Les jeux vidéo proposent plusieurs types de métiers : game designer (celui qui crée les règles du jeu), character designer (celui qui crée les personnage), level designer (celui qui crée les décors), développeur (celui qui programme le jeu), scénariste…
Moi, je suis étudiante en première année de game design, 3D art et animation. Le game design englobe tous types de jeux, du jeu de société au jeu vidéo, mais ma formation est beaucoup plus axée sur le jeu vidéo, puisqu’elle se concentre surtout sur la 3D.
Un rêve d’enfance
Depuis toute petite, j’adore les jeux vidéo. Comme je n’avais pas beaucoup d’amis parce que je déménageais souvent à cause du travail de mon père, ma GameBoy et l’ordinateur sont très vite devenus mes meilleurs amis.
Je rêve de faire ce travail depuis toute jeune : je voudrais être character designer. Il s’agit de dessiner les personnages, de leur donner une histoire, réaliser leur description physique, mentale et sociale, dessiner leur démarche…
Le jeu vidéo est un secteur où tout est séparé, car il faut plusieurs centaines de personnes pour faire un gros jeu. Prenons comme exemple Assassin’s Creed. Pour en sortir un chaque année, j’estime le nombre de personnes travaillant dessus à 200 ou 300.
Il faut des character designers, des développeurs pour le code, des animateurs, du texturing (pour faire les couleurs et les matières), des artistes 3D, du marketing…. Et j’en passe.
Ma formation
Cette année, je suis enfin dans une classe avec des gens qui partagent la même passion que moi. Après de longues, trop longues années de scolarité obligatoire avec pas mal de personnes qui n’avaient rien en commun avec moi, je vous jure que ça change.
Mes cours sont divers et variés. Notre projet final pour l’obtention du diplôme est de créer un jeu.. tout-e seul-e ! Eh oui ! Vous vous rappelez combien de personnes il faut pour faire un jeu ? Ben là, c’est pareil. Sauf que vous êtes tout-e seul-e (je ne m’en remets toujours pas).
Bon, bien entendu vous ne devez pas PRODUIRE un jeu COMPLET. Il faut « simplement
» réaliser une démo jouable d’au moins dix minutes, et une cinématique d’au minimum une minute trente. Une cinématique, c’est, selon notre ami Wikipédia, un :
extrait vidéo qui survient lors d’un moment particulier du jeu et qui sert généralement à faire avancer la narration, le scénario, ou bien à mettre l’accent sur un point précis de l’histoire.
En voici un exemple, tiré du jeu Donjon & Dragon :
Dit comme ça, vous trouvez ça simple ? Attendez de voir la masse de travail que cela représente… J’ai vraiment peu d’heures de cours : seulement le mercredi et le jeudi, de 10h30 à 13h. Mais je ne vous cache pas qu’il faut fournir un travail colossal à côté pour apprendre plus que le strict minimum enseigné dans nos cours, qui est très loin de suffire pour créer la démo et la cinématique.
Beaucoup d’élèves abandonnent en cours de route. Nous étions 14 en septembre au début de la formation, et maintenant, huit mois après, nous ne sommes plus que 5. Au moins il ne reste que des gens motivés, et on peut avancer plus vite !
Je fais donc de la programmation (majoritairement en Csharp, un langage de programmation spécifique à Unity, le moteur que l’on utilise pour coder), de l’animation, de la 3D, du texturing, du dessin… Beaucoup de choses très intéressantes qui permettent d’être polyvalent-e et de savoir faire un peu de tout. Cet aspect est très recherché de nos jours, surtout dans le secteur vidéo-ludique.
Notre école permet de cultiver cette polyvalence, puisqu’il y a d’autres formations qui nous sont bien utiles. Il y a des étudiants en audiovisuel, et des ingénieurs du son. Il y a énormément d’entraide, dans les deux sens. Si on a besoin d’une musique pour son jeu, de voix ou d’images, on peut aller leur demander et ils nous aideront. Quant à nous, on leur donne un coup de main pour Photoshop ou la 3D !
Tout le monde est sympa et se soutient. Tu as un problème en programmation ? Les deuxièmes et troisièmes années seront ravis de t’aider. Tu n’es pas venue à un cours parce que tu étais malade comme un chien, et qu’en plus tu avais tes règles ? Tu peux demander à quelqu’un de ta classe ou à ta prof de te « refaire » le cours, et de te passer ses notes sans problème. Tu n’as pas d’idées ? Quelqu’un en aura toujours une pour t’aider !
De plus, mon école aime faire la fête. Je pense qu’une bonne ambiance est primordiale pour de bonnes études, surtout dans le cadre du jeu vidéo.
Par contre, ma prof principale a beau être une femme, les filles sont rares dans ce milieu… Je suis la seule de ma classe ; nous ne sommes que deux filles sur les trois années de ma formation dans l’école.
S’accrocher
Comme je suis la seule fille, ils avaient tous l’air assez étonnés de me voir dans leur classe le premier jour. On m’a même demandé si je ne m’étais pas trompée… C’est un monde encore dominé par les hommes, et les stéréotypes de la geek grassouillette pleine de boutons et qui s’habille n’importe comment ont la vie dure.
C’est ainsi que j’ai reçu des commentaires sexistes vraiment désagréables et assez horribles de la part de quelques personnes, du genre « Tes dessins et projets sont vite validés parce que t’es une meuf bonne et que t’as des gros seins » – ça ne fait jamais plaisir.
C’est la journée des connards ou quoi ?
Heureusement, ces types-là sont partis !
En conclusion, si vous voulez faire ce métier ou ces études, j’espère que vous êtes passionné-e et insomniaque. Pour boucler les projets, il ne faut pas avoir peur des nuits blanches passées à travailler, encore et encore.
Et comme je n’ai pas beaucoup d’heures de cours, je n’ai pas beaucoup de vacances. Pour des game designers, il n’y a ni vacances, ni week-ends ou jours fériés !
Informations pratiques
Les logiciels que nous utilisons :
- Pour la 3D : Autodesk 3ds Max et Autodesk Maya
- Pour l’animation : Autodesk 3ds Max
- Pour les dessins et les logos : Adobe Illustrator
- Pour le montage : Adobe Première Pro
Les écoles :
Mon école est la SAE Institute. Originellement basée en Australie, elle possède des succursales partout dans le monde ! Vous pouvez donc partir faire vos études en Angleterre, en Amérique, en Australie ou encore en Chine.
Il y a de nombreuses autres écoles, comme par exemple :
Selon L’Etudiant,
« […] le secteur est en plein développement : son chiffre d’affaires a dépassé celui du cinéma. D’autant que le marché du téléphone portable ne cesse de croître et de stimuler la demande. Si les débouchés ne sont pas immenses, le SNJV (Syndicat national du jeu vidéo) recense malgré tout 5 000 emplois directs, dont 3 000 dans la production. »
Le site établit également un classement des écoles préférées des pros, et a réalisé une enquête sur les écoles de jeux vidéo : Le banc d’essai 2014 des écoles de jeux vidéo : 42 formations passées au crible.
Pour aller plus loin…
- J’ai testé pour vous… être testeuse de jeux vidéo
- Les femmes dans les jeux vidéo 1 et 2
- Les jeux vidéo et moi – Confessions d’une gameuse un peu nulle
- Jeux vidéo et sexisme : la vidéo qui illustre le problème
- Les jeux vidéo qui ont bercé mon adolescence 1 et 2
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On a hâte de vous lire !
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Les Commentaires
Merci Dana ! (Dans la valléeeeeee wooohoooooohhh de Danaaaaaa lalilalaaaaaa)
Je me donne à fond, ne t'inquiètes pas !!
Pour le travail, je me fiche de la France et de la Suisse, voire de l'Europe en général. Trop frileux.
Je voudrais aller au Canada et me lancer dans l'indie