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Adèle Haenel aux César // Source : capture d'écran twitter
Cinéma

Cannes : la réponse de Thierry Frémaux aux accusations d’Adèle Haenel est une masterclass de misogynie

Adèle Haenel « ne pensait pas en ces termes lorsqu’elle venait à Cannes en tant qu’actrice, tout au moins j’espère qu’elle n’y souffrait pas de dissonance » : en réponse à Adèle Haenel qui dénonce les institutions soutenant des réalisateurs accusés d’agressions sexuelles, Thierry Frémaux a ironisé sur l’actrice, délégitimant son engagement.

Le 9 mai dernier, Adèle Haenel formulait dans une lettre ouverte profondément féministe, intersectionnelle et engagée les raisons de sa rupture avec le monde du cinéma. Elle y dénonçait « la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels » en accusant notamment le Festival de Cannes, qui continue d’inviter, de mettre en valeur et de récompenser des hommes violents.

Ces propos, Thierry Frémaux a tenu à y répondre lors de la conférence de presse précédent l’ouverture du festival le 15 mai. Le délégué général du Festival de Cannes a non seulement nié les accusations d’Adèle Haenel mais est allé jusqu’à ironiser sur sa présence lors de précédentes éditions du festival.

« Adèle Haenel ne pensait pas en ces termes lorsqu’elle venait à Cannes en tant qu’actrice, tout au moins j’espère qu’elle n’y souffrait pas de dissonance. »

À lire aussi : Dominique Boutonnat, patron du cinéma français, sera jugé pour agression sexuelle sur son filleul

Ils « se donnent la main pour sauver des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat »

Dès le mois d’avril, Adèle Haenel dénonçait dans les colonnes du média italien Il Manifesto les cérémonies récompensant des cinéastes accusés de viol, à l’instar des César qui, en 2020, décernaient le César de la Meilleure réalisation à Roman Polanski.

« Ceux au pouvoir continuent à nous oppresser. On récompense toujours les violeurs et ils veulent que je me taise ? Cela n’arrivera jamais. »

Dans sa lettre du 9 mai publiée dans Télérama, l’actrice chargeait directement le festival dans sa dénonciation de l’impunité de réalisateurs ou de responsables accusés d’agressions sexuelles.

« Dans un contexte de mouvement social historique, on attend de voir si les pontes du cinéma comptent – comme les sponsors de l’industrie du luxe — sur la police pour que tout se passe comme d’habitude sur les tapis rouges du Festival de Cannes. »

À lire aussi : Pedro Almodóvar, David Cronenberg, Gaspar Noé… Saint Laurent produira désormais des cinéastes

Elle citait notamment le cas de Gérard Depardieu, accusé de violences sexuelles par treize femmes, ou encore de Dominique Boutonnat, reconduit à la tête du CNC malgré sa mise en examen pour agression sexuelle sur son filleul :

« Elles et eux toustes ensemble pendant ce temps se donnent la main pour sauver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat. Ça les incommode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit, ils préféraient qu’on continue à disparaître et crever en silence. »

Adèle Haenel aux César // Source : capture d'écran twitter
Adèle Haenel aux César // Source : capture d’écran twitter

Si c’était « un festival de violeurs », « vous ne vous plaindriez pas de ne pas obtenir de billets »

Malgré la richesse des arguments féministes, antiracistes écologiques et anticapitalistes déployés par Adèle Haenel dans sa lettre ouverte, Thierry Frémaux a nié en bloc ces accusations :

« En sortant des propos que j’estime radicaux, elle s’est peut-être sentie obligée de faire ce type de commentaires, mais ses accusations sont fausses et erronées. »

Loin de remettre en question ses choix de sélection, le délégué général s’est également amusé de la popularité du festival :

« Si vous pensiez que c’est un festival pour violeurs, vous ne seriez pas ici pour m’écouter, vous ne vous plaindriez pas de ne pas pouvoir obtenir de billets pour accéder aux projections. »

Il semble légitime de questionner cette réponse du directeur puisque l’objectif d’Adèle Haenel est précisément de dénoncer le pouvoir exercé par le festival. Si Cannes est si populaire et influent, il est d’autant plus souhaitable de ne pas en faire un tremplin pour des cinéastes violents.


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