Après avoir fait les beaux jours de France 4, #CamClash a déménagé sur IRL, la plateforme Web de France Télévisions. Cette émission « d’expérimentation sociale » utilise des caméras cachées pour observer la réaction des Français•es lambda à une situation donnée, généralement basée sur une discrimination.
À lire aussi : Je suis Charlie Hebdo, le choc des images et la colère des mots
Un an après la tuerie ayant ensanglanté les bureaux de Charlie Hebdo et généré, dans l’Hexagone comme ailleurs, la mobilisation Je suis Charlie, l’émission se penche sur ceux et celles qui… « ne sont pas Charlie », justement.
« Il n’est pas Charlie »
Cet épisode a été rendu très particulier par les événements qui ont suivi son tournage. En effet, la production indique que ces scènes ont été filmées en banlieue parisienne, un certain vendredi 13 novembre… Quelques heures avant les attentats qui allaient coûter la vie de 130 personnes, et faire des centaines de blessés.
« Cam Clash a fait le test dans un moment que les évènements ont rendu singulier: l’expérience a été tournée le vendredi 13 novembre 2015, quelques heures avant les attentats de Paris, en banlieue parisienne.
À la terrasse d’un café, un complice porte un t-shirt « je ne suis pas Charlie », un autre lui demande de le retirer… Quelle sera la réaction des autres passants ? Seront-ils scandalisés par l’homme au t-shirt « je ne suis pas Charlie » ? Seront-ils solidaires ? Où commence et où s’arrête la liberté d’expression ? »
Je me demande ce qu’auraient donné ces caméras cachées au lendemain de ces nouvelles attaques… Plusieurs personnes l’ont souligné, que ce soit à charge ou à décharge du complice au t-shirt « pas Charlie » : liberté d’expression, il fait ce qu’il veut, et personne n’a jamais été obligé de souscrire à la ligne édito de Charlie Hebdo.
Mais. Mais toutes celles et ceux qui disaient « mais », justement, en avançant l’outrage et l’insulte assumés par les dessinateurs tués lors de l’attentat, est-ce qu’ils auraient tenu le même discours, après l’attaque des terrasses parisiennes ?
À lire aussi : Les attentats du 13 novembre, quand le quotidien vole en éclats
Personnellement, j’aurais réagi comme le premier monsieur, en face de la jeune femme (qui lâche cette punchline parfaite : « moi je suis une femme, ça fait 3 000 ans qu’on se fait emmerder ! »). C’est-à-dire que je laisse dire ceux qui tiennent absolument à se désolidariser du journal, car après tout, c’est leur droit le plus strict.
Je n’ai jamais eu Charlie Hebdo entre les mains avant que sa rédaction ne soit décimée, le « Je suis Charlie » a toujours été pour moi une revendication de liberté de la presse, de droit au blasphème, et cela inclut bien sûr la liberté de critiquer le journal. Ce n’est pas incompatible avec les valeurs de la République, comme l’avait si bien dit Jamel, lors de son interview :
« On peut descendre dans la rue pour défendre les valeurs de la République, même si on n’est pas d’accord avec les caricatures. Ça n’a strictement rien à voir. C’est cette incompréhension-là qui me pousse à vous parler aujourd’hui. »
Et toi ? Comment aurais-tu réagi si tu avais été confronté•e à cette scène ? Pourquoi ? Viens en parler dans les commentaires !
À lire aussi : J’étais au Bataclan ce 13 novembre, et j’ai des choses à vous dire