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Culture

Ode aux téléfilms de Noël

Les téléfilms de Noël font partie du folklore de fin d’année. SPP les aime d’un amour incommensurable et vous explique pourquoi.

Initialement publié le 21 décembre 2014

Les téléfilms de Noël, c’est quand même vachement bien.

Voilà plus de dix ans que j’en regarde. La première fois, je me souviens, j’avais 12 ans et c’était le premier jour en semaine des vacances de Noël. Je me suis calée devant la télé, bien au chaud sur le canapé du salon, allongée face à l’écran, me demandant ce que j’allais bien pouvoir foutre pendant deux semaines.

Je zappais, errant comme une âme en peine à la recherche de quelques sources de divertissement, regrettant amèrement qu’on ne passe jamais de dessins animés sur les chaînes hertziennes après la sieste post-déjeuner.

Et puis là, sur quoi je tombe : un téléfilm. En temps normal j’avais tendance à les fuir mais là, c’était différent : les personnages avaient le nez légèrement rougi et les yeux rendus vitreux par le froid, ils évoluaient dans des décors à base de guirlandes, on entendait des chorales dans le fond derrière eux, et ils avaient l’air heureux à en péter du confit d’oignons et des paillettes.

Et ces sapins, immenses et majestueux, qui trônaient au milieu du salon, décorés… Bon, j’étais pas super maligne, mais j’ai quand même vite compris que cette histoire allait tourner autour du trou de b des fêtes. C’était mon premier téléfilm de Noël, et ça n’allait pas être le dernier puisque dès que le générique de fin est apparu, j’ai couru regarder dans le magazine télé pour savoir quand passerait le prochain.

La réponse : le lendemain. Puis le lendemain. Puis encore le lendemain. Et tout ceci jusqu’à la fin des vacances.

telefilm de noel chienCHIEN.

En moins de temps qu’il n’en faut pour repérer à l’odeur le stand de gaufres sur le marché de Noël, le genre est devenu mon pilier de Noël.

Breaking news : le Père Noël existe

Entre mes 12 et mes 18 ans, j’en ai vu un bien gros paquet, de téléfilms du genre. Et je peux te dire qu’il y en a dans tous les styles, pour tous les goûts : des gens de la ville qui passent Noël à la campagne, des gens de la campagne qui passent Noël à la ville, des hommes et femmes à la carrière florissante qui en oublient leur vie de famille, des plombiers qui deviennent chanteurs, des enfants heureux qui font de la luge en riant, des enfants tristes qui regardent des enfants heureux faire de la luge en riant…

Mais souvent, une thématique revient : le Père Noël. Le Père. Noël. Soit le vieux barbu s’incruste dans le quotidien des protagonistes pour leur redonner un peu de leur âme d’enfant, soit c’est carrément un des protagonistes qui le devient. Pile au moment où je te parle, j’ai en fond sonore Noël au bout des doigts.

L’histoire d’un mec à qui sa femme demande le divorce, et qui perd son emploi en même temps. Mais c’est pas bien grave, parce qu’il apprend qu’il va remplacer le Père Noël. Il va s’en dire que non seulement, retrouver l’esprit de Noël lui fera se rapprocher de ses enfants, mais également de sa femme qui, conquise, oublie à quel point elle le trouvait gifflable quelques jours plus tôt.

Dans un autre diffusé la semaine dernière, La Liste du Père Noël, Hilarie Burton campe une femme qui porte le même prénom que le Père Noël et reçoit donc une partie de son courrier par erreur, jusqu’au jour où elle trouve dans sa boîte aux lettres la liste de qui a été gentils et qui a été méchants cette année.

Ça lui fait une belle jambe. J’espère au moins que les raisons du classement sont indiquées : c’est beaucoup plus divertissant d’apprendre qu’untel a été « méchant » parce qu’il a uriné dans la piscine et fait boire la tasse à sa grand-mère juste après que de savoir uniquement s’il a été sage ou pas.

telefilm noel mariageAvoir Kyle XY qui te demande en mariage, c’est gentil ou c’est méchant ?

Ces films pour la télé ne sont pourtant pas uniquement faits pour les enfants. Au contraire, même : le coeur de cible est tout à fait majeur. Le Père Noël, ça fait plus du tout rêver depuis qu’on a compris que c’était nos parents qui raquaient.

L’évoquer de façon premier degré dans ces films, c’est comme si c’était un moyen de se dédouaner « au cas où » un enfant passerait derrière le canapé pendant que ses parents regardent la télé et se mettrait à pleurer en criant : « Y A PAS DE PÈRE NOËL DANS TON TRUC ÇA VEUT DIRE IL EXISTE PAS ». Non, attends, non. Ça n’a pas beaucoup de sens non plus.

La vraisemblance, on s’en bat les steaks

Mais y a pas forcément besoin de Père Noël, de lutins ou de chocolat chaud aux marshmallows qui sort de nulle part pour tendre vers l’invraisemblable : l’esprit de Noël y guérit de tout.

Nan mais c’est vrai. Rien qu’en en regardant quelques uns en replay cette semaine pour documenter cet article, j’ai pu voir…

  • Dans Une nouvelle vie pour Noël, (j’entame ici la phrase la plus longue du monde, je préfère te prévenir) un mec partir à New York pour oublier sa rupture et rencontrer l’amour dans les bras de l’assistante d’un autre mec qui avait quitté New York pour oublier sa rupture et a rencontré l’amour dans les bras de la soeur du premier mec avec qui il avait échangé son appartement (c’est comme The Holiday mais en pas cher). Comment c’est possible ? L’esprit de Noël.
  • Dans Le Spectacle de Noël, une metteuse en scène tyrannique qui se fait virer de son spectacle à New York et se retrouve à gérer le show de Noël d’une toute petite ville qu’elle méprise contre une somme importante d’argent (une petite ville, qui paye très bien la mise en scène de son spectacle de Noël. Déjà, on nous fait prendre des vessies pour des panthères). Elle en profite pour retrouver l’amour, se met à aimer la campagne et devient douce comme un bon plaid. Comment c’est possible ? L’esprit de Noël.
  • Dans Leuplubodékado Le plus beau des cadeaux, Crystal, la trentaine bien tassée, qui dilapide l’argent de ses parents pourtant vivants et n’est pas un modèle de sympathie, trouve la lettre au Père Noël d’une petite fille qui demande une épouse pour son père, veuf. Ni une ni deux, Crystal y voit un signe et décide d’aller tomber amoureuse du monsieur qui non seulement n’a rien demandé, mais est en plus déjà en couple. Évidemment, Crystal deviendra soudain humaine et pleine d’amour pour son prochain au contact de son âme soeur qui, quant à lui, réalisera que sa pineco actuelle ne l’aime pas vraiment et que l’amour, le vrai, est dans les yeux de Crycry. Comment c’est possible ? L’esprit de Noël.

le plus beau des cadeaux Guy, soulagé de constater, à la sortie des toilettes, qu’il est guéri de sa gastro. La magie de Noël.

Dans les téléfilms de Noël (qui sont d’ailleurs en grande partie produits par la Hallmark Channel, une chaîne américaine à qui je dois un peu de ma joie des fêtes), tout s’arrange à l’approche du 24 décembre, même si les personnages partent de très loin, même s’ils ont les deux pieds enfoncés dans la fange jusqu’aux genoux.

Tout ce qu’ils souhaitaient leur arrive, en mieux, parce que c’est Noël et que Noël y est la saison des miracles. Et tant pis si dans la vraie vie, ça se passe pas comme ça, tant pis si les scénarios sont bancals : on demande beaucoup moins aux téléfilms qu’aux films, au niveau de la cohérence.

Peut-être parce qu’on a plus tendance à tomber dessus par hasard en passant de chaîne en chaîne et que, du coup, on ne sait pas à quoi s’attendre.

Les téléfilms de Noël nous balancent des histoires sans queue ni tête en pleine face et tu sais quoi ? Je crois que c’est une forme alternative de rock’n’roll. Les téléfilms de Noël, ils pètent au nez de la vraisemblance, comme si c’était la période de l’année où on pouvait tout se permettre. Bon et puis de toute façon, au même titre que les jeux vidéo ne rendent pas plus violents, les téléfilms de Noël ne rendent pas plus neuneus ceux qui les regardent.

C’est pas parce que j’en visionne depuis plus de dix ans que je ne fais rien pour régler mes problèmes dans l’année en me disant que tout s’arrangera une fois arrivé décembre. De toute façon, à partir du moment où t’as déjà eu une gastro le jour du réveillon, tu remets facile en cause toute cette histoire de magie de Noël.

À lire aussi : Les malheureux hasards du calendrier

Alors oui, je n’ai pas honte de le dire : j’aime les téléfilms de Noël. J’aime qu’ils ne soient faits que de bons sentiments et de joie, parce qu’il y a pas de mal à aimer les trucs gentils de temps en temps.

Je les aime parce qu’ils me font le même effet qu’un après-midi passé à regarder la pluie qui tombe tandis que je suis bien tranquille et bien au chaud sous un gros plaid. Ils ont fait des vacances des fêtes de fin d’année les meilleures du monde et m’ont donné envie d’aimer Noël à l’époque où, pré-adolescence oblige, je n’y voyais qu’un repas de famille avec des sets de table dorés.

Et si c’est ton cas à toi aussi, sache que quelque part dans le monde, le jour où le dernier téléfilm de ce type de l’année sera diffusé et que tu seras triste, je serai avec toi. Je te parlerai en regardant les étoiles et tu feras pareil et on verra une sorte d’étoile filante. Et on aura qu’à dire qu’en fait, c’est le traîneau du Père Noël.

Et après, les gens penseront qu’on se drogue.


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Les Commentaires

21
Avatar de Irene Adler
15 décembre 2016 à 08h12
Irene Adler
Moi c'est mon père qui m'a initié au film de noël haha. Depuis j'adore en regarder avec lui. Oui c'est prévisible et un peu répétitif mais c'est trop bien de regarder des films feel-good où tout le monde est heureux.
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