En 2013, Eva Maree, ancienne escort-girl sous le nom Jasmine Petite, a été poignardée de 31 coups de couteau par son ancien compagnon et père de ses deux enfants dans un centre social en Suède.
Cette histoire est présentée par les médias nationaux comme un fait divers mais le documentaire Là où les putains n’existent pas lève le voile sur la discrimination que subissent les travailleuses du sexe dans ce pays scandinave.
Signé Ovidie, militante féministe pro-sexe et réalisatrice de documentaires, le film a remporté le prix Amnesty International de la catégorie Human Rights au Festival international du film de Thessalonique.
C’est l’occasion de revenir sur ce documentaire qui aborde un sujet sensible, surtout dans un pays considéré à différents niveaux comme un modèle d’excellence en Europe.
Un documentaire militant sur la prostitution
La Suède est souvent surnommée « la bonne élève de l’Union Européenne » par ses voisins, notamment au sujet de la libération sexuelle et de l’éducation sexuelle à l’école, par exemple.
Sur le plateau de 28 Minutes, Ovidie dénonce pourtant la mentalité du gouvernement suédois. Elle l’explique dans la vidéo ci-dessous :
La ministre des Droits des femmes en 2013, Najat Vallaud Belkacem, affirmait s’inspirer de la loi suédoise en vigueur depuis 1999, dans son projet de loi sur la prostitution.
Cette législation vise à pénalise les clients qui ont recours aux services de travailleurs et travailleuses du sexe.
Une mesure qu’Ovidie considère comme une fausse bonne idée. Elle explique à Vice notamment :
« Légalement, le consentement des prostituées n’est pas reconnu.
Elles sont traitées comme des femmes fragiles mentalement, sous influence, dans des démarches d’autodestruction… Donc incapables d’élever leurs enfants. »
C’est ce qui est arrivé à Eva Maree, assassinée par son mari en 2013, alors que la France nage en plein débat sur l’abolition de la prostitution.
D’après les intervenants dans le film d’Ovidie, la mort de l’ancienne escort-girl aurait pu être évitée si la législation suédoise encadrait mieux les travailleurs et travailleuses du sexe.
Les prostituées, victimes du tabou et des discriminations
Selon les images du docu, les travailleuses du sexe sont dangereusement discriminées par la justice et l’administration.
Questionné·es par Ovidie, les intervenants et intervenantes estiment que l’État suédois est lourdement responsable du meurtre d’Eva Maree.
La mère de famille a été privée de voir ses enfants après avoir confié à une amie ses activités d’escort-girl pour une durée de deux semaines.
Ils sont finalement remis à leur père violent, jugé comme tel par les mêmes tribunaux qui ont décidé de retirer la garde à Eva Maree. La jeune femme est tuée dans le centre social dans lequel elle avait rendez-vous, par son ex-conjoint et sous les yeux de leurs fils.
Ovidie a rencontré les proches de l’affaire, dont la mère d’Eva Maree et tente d’éclaircir une zone d’ombre terrible autour de ce fait divers.
Après avoir réalisé Pornocratie et À quoi rêvent les jeunes filles, des documentaires sur la pornographie et sur la sexualité féminine, Odivie poursuit son travail militant.
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Les images qu’elle est allée chercher en Suède ouvrent une perspective inédite, très différente de celle qu’on a habituellement sur les pays du nord de l’Europe.
Le film de 55 minutes est encore disponible en replay sur Arte jusqu’au 24 avril.
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