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L’hystérie des soldes – Chroniques de l’Intranquillité

Qui ne s’est pas fait aguicher par les rabais fantastiques et les néons incandescents des boutiques pendant ces deux dernières semaines ? Ophélie, elle, a entièrement cédé à la tentation des promotions et elle vous parle de son rapport aux soldes ce dimanche, saint jour de non-consommation.

Il y a des sujets que je prends très au sérieux, la traduction des romans étrangers en français, la lutte des classes et le premier jour des soldes – entre autres choses. Je ne sais pas si vous avez cédé à la tentation semestrielle, moi qui suis d’ordinaire si réfléchie et circonspecte je perds toute modération deux fois par an.

Mon palpitant s’emballe à la vue des premières soldes privées que l’on m’annonce par mail ou par sms une à deux semaines avant le grand jour. J’ai l’impression que les marques cherchent à me maintenir dans un état de pression permanent afin de me laisser, déjà lessivée, dans les cabines d’essayage le dernier mercredi de juin.

D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais manqué un premier jour de soldes. C’est une tradition que ma mère avait instauré lorsque j’étais enfant. Certaines familles se transmettent la recette de la blanquette de veau en héritage, chez moi on perpétue l’engouement chiffonnier.

Je fais partie du crew qui se lève à l’aube, marche d’un pas pressé vers les devantures encore grillagées et fume des clopes en clopinant sur le trottoir humide. Car j’estime que passé treize heures il n’y a plus de salut, les vrais, les puristes des rabais inouïs sont là dès l’ouverture, l’oeil vif, la truffe humide et les ongles acérés.

J’essaie, tant bien que mal, de préserver ma part d’humanité en cette sainte journée, mais le challenge se révèle ardu. Si je suis aimable et souriante dans les trois premiers magasins mon moral décroît avec le niveau de mon compte en banque. La lassitude et la fatigue des promotions décevantes entraînent mon irritabilité car j’ai beau imaginer des affaires incroyables je sais pertinemment que Zara ne baissera ses prix que de dix euros et que les -30 % seront légions sur les étiquettes rouges.

L’enfer c’est pas seulement les autres

Non, en vérité, l’enfer, c’est mon caractère exécrable qui s’intensifie au fil des heures. J’en viens à ne plus supporter personne après m’être confrontée trop longtemps à la sueur des uns et à l’indécision des autres.

  • Les filles qui passent trois heures en cabine d’essayage : qui sont-elles ? Pourquoi tant de lenteur ? Est-ce une vengeance dont la violence est proportionnelle au temps d’attente qu’elles ont elles-mêmes essuyé ?
  • Les clients qui ne sortent pas leurs portefeuilles avant d’arriver aux caisses : je passe en moyenne plus de temps aux caisses qu’à choisir mes articles, la faute à ces femmes sur-chargées de sacs qui perdent de précieuses minutes à fouiller au fond de leur Darel à la recherche de leur carte bleue. Moi je prépare d’avance ma monnaie, ma carte de fidélité et ma carte d’identité au cas où la police m’interpellerait – pour meurtre.
  • Celles qui arrachent les vêtements des cintres, les cintres des portants, les portants des murs. Celles qui sont sans pitié ni empathie pour les clientes suivantes, qui s’en fichent de jeter à terre les frusques qu’elles envisageaient d’acheter un instant plus tôt. Tant pis s’il manque un bouton à cette robe blanche ornée d’une trace de chaussure sur le décolleté.
  • Les asiatiques (n’y voyez aucune stigmatisation, il y a des européens qui se conduisent tout aussi vilement – cependant je rencontre souvent des regroupements d’asiatiques hystériques ce jour-là, je ne sais pas pourquoi.) chez Sephora qui dévalisent les casiers promotionnels en remplissant leurs paniers avant de semer dans le magasin les produits dont elles ne veulent finalement pas.

L’annihilation de tout esprit critique

Pour affronter un premier jour de soldes tout est question d’organisation et de méthode, il faut savoir où on va, quand est-ce qu’on y va et surtout pourquoi est-ce que nous y allons. Il y a des philosophes qui sont morts avant d’avoir répondu à la moitié de ces questions, c’est dire si le sujet est complexe.

Personnellement je me fixe toujours des objectifs, ou à défaut, je me fixe au moins des limites. Cependant, dans l’hystérie collective qui croît au rythme de la musique assourdissante régnant dans certaines enseignes, je perds parfois un peu le fil de ma raison.

  • L’achat en lot : « C’est pas cher, j’en prends deux. » C’est comme ça que je finis par posséder des cargaisons de débardeurs identiques ne variant que par la couleur et que je ne met pas car j’ai l’impression d’être toujours habillée pareille lorsque je les porte.
  • L’achat compulsif : « Bon sang, -70%, c’est une affaire. » Non, c’est probablement une nippe importable dont personne ne veut, la marque n’ayant même pas la décence d’attendre avant de baisser son prix, ils cherchent visiblement à s’en débarrasser rapidement, comme d’un cadavre compromettant.
  • L’achat indécis : où la pièce que l’on a déjà essayé hors-solde, dont l’acquisition nous a taraudé l’esprit, mais que l’on a pas acheté parce qu’on ne trouvait pas le vêtement si bien que ça. Et qui ne nous ira toujours pas « si bien que ça » une fois en soldes. Donc qu’on ne portera pas. Mais qu’on achètera quand même, comme s’il s’agissait là d’une REVANCHE.
  • L’achat incongru : j’ai des robes H&M de princesses, elles sont longues, vaporeuses, couleur rose tendre, avec des fleurs et de la dentelle. Comme je ne suis ni blogueuse mode, ni nymphe des bois à mes heures perdues, je n’ai aucune occasion de les mettre à moins d’organiser une soirée sur le thème des contes de fée, où je ferais assurément fureur.
  • L’achat trop cher même soldé et qu’on achète tout de même : je pense que les notions de prix et de qualité sont trop variables pour qu’on puisse en tirer un aphorisme fiable, toutefois j’aime parfois me laisser berner en pensant que j’investis dans l’avenir en choisissant un pull-over griffé.

Les soldes flottantes n’ont jamais étanché ma soif de nouvelles démarques. J’ai beau avoir connaissance de ces pièges futiles, chaque année et par deux fois je replonge. Lorsque Princesse tam-tam m’annonce de nouveaux rabais encore plus avantageux que les premiers je me sens le devoir de retourner en boutique quand bien même je n’y avais absolument rien trouvé la première fois.

Je pense que mon cas est irrémédiablement perdu mais je vous transmets ce témoignage qui traversera les siècles (je n’en espère pas moins) et qui permettra peut-être aux générations futures de se guérir de cette sur-consommation dangereuse.


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Les Commentaires

10
Avatar de Callie.
15 juillet 2012 à 01h07
Callie.
Comme beaucoup je me reconnais dans l'article cette année je bossais et je n'ai pas pu prendre de jour de congé, eh ben tant pis j'ai quand même fait l'ouverture de sépho à 8h vu que je commençais à 9h et j'y suis retournée le midi et le soir ! (mais je bosse juste à côté, ça m'excuse).
Je me fixe pas vraiment de limite, cet été j'ai choisi de miser sur des basics pas donnés (avec enfin un vrai salaire pour faire les soldes ) et même si j'ai dépensé encore plus que d'habitude je sais que ce sera des habits que je garderais dans le temps et pas moult vêtements achetés sur un coup de tête que je vais pas mettre .
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