- Prénom : Elsa
- Âge : 36 ans
- Occupation : adjointe de direction
- Lieu de vie : Toulouse
Comment décririez-vous votre rapport au féminisme ?
Progressif. Mon rapport au féminisme a évolué au fil de l’âge. J’ai réellement pris conscience des inégalités hommes / femmes sur le tard. J’ai baigné dans un environnement familial plutôt égalitaire et majoritairement féminin. Idem pendant mes études de tourisme, où nous étions une majorité de femmes. Côté couple, mon conjoint et moi, ensemble depuis de nombreuses années, avions toujours fonctionné de manière égalitaire sans même nous en rendre compte.
Dans quel contexte avez-vous grandi ?
J’ai grandi dans une famille qui, sans être résolument féministe, était égalitaire dans son fonctionnement. Mes parents étaient respectueux l’un de l’autre, ce qui, pour moi, est la base du féminisme. Eux-mêmes étaient issus de familles plutôt précurseuses, en matière d’égalité homme / femme, du moins pour leur époque.
À quand remonte votre déclic féministe ?
Ma prise de conscience a été immédiate à la naissance de ma première fille. Puis renforcée deux ans plus tard, à la naissance de ma seconde fille. Je veux qu’elles aient les mêmes chances qu’un homme dans leur vie et qu’elles ne craignent pas pour leur sécurité.
Outre cet « instinct maternel », c’est ma reprise du travail après mon congé maternité qui a précipité ce déclic : je me suis rapidement sentie mise au placard… Je n’étais plus la jeune cadre dynamique, mais la mère de famille à leurs yeux. Comme si les deux statuts ne pouvaient pas être compatibles.
Comment le féminisme infuse-t-il votre vie aujourd’hui ?
Je sensibilise énormément mes filles. A 6 ans et 8 ans, cela passe beaucoup par la lecture. Il existe de super ouvrages pour les enfants, ludiques ou plus sérieux. Le féminisme est imprégné dans le discours commun que nous tenons, avec mon partenaire, à nos enfants. Notamment pour déconstruire les stéréotypes : par exemple, pour nos filles, il n’y a pas de jouets de filles ou de jouets de garçons. Il n’y a que des jouets d’enfants. Mais aussi pour qu’elles sachent que potentiellement, elles peuvent accéder à n’importe quel métier plus tard…
Par exemple, mes filles, pourtant très sensibilisées à l’égalité homme / femme, sont tombées des nues lors de leur première visite dans un cabinet dentaire, en découvrant la jeune dentiste qui les auscultait. « Ah mais on peut être une femme ET être dentiste ?! Mais pourquoi on dit LE dentiste alors ? ». Ce genre de phrases nous semblent anodines mais sont lourdes de sens pour elles.
À mon niveau, le féminisme intervient dans la répartition de la charge mentale. Même si, je dois l’avouer, il reste encore du boulot à mon goût…
Comment vos proches ont-ils accueilli ce déclic ?
Parfois, avec certains copains, lorsque je prends position dans une discussion, je suis vite assimilée à la gaucho-féministe. Ça me fatigue. Par exemple, quand j’expose mon point de vue, en m’appuyant sur des statistiques liées aux inégalités pour étayer mes propos, je me heurte facilement à des « t’exagères ! » ou des « je n’y crois pas, c’est pas tout le temps comme ça ! »… La dernière conversation en date était liée aux différences salariales.
Mon entourage n’est pas nécessairement sensibilisé à ces problématiques. En revanche, je me rends compte que, mes amies ont elles-aussi évoluées dans leur manière de penser. Je suis ravie de voir des copines éduquer leur garçon. C’est comme ça, aussi, qu’on fait bouger les choses !
À court terme, je ne ressens pas le besoin de participer à des marches ou des manifestations. Mais, à moyen terme, c’est quelque chose que j’envisage… avec mes filles. Je trouve que c’est fédérateur. Ce sont d’importants moment de sororité. Mais, pour le moment, je pense qu’elles sont un peu trop petites pour cela.
Avez-vous l’impression d’être arrivée au bout de votre éveil féministe ?
Non, cela évolue au quotidien. J’en reviens encore aux enfants, mais chaque jour, à travers leurs yeux et leurs réflexions, je réalise à quel point le patriarcat est ancré dans notre culture.
- En lecture junior, mention spéciale pour « Histoires du soir pour filles rebelles »
- Les grandes oubliées, pourquoi l’histoire a effacé les femmes, de Titiou Lecoq
- Les culottés, de Pénélope Bagieu
- Le magazine Causette
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