« Tout est faux, tout est mensonger ». Sur le plateau de BFMTV, l’animateur star de NRJ Sébastien Cauet a pris la parole pour la première fois depuis les révélations de Libération et les trois plaintes pour violences sexuelles qui le visent.
Pour toute défense, il nie en bloc et dénonce un acharnement médiatique.
L’animateur botte en touche
« C’est terrible d’être accusé de ce genre de chose, il n’y a pas pire, je ne le souhaite pas à mon pire ennemi » s’est-il lamenté sur le plateau de l’émission C’est pas tous les jours dimanche.
Pendant une trentaine de minutes, il a coché toutes les cases de la rhétorique classique des agresseurs présumés, tentant à tout prix de décrédibiliser la parole de celles qui l’accusent. Faisant référence au témoignage de Julie Ollivier, 25 ans, qui affirme avoir été contrainte de faire deux fellations à l’animateur, dont une alors qu’elle était encore mineure, Sébastien Cauet a botté en touche : « Je la connais, comme je connais des milliers de fans en quarante ans de radio […]. Vous pensez que je fais rentrer beaucoup de gens dans des chambres d’hôtel ? »
Voulant à tout prix tirer les larmes sur l’injustice dont il s’estime victime, il tâche de prouver son exemplarité comme si les hommes violents étaient nécessairement « des monstres qui agissent dans l’espace public, les rôdeurs de parking, les tueurs de joggeuses […] Ce seraient vraiment ces monstres-là, qui s’en prendraient aux femmes et aux enfants, donc des gens éloignés du quotidien ».
Une défense qui ne tient pas, comme nous l’expliquait en septembre dernier la militante et autrice Rose Lamy, dans une interview pour Madmoizelle. « Les chiffres dépeignent une tout autre réalité : les hommes violents qui agressent, frappent, violent, sont majoritairement des proches de la victime, que l’on côtoie, avec lesquels on vit. On essaye de mettre à distance ces monstres-là pour de ne pas regarder la réalité en face ».
« Tentative d’extorsion »
Esquivant de répondre précisément sur les faits qui lui sont reprochés, l’animateur s’est contenté de répéter en boucle que tout était faux, qu’il était victime d’une tentative d’extorsion et qu’il avait des preuves allant dans ce sens. « Je meurs d’envie de vous les montrer, j’en crève d’envie, j’en chiale le soir de ne pas pouvoir vous montrer les preuves irréfutables données à la police ».
Il a par ailleurs dénoncé un « tribunal médiatique », une machination dont il serait la véritable victime. « Je suis le premier plaignant dans cette histoire, je suis le premier à avoir porté plainte, c’est important que les gens le sachent ».
Selon lui, ses accusatrices auraient menti par appât du gain : « C’est organisé depuis quelques mois voire années avec une volonté évidemment d’argent et de nuire ». Un argument fréquemment convoqué par les hommes célèbres pour asseoir leur impunité en tant qu’agresseur, s’appuyant sur l’image stéréotypée de la femme vengeresse, croqueuse de diamants, assoiffée de notoriété. Une femme qui, en somme, ne correspond pas à l’image de la « bonne victime » désintéressée. Comme le rappelle Libération pourtant, « la majorité des femmes qui ont pris la parole à ce jour ne souhaitent pourtant ni porter plainte ni révéler leur identité ».
Non, les femmes n’accusent pas « pour l’argent »
Force est de constater que les femmes qui ont le courage de dénoncer les violences subies ne gagnent généralement rien d’autre qu’une réputation ternie et, dans certains milieux, l’assurance, comme une punition, d’être blacklistée de partout parce que les hommes se protègent entre eux. Oser dénoncer n’est pas une manière d’obtenir de l’argent facile. C’est ce que démontre très bien un rapport de la Fondation des Femmes et de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes, consacré au « Coût de la justice pour les victimes de violences sexuelles » :
Aux coûts financiers importants que nécessite une action en justice pour la victime, s’ajoutent des manques à gagner, des coûts humains liés aux souffrances physiques, psychologiques et aux diverses maltraitances que rencontreront les victimes au cours de leur parcours. Parler, porter plainte et débourser des sommes importantes pour demander justice ne sont pour autant en rien des garanties de l’obtenir. En définitive, les femmes supportent une triple peine : elles subissent la violence, le coût économique de la justice et celui plus intangible des traumatismes s’additionnant sur plusieurs échelles.
Rapport « Cinq ans après #MeToo : Le coût de la justice pour les victimes de violences sexuelles »
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Les Commentaires
S'il y a une enquête, qu'on attende qu'elle soit finie et basta ! 7 ans après Me Too, je ne comprends pas qu'on en soit toujours là, à dérouler le tapis rouge à tous ces trous du cul qui viennent délivrer le MÊME discours, à base de phrases toutes faites, de lamentations nombrilistes et de stéréotypes sexistes affligeants. On s'en fout, c'est du temps d'antenne perdu, et un vrai crachat à la gueule des victimes.
Franchement : qu'ils ferment leur gueule et qu'ils attendent la décision de justice avant de venir s'étaler à la télé et dans les journaux. Qu'ils se rassurent : elle leur sera très probablement favorable