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Judith Godrèche // Source : capture d'écran
Culture

Judith Godrèche aux César : lutter contre les VSS, « ce n’est rien comparé à deux mains dégueulasses sur mes seins de 15 ans »

Le soir des César, Judith Godrèche a livré un discours réellement salutaire, dénonçant le silence qui règne dans le monde du cinéma à propos des violences sexistes et sexuelles subies par de nombreuses personnes, femmes, hommes, enfants.

Avant même qu’elle ne prenne la parole, le public des César s’est levé pour l’applaudir longuement. Après avoir brisé le silence autour de Benoît Jacquot et Jacques Doillon, portant plainte et déliant les langues à propos de cinéastes accusés de harcèlement sexuel, d’agressions et de viols puis ouvert un lieu sûr pour témoigner, Judith Godrèche a brisé le silence assourdissant qui règne aux César :

« Dans ma rébellion je pensais à ces termes qu’on utilise sur un plateau : ‘silence, moteur demandé’. Cela fait maintenant trente ans que le silence est mon moteur. J’imagine pourtant l’incroyable mélodie que nous pourrions composer ensemble, faite de vérités. »

À lire aussi : Ode à Judith Godrèche : la muse libérée du cinéma français 

« Notre curieuse famille »

Brillante et engagée, Judith Godrèche s’est exprimée en tant que femme ayant été une petite fille victime d’emprise et de pédocriminalité mais aussi en tant que collectif. « Moi aussi je suis une foule face à vous, qui vous regarde dans les yeux ce soir », traduisant par cette métaphore le fait que son cas est loin d’être isolé. Judith Godrèche a confronté des institutions figées dans le marbre face à la violence inouie dont sont coupables certains hommes du monde du cinéma, en citant sa propre expérience sur le tournage de La Fille de 15 ans de Jacques Doillon :

À propos de mesures claires et systémiques à prendre contre ces violences sexistes et sexuelles, l’actrice et réalisatrice a assuré :

« Ça ne ferait pas mal. Juste des égratignures sur la carcasse de notre curieuse famille. Ce n’est tellement rien comparé à un coup de poing dans le nez, à une enfant prise d’assaut comme une ville assiégée. Par un adulte tout puissant sous le regard silencieux d’une équipe, à un réalisateur qui tout en chuchotant m’attire sur son lit sous prétexte d’apprendre à connaître qui je suis vraiment. Ce n’est tellement rien comparé à 45 prises, avec deux mains dégueulasses sur mes seins de 15 ans. »

Le discours de Judith Godrèche s’est soldé par une standing ovation du public de l’Olympia. Au-delà des applaudissements, reste à savoir quelles mesures concrètes seront désormais mises en place par les instituions régissant l’industrie du cinéma.


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