Publié initialement le 26 mars 2016.
La conférence de presse pour Séries Mania 2016 a eu lieu le 23 mars, et quelle ne fut pas ma surprise quand Crazy Ex-Girlfriend est apparue sur mon écran. J’ai donc appris que la série allait être diffusée sur une chaîne du groupe M6 — quand, je l’ignore, mais en tout cas elle arrive !
https://youtu.be/-ctFmXGm_yE
Et je ne peux pas cacher ma joie, car elle figure parmi mes séries coups de cœur… pas du moment, mais de ma vie. Bon, j’ai vite déchanté quand j’ai lu dans le communiqué de presse qu’il n’y aurait que le pilote de diffusé lors du festival Séries Mania, du 15 au 24 avril, mais au moins, c’est un début !
À lire aussi : La programmation de Séries Mania 2016 est en ligne !
D’où vient Crazy Ex-Girlfriend ?
Crazy Ex-Girlfriend, ou CEG pour les intimes, a été créée par Rachel Bloom et Aline Brosh McKenna (qui produisent également aux côtés d’autres noms comme Marc Webb de 500 jours ensemble). Rachel Bloom s’est fait connaître sur YouTube avec des vidéos comme Fuck Me, Ray Bradbury ou encore You Can Touch My Boobies (ma théorie personnelle du nombre de vues sur cette vidéo, c’est que les gens croient qu’ils vont la voir les seins à l’air… spoiler alert, non, mais le clip reste très drôle).
À la base, CEG devait se vendre à Showtime, une chaîne câblée. Et ça aurait bien correspondu au langage quelque peu châtié de la comédienne, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus… Finalement, elle a atterri sur la CW, une chaîne publique où il est interdit de jurer avant une certaine heure, ce qui crée des versions télé et d’autres plus explicites de certaines chansons de la série.
Avec Jane the Virgin, ces deux séries forment ensemble le duo dynamique de la chaîne, sans super-héros ou surnaturel.
À lire aussi : J’aime les séries « pour ados » de la CW, et alors ?
De quoi parle Crazy Ex-Girlfriend ?
CEG ouvre sur un camp de vacances au moment où Rebecca Bunch (Rachel Bloom), l’héroïne, se fait larguer par son copain ayant pour seul argument le fait qu’elle soit « bizarre » et trop dramatique. Dix ans plus tard, à New York et sur le point d’être promue partenaire dans son cabinet d’avocats, une question philosophique s’abat sur Rebecca : quand a-t-elle été heureuse pour la dernière fois ?
Comme par hasard, elle croise à ce moment-là son ex-copain de colonie qu’elle n’avait pas revu depuis… eh bien, dix ans. Josh Chan (Vincent Rodriguez III) quitte New York pour retourner dans sa ville natale, West Covina, en Californie. Et sur un coup de tête, persuadée qu’elle est amoureuse, notre héroïne plaque tout pour se rendre à là-bas. C’est loin d’être un lieu idéal, mais il est à deux heures de la plage.
Une nouvelle vie débute alors, dans cette petite ville, pour reconquérir son ex mais aussi pour s’intégrer et apprendre à être heureuse.
https://www.youtube.com/watch?v=JKnWw7ou4ik
Crazy Ex-Girlfriend, c’est pas super sexiste comme concept ?
Pour moi, Crazy Ex-Girlfriend n’est pas sexiste.
Pour moi, Crazy Ex-Girlfriend n’est pas sexiste. Pourquoi donc ? De prime abord, on pourrait croire que la série l’est… Personnellement, quand j’ai entendu son titre pour la première fois, j’ai roulé de gros yeux — un peu comme quand j’ai découvert le pitch de Jane the Virgin en fait.
Mais seul•es les imbéciles ne changent pas d’avis, et je me suis rendu compte que pas du tout. Au contraire, CEG est féministe (et carrément bizarre) !
À lire aussi : Ces héroïnes de série télé féministes qui font plaisir à voir
Prenons le titre par exemple : sous-entendre qu’une ex est forcément folle, c’est un peu sexiste, dites donc… Mais Rachel Bloom a bien anticipé ces remarques et pointe ce problème du doigt dès le générique, dans le deuxième épisode.
En fait, tout au long de la série c’est comme ça. Quand une réplique fait tiquer sur le moment pour cause d’incohérence ou de point de vue un peu fermé, c’est repris et réexpliqué a posteriori. La série est super pédagogique dans ses niveaux de lecture !
Crazy Ex-GirlfriEnd et ses personnages hyper attachants
Crazy Ex-Girlfriend propose de nombreux personnages féminins simpaticos et complexes, et d’autres qui le sont moins, que ce soit la voisine qui plane tout le temps mais qui a des sentiments (Vella Lovel) ou la Némésis amoureuse de notre héroïne qui bitche bien (Gabrielle Ruiz). Enfin, Paula (Donna Lynne Champlin) vole presque la vedette et représente la clé de voûte des relations.
À lire aussi : Comment le féminisme a changé mon rapport à la pop culture
En soi, Rebecca tombe un peu dans le cliché par moments, mais c’est tout ce qui gravite autour qui rend la série complètement féministe : son manque de confiance en elle complètement paradoxal au vu de sa réussite professionnelle, son amitié avec Paula qui la soutient comme une sœur, son conflit avec Valencia qui arrive à se rendre sympathique de temps en temps… les situations sont celles du quotidien. Le test de Bechdel est complètement réussi, et haut la main.
Les personnages masculins sont aussi bien écrits. Darryl (Pete Gardner) se développe petit à petit, Josh ne se prend pas la tête, et même s’il est un peu simplet, il motive toujours les troupes et reste particulièrement gentil, dans le sens littéral du terme. Quant à Greg (Santino Fontana, la voix de Hans dans La Reine des neiges), j’ai de la peine pour lui quelque part même s’il joue le gars cynique.
C’est aussi ça qui est fort dans Crazy Ex-Girlfriend. Je sais pertinemment que Rebecca VEUT être avec Josh, et j’ai envie que tout finisse bien pour elle, mais en même temps, je soutiens aussi le ship Greg/Rebecca !
Et tous les personnages fonctionnent bien entre eux, ce n’est pas bilatéral. Big-up dans l’écriture à ce niveau d’ailleurs, les scénaristes n’oublient personne, les personnages ne sont pas vides ! Résultat ? Ils sont tous délirants !
À lire aussi : Ces personnages de séries auxquels je m’identifie
Crazy Ex-GirlfriEnd, ça chante, et alors ?
Ça chante dans la rue, dans la tête, quand ça leur plaît, et c’est génial !
Ça chante dans la rue, dans la tête, quand ça leur plaît, et c’est génial ! Car si la vie n’est pas une comédie musicale où les gens se mettent à fredonner dans le métro (croyez-moi, j’ai prié pour), eh bien Crazy Ex-Girlfriend, si. Et dans tous les genres musicaux.
Ils commencent par un numéro purement broadwayesque pour enchaîner avec d’autres rythmes plus modernes comme du R’n’B ou même du rap. Donc en fait, ça peut même attirer les gens qui n’aiment pas les comédies musicales !
Les chorégraphies mélangent numéros grandioses et d’autres plus intimistes mais toujours épiques.
Les chorégraphies mélangent numéros grandioses et d’autres plus intimistes mais toujours épiques. Les chansons sont entraînantes (et te restent dans l’esprit) en faisant avancer parallèlement l’histoire, et elle ne se contentent pas d’être seulement écoutées.
Ils ont tenté d’en mettre deux à trois par épisode, pour ne pas trop surcharger de musique non plus tout en gardant l’esprit comédie musicale. En passant, tous les épisodes contiennent le nom de Josh.
Crazy Ex-GirlfriEnd, un bon point pour la diversité
À lire aussi : Le whitewashing expliqué tout simplement, par La Ringarde
Pour une fois, l’intérêt romantique de l’héroïne n’est pas un Américain moyen, grand et châtain, qui joue au football américain. Non, cette fois-ci, il s’agit d’un Philippin dénommé Josh Chan au look bien différent d’un Caucasien, et plutôt petit d’ailleurs.
À lire aussi : Carte postale des Philippines — Plages paradisiaques, rizières et coups de soleil
Rebecca a des troubles psychologiques, et elle le dit, que ce soit avec les médicaments qu’elle arrête de prendre ou d’autres obsessions qui ne lui passent pas. Franchement, son personnage est déconcertant. C’est fou combien j’ai de l’empathie pour elle alors qu’elle tente quand même de faire rompre un couple ! CEG aborde les troubles mentaux, de la dépression au stress post-traumatique, sans tomber dans le pathos.
À lire aussi : Les TED de la semaine − La dépression
Ensuite, la bisexualité est aussi abordée de manière banale et juste. Qu’est-ce que j’oublie ? Plein d’autres thèmes plus sociaux qui font plaisir à voir, mais aussi des réflexions introspectives.
À lire aussi : « Gaycation », le documentaire d’Ellen Page, est en ligne !
Okay, si je devais faire un reproche (car rien n’est parfait)… ce serait le lip sync. Parfois, il est trop flagrant et ça me gêne. Mais le ton décalé de la série emporte mon adhésion totale, ça fait longtemps que je n’ai pas autant ri ou revu des séquences d’un épisode.
Rachel Bloom, je t’aime
Comme comédiennes qui servent de modèle féminin, il y a Tina Fey et Amy Poehler bien sûr, puis est arrivée la génération Lena Dunham et Amy Schumer… mais pour moi, il y a aussi Rachel Bloom. Active sur Twitter avec @racheldoesstuff, elle live-tweete les épisodes, répond à ses fans et a vraiment gardé les pieds sur terre !
Son humour second degré ne la rend que plus appréciable, et elle n’hésite pas à mettre à contribution son corps en assumant son spandex. C’est une grande nerd adorable avec tout plein de références qu’elle insère dans sa série.
https://instagram.com/p/BAX5jVwHlHt/
À lire aussi : Sisters, avec Amy Poehler et Tina Fey, a sa bande-annonce !
L’ancienne YouTubeuse est scénariste, actrice, productrice, bref archi créative, comme elle le prouve avec ses paroles décalées mais aussi son rythme de comédie incroyable. Elle n’a pas remporté le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie pour rien ! Son discours était trop mignon d’ailleurs, j’en ai pleuré tellement elle était émouvante… Puis son charme joue vraiment sur son originalité.
En plus, elle parle français, et plutôt bien, si j’en crois sa chanson Sexy French Depression de l’épisode 7 !
https://www.youtube.com/watch?v=vgj0hq7NavY
Donc Rachel, si tu m’entends, fais-toi inviter par le festival Séries Mania pour présenter Crazy Ex-Girlfriend et accorde-moi un entretien, merci, bisous.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Et puis l'héroïne a un petit bidon tout flasque