Depuis #MeToo, les actrices sont nombreuses à sortir du silence voulant étouffer les violences sexuelles et sexistes dont elles ont été les victimes.
C’est désormais Sharon Stone, dont la carrière a éclaté grâce à sa performance dans Basic Instinct, qui révèle avoir victime d’abus dans son livre The Beauty of Living Twice.
Sharon Stone abusée par le réalisateur de Basic Instinct
C’est toujours la même scène qui revient sur le tapis quand on évoque Sharon Stone. L’inoubliable et désormais gravissime séquence du croisement de jambes dans Basic Instinct.
En effet, le personnage qu’incarne Sharon Stone, Catherine Tramell, décroise et croise les jambes devant des enquêteurs, alors qu’elle ne porte aucun sous-vêtement. Ces quelques secondes ont contribué à faire parler du film et ont joué dans son succès considérable. Il est en effet rare de voir un sexe nu de femme au cinéma, même suggéré.
Mais l’histoire est tragique.
Sharon Stone, dont un morceau des mémoires The Beauty of Living Twice a été publié sur Vanity Fair en avant-première, y révèle que ce tournage l’a presque détruite. Elle y a vécu l’enfer, notamment parce que les producteurs étaient méprisants, Michael Douglas odieux et l’ambiance désastreuse.
Mais ça n’est pas tout : l’actrice révèle que la fameuse sexe du décroisement de jambes n’avait pas été prévue ainsi.
En effet, Sharon Stone ne savait pas que son sexe serait filmé. On lui avait demandé de retirer sa culotte pour ne pas que celle-ci fasse une marque sur sa jupe, qui rendrait mal à l’écran.
Elle explique :
« Après que nous avons filmé “Basic Instinct”, j’ai été appelée pour le voir. Pas seulement avec le réalisateur, comme je m’y attendais, mais en présence d’agents et d’avocats dont la plupart étaient totalement étrangers au projet. […]
C’est comme cela que j’ai découvert ce plan sur mon vagin pour la première fois, bien après que l’on m’a dit : “On ne verra rien mais il faut que tu enlèves ta culotte car le blanc fait un reflet sur la caméra donc on sait que tu portes des sous-vêtements.”
Il y a différentes versions de l’histoire, mais comme il s’agit de mon vagin… les autres points de vue, finalement, on s’en tape. »
Sharon Stone abusée par le réalisateur de Basic Instinct
L’actrice s’est donc retrouvée abusée, dépossédée de tout droit à l’intimité. Une énième preuve de la manipulation des grands-manitous du cinéma sur les femmes, victimes d’un système qui les exploite sous couvert de paillettes…
D’aucun se demanderont sans doute pourquoi, flouée, l’actrice a finalement laissé le film sortir avec la scène montrant son sexe nu.
Tout d’abord, il faut savoir qu’après la projection du film, Sharon Stone a attribué une gifle au réalisateur avant de contacter ses avocats pour demander ce qu’il était possible de faire légalement pour punir cet abus. Mais ensuite, victime d’une énième manipulation de Paul Verhoven qui l’a persuadée qu’elle manquerait d’arguments pour faire état de cet abus, l’actrice a fini par renoncer à toute poursuite. Elle explique :
« J’ai réfléchi longuement et j’ai finalement décidé d’autoriser la scène. Pourquoi? Parce qu’elle correspondait au film et au personnage. Et parce que, après tout, je l’avais tournée. »
Malheureusement, il n’est pas rare que les femmes, à Hollywood, soient victimes de manipulations de la part des puissants de leur secteur pourtant censés les conseiller, les accompagner.
La semaine passée, Katie Leung, qui incarnait Cho Chang dans Harry Potter, expliquait que son agent et les producteurs lui avaient demandé de passer sous silence le racisme dont elle était la cible. Et des exemples, il y en a malheureusement des dizaines dans l’excellent documentaire Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood, de Tom Donahue, qu’on vous recommande si vous désirez aller plus loin dans votre compréhension du sujet.
Pour l’heure, il est important que le cas de Sharon Stone éveille les consciences afin que les femmes se débarrassent de la honte qui les tenaille, à tort selon elle :
« Je pense que je ne suis pas la seule à gérer cette rage féminine refoulée. C’est énervant de se dire que, en ce qui me concerne, cette rage est tellement contrôlée — parce que j’ai été obligé de le faire pendant si longtemps — que je continue à le dissimuler comme si j’en avais honte. »
The Beauty of Living Twice n’a pour l’instant pas d’éditeur français, mais vous pouvez vous procurer sa version originale sur Amazon.
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Pour le coup j'ai compris l'inverse (du moins j'espère) :
Elle a attribuer = Elle a donner. Sinon je pense que cela serait selon moi le point le plus grave de cette histoire, et donc celui mis en avant dans l'article.
Edit: c'est plus clair dans les autres articles parlant de cette histoire ici, ici et ici