profénid, Voltarène…).

Vers qui se tourner pour y avoir accès ?

En France, la PrEP est autorisée et remboursée par la sécurité sociale depuis 2016. Initialement, la première prescription pouvait être faite uniquement par un médecin exerçant dans un service hospitalier prenant en charge les personnes séropositives, ou dans un CeGIDD (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic) hospitalier. Mais depuis le 15 avril 2021, les médecins généralistes ont l’autorisation de faire la première prescription ainsi que le renouvellement de la PrEP.

Vous pouvez également vous tourner vers des associations luttant contre le VIH/sida qui vous orienteront vers des professionnels de santé.

Que faudrait-il faire pour que les femmes soient mieux renseignées ?

Pour mieux sensibiliser les femmes, l’association Sida Info Service préconise une mise en réseau des structures impliquées dans la lutte contre le sida mais aussi dans la protection des femmes, telles que des associations féministes, de migrantes, des travailleuses du sexe ou encore représentants des personnes transgenres. SIS appelle aussi à la réalisation d’études rétrospectives et prospectives auprès de la population féminine pour enfin mettre en lumière l’usage de la PrEP chez les femmes. La doctoresse Radia Djebbar conclut :

« Cette carence autour de la PrEP pour les femmes doit être saisie au plus vite par les politiques de santé publique. »

Pour Nicolas Aragona, président de l’association Superséro, il faut agir rapidement : plus de 80% des personnes sollicitant son aide pour être accompagnée dans ces traitements de prévention contre le VIH, sont des femmes hétérosexuelles. Selon lui pour faire enfin bouger les lignes sur le sujet, il faut déconstruire urgemment les préjugés autour du Sida :

« Pour commencer, il faut arrêter de stigmatiser le VIH comme étant une maladie seulement portée par les personnes homosexuelles. Pour avancer, il faut lutter contre la discrimination et l’invisibilisation des personnes séropositives dans notre société. »

À lire aussi : Êtes-vous vraiment au point sur le VIH/sida ? Testez vos connaissances, ça ne fait jamais de mal !

Image en Une : © Klaus Nielsen – Pexels


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Les Commentaires

1
Avatar de Destiny Nova
22 juin 2022 à 14h06
Destiny Nova
Merci pour cet article, je n'en avais entendu parler contrairement à la trithérapie.
Pourtant j'ai été technicienne de labo pendant 10 ans. Mais non, jamais entendu parler.
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