Cette fois, il est coincé. Ce lundi 9 août, l’Américaine Virginia Giuffre a déposé plainte contre le prince Andrew à New York ; le deuxième fils de la reine d’Angleterre âgé de 61 ans est accusé d’avoir « agressé sexuellement » Mme Giuffre à plusieurs reprises, en 2001. Elle avait 17 ans au moment des faits.
« Il y a vingt ans, la richesse, le pouvoir, la position et les relations du prince Andrew lui ont permis d’abuser d’une enfant effrayée et vulnérable, sans personne pour la protéger. Il est grand temps qu’il soit tenu de rendre des comptes », peut-on lire dans le dépôt de plainte.
Entre 2000 et 2002, Virginia Giuffre affirme avoir été victime du vaste trafic sexuel fomenté par le financier Jeffrey Epstein. Le prince Andrew fait partie des « hommes puissants » auxquels elle a été « remise dans un but sexuel », selon la plainte déposée hier. « Je tiens le prince Andrew responsable de ce qu’il m’a fait », a indiqué la plaignante dans une déclaration transmise aux médias.
Les victimes d’Epstein, qui seraient plus de 150 et en majorité mineures, avaient été privées de justice quand le pédocriminel s’était donné la mort, à l’été 2019, depuis sa cellule de Manhattan (un suicide normalement impossible, ce qui a généré une enquête du FBI). Son procès était programmé trois mois plus tard.
Accusé à plusieurs reprises, le prince Andrew a toujours nié
Ce n’est pas la première fois que Virginia Giuffre — Virginia Roberts au moment des faits — médiatise les violences sexuelles qu’elle aurait subies. En 2014, elle avait rapporté des allégations d’agressions sexuelle lors d’un procès mené contre le ministère de la justice américain, dont le but était de contester l’accord « trop favorable » obtenu par Epstein à son premier procès, en 2008.
Mais cette fois, le duc d’York est directement visé.
Il aurait agressé sexuellement Mme Giuffre à trois reprises : d’abord au domicile londonien de Ghislaine Maxwell, ex-compagne et associée d’Epstein, et deux autres fois dans les propriétés du financier, à New-York et sur son île privée dans les Caraïbes.
« On m’a traitée de prostituée, de mauvaise mère, de menteuse, de droguée, de tous les noms. […] Je n’étais pas la prostituée du prince, on m’a trafiquée et j’étais une enfant », raconte Virginia Giuffre dans le glaçant documentaire Netflix consacré à l’affaire Epstein.
Le palais de de Buckingham dément fermement les accusations portées par Mme Giuffre, aujourd’hui âgée de 38 ans.
En 2019, le prince Andrew avait déjà nié les faits dans une interview pour la BBC jugée calamiteuse ; « J’ai dit régulièrement et fréquemment que nous n’avions jamais eu de contact sexuel quelconque », avait-il répété à la journaliste.
Alors que le procès d’Epstein était annoncé pour novembre 2019, la proximité d’Andrew d’York avec le délinquant sexuel pousse la famille royale britannique à l’évincer de la vie publique. Le prince se voyait reprocher de ne pas avoir pris ses distances avec Epstein et de ne pas avoir montré d’empathie envers les victimes. Il avait ensuite démissionné de ses 230 partenariats-parrainages.
Les victimes d’Epstein réclament justice
Si l’action en justice intentée par Virginia Giuffre peut accabler le duc plus de 20 ans après les faits, c’est, grâce au Child Victims Act. Entrée en vigueur en 2019, cette loi de l’État de New York permet aux victimes mineures de porter plainte pour agressions sexuelles, sans prescription, tant que la démarche est effectuée dans un délai d’un an — qui a été prolongé jusqu’au 13 août 2021, du fait de la pandémie.
En vertu de cette même loi, Jennifer Araoz avait déposé plainte en août 2019 contre les héritiers et complices de Jeffrey Epstein. Elle accusait le milliardaire de l’avoir agressée sexuellement alors qu’elle avait 14 et 15 ans. Ghislaine Maxwell, également visée par cette plainte, est toujours incarcérée en l’attente de son procès pour trafic sexuel, prévu pour fin 2021. Elle a plaidé non coupable.
« J’espère que d’autres victimes verront qu’il est possible de ne pas vivre dans le silence et la peur, et qu’on peut récupérer sa vie en s’exprimant et en demandant justice », a déclaré Virginia Giuffre à la chaîne américaine ABC. Deux ans après la mort d’Epstein, Andrew pourrait bien ne pas être le seul « puissant » rattrapé par son passé.
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Crédit photo : Jeffrey Einstein : Pouvoir, argent et perversions (Netflix)
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