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J’ai testé pour vous… être testeuse de jeux vidéo

Testeuse de jeux vidéo, ça fait un peu rêver comme job. Almond, loin d’être une gameuse assidue, a bossé sur plusieurs jeux pour identifier divers bugs et erreurs de traduction !

Article initialement publié le 15 novembre 2013

Les jeux vidéo font rêver et travailler dans ce milieu en fait fantasmer plus d’un•e. Malgré tout, si quelqu’un m’avait dit il y a quelques années que je travaillerais un jour dans l’industrie du jeu vidéo, je lui aurais ri au nez ! Moi qui n’ai jamais possédé une console, même pas une Game Boy…

Pourtant, cette industrie m’a permis de démarrer ma vraie carrière professionnelle.

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Un job d’été dans les jeux vidéo ?

Tout a commencé en 2009 : j’étais en Master II de traduction et documentation, mon diplôme presque en poche mais des perspectives d’avenir un peu sombres (la traduction est monde cruel, et faire son trou n’est pas évident).

C’est d’ailleurs pour cette raison que j’avais décidé de partir en Angleterre en tant qu’assistante de langues. Mais entre la fin de mon stage de fin d’études et mon départ pour Manchester, j’avais quelques mois pour finir mon mémoire et surtout chercher un job d’été pour mettre un peu d’argent de côté.

C’est par hasard au cours de mes recherches que je suis tombée sur un site qui proposait des annonces d’emplois multilingues. L’une d’elles a particulièrement attiré mon attention : devenez testeur de jeux vidéo en Espagne.

Madrid, le rêve ! J’avais déjà habité et étudié en Espagne pendant deux ans et j’y avais encore un tas d’amis.

De plus, l’annonce était alléchante : un contrat à durée déterminée de quelques mois pendant l’été, un salaire pas trop pourri, et il y a avait même un relocation package de 900€ (une allocation qui permet de rembourser les frais d’installation, de voyage…) !

Le profil recherché pour être testeuse de jeux vidéo me correspondait plus ou moins. Il fallait avoir un bon niveau d’anglais et une très bonne maîtrise de sa langue maternelle, vouloir travailler en équipe dans un environnement international et aimer les jeux vidéo (ah ben oui forcément, je n’avais retenu que le mot Espagne dans l’annonce).

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« Les jeux vidéo ? Oh oui, bien sûr, c’est ma passion… » : pour être testeur de jeux vidéo, on est sensé•e aimer ça

Ni une ni deux, j’envoie mon CV et une lettre de motivation en anglais. Après tout, des tas de gens enjolivent leur CV, mentent sur leurs expériences, donc mentir sur la fréquence à laquelle on joue aux jeux vidéo n’est pas si grave finalement (même lorsque celle-ci est proche du néant)…

J’emprunte la Nintendo DS de mon neveu et je m’entraîne comme une folle ! Quelques jours plus tard, je reçois un coup de téléphone : on me propose de passer un test. Il comporte des captures d’écran de divers jeux avec des problèmes assez flagrants qu’il faut reporter le plus clairement possible.

Il y des dialogues à traduire (en anglais et en français), et ensuite il faut faire le résumé en anglais d’un jeu vidéo ou d’un livre qu’on a aimé (j’ai pris le livre : je ne voyais pas comment faire un résumé des Sims).

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Pourtant on s’ennuie pas.

Je renvoie le test et je croise les doigts pour que ça marche. Deux jours plus tard, je reçois un nouvel appel : on me propose de fixer un rendez-vous téléphonique pour un entretien.

Il se déroule en français et en anglais et pendant près de 45 minutes, je suis assaillie de questions en tout genre. En raccrochant je n’arrive pas à savoir si je me suis bien débrouillée : mes interlocuteurs ont bien deviné que les jeux ne sont pas ma passion… Tant pis, j’ai fait de mon mieux !

Trois jours plus tard le téléphone sonne, on m’annonce que je suis prise. À moi Madrid !

Les petites mains du jeu vidéo

L’été est une période faste pour les studios de jeux vidéo. Tous les jeux qui sortent entre octobre et décembre sont testés durant cette période : les entreprises ont donc besoin de beaucoup de main-d’œuvre. Les jeux sont traduits dans de nombreuses langues, le recrutement des testeurs de jeux vidéo se fait dans toute l’Europe, voire dans le monde !

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Dans le jeu Zero Wing sorti en 1989, cette traduction était si foireuse qu’elle est devenue culte !

Mon premier jour a été

très impressionnant : je faisais partie de l’une des dernières vagues de testeurs engagés pour la « peak season » (haute saison).

Nous étions tou•tes réuni•es dans une salle, certain•es avaient déjà travaillé les étés précédents et connaissaient déjà les lieux, les personnes et le job, d’autres débarquaient, comme moi.

Il y avait comme moi des newbies (débutant•es), peu de filles (sur une trentaine de personnes nous étions trois) et surtout énormément de fans purs et durs de jeux vidéo (normal en même temps !).

Lorsqu’on m’a annoncé le projet sur lequel j’allais travailler, j’ai un peu déchanté : un RPG sur PC, ça ne me parle pas trop…

Par chance mon équipe était très sympa et surtout tout le monde a été très patient avec moi ! Le métier de testeur de jeux vidéo s’est révélé ne pas être si sorcier que ça, même si je dois avouer qu’aimer les jeux vidéo aide quand même pas mal.

En quoi consiste le job de testeur de jeux vidéo ?

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Lorsque j’ai annoncé à mon entourage que j’allais être testeuse de jeux vidéo, beaucoup pensaient que j’allais jouer à un jeu et en faire la critique. Au risque de décevoir nombre d’entre vous, il n’en est rien !

Le job de testeur linguistique de jeux vidéo consiste à jouer à un jeu en cours d’élaboration et de reporter tous les problèmes (bugs) qui s’y trouvent, et surtout il faut prêter une attention toute particulière au texte.

Outre les fautes d’orthographe et de grammaire, il faut savoir que les traducteurs n’ont pas forcément le jeu sous les yeux et le manque de contexte peut parfois les amener à commettre des erreurs : c’est au testeur de les repérer.

Il y a différentes phases de test ; au fur et à mesure que les bugs sont reportés, ils sont corrigés. Le testeur est également chargé de s’assurer que les changements qui ont été suggérés ont été correctement implémentés dans la nouvelle version.

pokemon

Ce serait bête de trouver des fautes de français dans Pokémon X & Y, qui se déroulent (plus ou moins) dans notre beau pays !

La tâche du testeur est primordiale : tout problème grave non détecté pourrait empêcher la sortie du jeu.

L’anglais est la langue de travail, il est important de bien le maîtriser afin de reporter clairement des problèmes qui peuvent être communs à plusieurs langues !

Les petits plus du métier de testeur de jeux vidéo

  • Si tu aimes jouer, ce job est fait pour toi. C’est très intéressant de découvrir comment se fait un jeu, les différentes étapes de son élaboration et surtout, c’est quand même gratifiant de se dire qu’on y a participé. Voir son nom apparaître dans les crédits est assez flatteur !
  • Découvrir des jeux qui ne sont pas encore commercialisés est très excitant mais attention, il ne faut en aucun cas révéler le projet sur lequel tu travailles, tout est secret. Alors on ne s’épanche pas sur sa nouvelle vie sur des blogs, ou des forums. Une fuite et ton contrat est rompu, avec des ennuis à la clé.
  • Travailler dans un environnement international et côtoyer des nationalités et des cultures différentes. L’atmosphère dans ces entreprises est souvent très détendue et la moyenne d’âge se situe entre 25 et 30 ans. La plupart du temps tu n’as pas l’impression d’aller au « travail », mais il faut tout de même être sérieux et ponctuel.
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On a beau avoir des casquettes rigolotes, on bosse dur chez Google aussi.

  • Le salaire est souvent correct, il dépend bien entendu du pays où l’on se trouve, mais généralement il permet de vivre de manière relativement confortable.

Les points négatifs du métier de testeur de jeux vidéo

  • Tu ne choisis pas les jeux sur lesquels tu vas travailler. Le jeu peut être passionnant et très connu, mais il peut aussi être un peu inintéressant ou tout simplement ne pas correspondre à tes goûts.
  • L’inactivité entre les projets. Quelques fois aucun projet ne t’est attribué et tu peux passer des jours ou même des semaines sans rien faire. C’est très long et pas très motivant de se lever le matin et de venir au bureau pour se tourner les pouces… Pour des raisons de confidentialité et de sécurité, certaines entreprises n’autorisent pas leurs employé•es à surfer sur le Net ou encore à utiliser leur portable, tablette, MP3, etc. Dans ces cas-là, la journée peut être très longue.
  • Le peu de reconnaissance que le métier apporte. Testeur de jeux vidéo est le poste le plus bas dans la hiérarchie, un testeur est très facilement remplaçable (tout le monde peut le faire, il n’y a pas de diplôme) et la concurrence pour accéder à un poste plus élevé est rude. Ce n’est pas quelque chose d’insurmontable non plus, mais il faut tout de même quelques années d’expérience et beaucoup de patience car ce métier peut être lassant).

Et après ?

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Durant ces deux mois j’ai beaucoup appris, j’ai découvert un univers que je ne connaissais pas et tout un tas de métiers dont j’ignorais l’existence. Je me suis fait beaucoup d’amis et surtout un bon réseau de jeunes traducteurs qui galéraient comme moi !

Une fois mon contrat terminé, j’ai quitté l’Espagne et je suis partie en Angleterre. Après une année scolaire outre-Manche, je me suis lancée à la recherche d’un emploi. Rien ne correspondait vraiment à mon profil, je n’avais pas l’expérience requise pour être traductrice et me lancer en freelance me faisait flipper.

C’est en mettant à jour mon profil sur le fameux site offrant des emplois multilingues que je suis tombée sur une annonce offrant un job de testeur. Je venais de trouver un job dans un call center près de chez moi, mais le boulot ne me plaisait absolument pas et surtout j’avais envie de repartir à l’étranger.

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Après deux entretiens sur Skype et un test écrit, j’ai posé mes valises outre-Rhin, à Francfort sur le Main.

J’ai travaillé pendant une année et des poussières sur différents projets en tant que testeuse, j’ai même eu l’occasion d’endosser le rôle de lead testeur (chef d’équipe) et de recruter moi-même quelques-uns de mes futurs collègues !

Mon entreprise s’occupait également de la localisation (traduction) de jeux et de certains manuels. J’ai donc décidé de me lancer et de passer le test de traduction. Cela fait maintenant presque deux ans que je suis traductrice !

Ce qui n’était qu’un petit job d’été m’a finalement ouvert les portes d’une industrie qui m’était totalement inconnue, et grâce à cette petite expérience de deux mois à peine, j’ai pu obtenir une stabilité professionnelle, un salaire correct, et surtout accéder à un vrai poste.

Si toi aussi tu cherches une expérience motivante et unique, lance-toi ! Il y a de nombreuses entreprises à travers le monde (Canada, Espagne, Allemagne, Irlande…) qui recherchent des testeurs.

C’est un bon moyen de voyager, de découvrir différentes cultures et surtout de se faire une expérience professionnelle qui peut éventuellement déboucher sur quelque chose de sérieux et de stable !

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Les Commentaires

11
Avatar de Syborg
18 novembre 2013 à 15h11
Syborg
C'était un retour d’expérience très intéressant !

J'espère que plus de filles seront intéressées par le monde du jeu vidéo, qui couvre plus de métiers que la plupart des gens ne croient !

Y'a 2 ans j'ai fait mon stage de fin d'étude chez Ubisoft à Montreuil. Ca a duré 7 mois et c'était vraiment bien !
Je sortais un peu de ma campagne, j'étais pas mal intimidée mais ça s'est très bien passé ! Je ne me suis pas intégrée à fond dans l'équipe car je savais que je n'allais pas être embauchée après et surtout parce que j'étais hyper-à-fond dans mon travail.

Par contre pour le salaire ça dépend des postes (et des projets peut-être). Certains de mes collègues se plaignaient d'être sous payés mais je ne me rappelle plus combien ils étaient payés ^^. Ils font beaucoup beaucoup de CDD aussi, ce qui est frustrant. Et puis bon après comme dans toute boîte y'a des cons, des moins cons, des faux-culs etc.

Mais ça reste une expérience hyper bonne, j'ai beaucoup beaucoup appris là bas pour mon métier et j'ai rencontré des gens super . Et je confirme, c'est gratifiant d'avoir son nom dans les crédits .

Et c'est franchement divertissant de bosser dans une boîte qui crée des divertissements, c'est fun, c'est sympa, tu peux jouer sur ton PC pendant le midi personne ne te fais de remarque, y'a des petites compet' de jeu au sein de l'équipe, la plupart des employés sont jeunes : désolée mais quand tu as 21 ans et que tu débarques dans une équipe qui a en moyenne 25 ans c'est largement mieux socialement que de débarquer dans une équipe de trentenaire+ (désolée pour les trentenaires qui me liraient ^^' ), je l'ai vécu et y'a pas photo.

Et c'est pas parce que c'est le monde du jeu vidéo que vous allez croiser des gros no-life, au contraire les gens là bas aiment les jeux vidéos mais sont bien loin de l'image négative que la plupart des gens (des filles?) pensent. Je n'ai pas vraiment de mot mais je dirai que c'est bien plus "intelligent".
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