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Culture

Ces chanteurs français qui ont survécu à mon enfance… et reviennent en 2015

Quand elle était petite, Léa écoutait malgré elle (ou grâce à ses parents) de la chanson française. Les vieux briscards de son enfance reviennent dans les bacs de disque en 2015, et elle en est toute émue !

Une grande partie de ce qui nous forge nous est souvent apportée par nos parents. Pour la culture musicale, notamment, difficile de prétendre que votre serviteuse a fait ses choix propres avant l’adolescence, à une époque où Internet était un truc abstrait et où il fallait allumer M6 à la bonne heure pour espérer entrevoir un clip entre deux pubs ! J’ai donc été élevée au son de la radio, et notamment à celui de France Inter, RTL, Nostalgie et autres bandes FM qui diffusent essentiellement de la chanson française.

À lire aussi : Ces chanteurs français qu’il est bien vu de détester (et pourquoi c’est un tort)

Après les avoir décriés lors de la puberté, j’ai fini par apprécier (en l’assumant plus ou moins,) que dis-je : par kiffer intensément certains représentants de cette catégorie musicale que l’on nomme « chanson française ». Et puis Internet aidant, ouverture des horizons, tout ça, ils finissent par retomber dans les affres de mon baladeur… Mais en cette année 2015, je réalise que les héros de la bande-son de mon enfance n’ont pas disparu — mieux : ils sortent encore des disques ! Et, fi de la ringardise, des chouettes disques.

Alors entre deux clips de Rihanna et un album d’électro suédoise expérimentale, voici les chanteurs français qui ont bercé mes oreilles de gamine et sont toujours vivants (au moins musicalement) en 2015 !

Charles Aznavour, emmène-moi au bout de la Terre

Charles Aznavour avait déjà une bonne trentaine d’années lorsque le succès lui a ouvert la porte : il avait auparavant fait de la figuration au théâtre et au cinéma, puis fait le tour des cabarets. Charles Aznavour, c’est de la chanson française qui passe dans les manuels scolaires, c’est du romantisme comme on en fait plus assez, torrentiel mais pas dégoulinant, c’est du vintage indémodable dont tu ne peux pas te lasser.

C’est l’homme vibrant qui chante Emmenez-moi, Non, je n’ai rien oublié, La Bohème, Mes emmerdes, bref : une machine à tubes à papa, mais avec la classe qui fait que tu peux le ranger parmi tes classiques. Ce n’est probablement pas pour rien que les Enfoirés ou les diverses émissions télévisées qui forment des popstars à la pelle reprennent régulièrement ses chansons, sans jamais lui arriver à l’angle de la malléole !

Charles Aznavour a désormais un âge canonique (91 ans), qui commence à se déceler dans sa voix. Si elle est encore capable de grandes envolées, elle se brise parfois dans les notes basses et mon coeur en fait autant. Mais il est là et bien là, s’apprête à repartir en tournée, et a sorti début mai Encores, qui est son… 51ème album ! Eh ouais, Charles explose tous les records.

Le premier extrait s’intitule Avec un brin de nostalgie, et rassemble tout ce que j’aime chez Charles Aznavour, à savoir des paroles joliment modelées, une diction bien particulière, un vibrato touchant mais jamais exaspérant. La chanson m’inspire tout ce que son titre laisse imaginer : le chanteur évoque la nostalgie de son passé, j’ai pour ma part à l’écouter celle du temps où il était (relativement) jeune et fringuant et où sa musique me semblait éternelle…

Francis Cabrel, je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai

J’ai toujours eu une tendresse particulière pour les chansons de Francis Cabrel, cet auteur-compositeur extrêmement discret dont on n’a pas su grand-chose pendant longtemps : qui, en-dehors du Lot-et-Garonne, se souvient qu‘il a un jour été conseiller municipal de sa ville ? Ou qu’il a remporté un radio-crochet en 1974, ce qui lui a permis de se lancer en solo après une première expérience avec un groupe local ?

Son accent made in Agen (qui « sent le soleil » selon le cliché bien connu), sa guitare sèche, ses paroles parfois à double sens, sa poésie qui n’en a pas l’air comme ça tellement l’écriture de ses textes paraît évidente m’ont fait aimer le Francis Cabrel moustachu des années 1980. Petite Marie, L’encre de tes yeux, Je t’aimais je t’aime et je t’aimerai, Encore et encore… à moins d’avoir vécu dans un igloo, il est peu probable que ces titres t’aient tous échappé.

Puis est venue l’évolution, le dépouillement avec l’album Des Roses et des Orties. Francis Cabrel, c’est comme le vin, ça vieillit drôlement bien.

C’est à la fois le baladin qui verse sur ta vie des milliers de roses, et celui à qui on a pu apposer l’étiquette de chanteur engagé. Il a l’âge de la retraite, mais certainement pas celui d’arrêter de jouer de la guitare et de donner de la voix. Francis Cabrel a sorti un nouvel album en avril, baptisé In Extremis. Le chanteur en a balancé quelques extraits au compte-gouttes sur YouTube (impossible de le trouver sur un site de streaming musical légal), et de tous ces aperçus, c’est Partis pour rester qui m’a donné envie de revenir à sa musique.

Des voix qui jouent sur les harmoniques, une rythmique dynamique, des allitérations qui s’amusent avec les tasses et les « quand même » et t’incitent à réfléchir… Non, vraiment, je ne suis pas déçue — sauf peut-être par son manque d’affinités avec l’Internet !

À lire aussi : La chanson française engagée, sa petite histoire et ses combats

Alain Chamfort, j’ai la fièvre dans le sang

Alain Chamfort n’était pas tout à fait l’homme de mon enfance, même si quelques effluves de La Fièvre dans le sang ont bien dû arriver jusqu’à mes chastes esgourdes, et même si Le Temps qui court passait à la radio. Alain Chamfort a marqué les années 80 et a longtemps été catégorisé comme un chanteur pour minettes (traduire : un mot un peu naze pour qualifier nos mamans quand elles étaient jeunes et groupies), ce qui est dommage car il a bien plus à montrer.

Plus jeune, il a fait du piano classique, et au début de sa carrière, a accompagné Jacques Dutronc au clavier. Il a aussi été signé sur le label de Claude François : en somme, des contacts pas trop dégueu. J’ai véritablement redécouvert Alain Chamfort lorsqu’il s’est fait virer par sa maison de disques en 2003, laquelle estimait qu’il ne rapportait pas assez, et qu’il a sorti le clip Les Beaux Yeux de Laure en pompant un concept de Bob Dylan.

Alain Chamfort peut aussi faire de la chanson française planante et sexy, des duos, susurrer de manière mélancolique ou fredonner pour la cause des femmes.

Et Alain Chamfort est encore est toujours présent malgré les années qui défilent. En avril 2015, il a sorti son album éponyme, douze ans après le précédent, et dont une bonne partie des chansons ont déjà été distillées sur YouTube. J’te dirai jamais je t’aime est sans doute l’une de mes favorites parce qu’elle rassemble tous les codes de la chanson française : piano simplissime, paroles murmurées, chagrin d’amour… Alain Chamfort s’inscrit dans la cour de tous les Alain qui chantent dans la langue de Molière !

Alain Bashung, notre petite entreprise ne connaît pas la crise

Alain Bashung est un pur produit parisien élevé en Alsace, d’où sans doute sa gouaille un peu traînante que j’aime tant. Dire que ses études le destinaient à la comptabilité ! Heureusement, il a monté un groupe de rock avant de se lancer en solo. Alain Bashung, j’aime sa poésie, ses mots qui s’accumulent alors qu’ils ne sont pas fait pour aller ensemble (ce n’est pas pour rien qu’il a bossé avec Serge Gainsbourg), ses mélodies toujours surprenantes, sombres et déstructurées.

Qu’il s’agisse de groover sur Gaby ou Osez Joséphine, de s’émouvoir sur La Nuit Je Mens ou de faire des choses de son corps pour Madame Rêve, il y a un peu de Bashung pour tous les moments de la vie, surtout les plus graves.

Alain Bashung est décédé en 2009, d’un cancer du poumon, à 61 ans. Sa dernière apparition chapeautée aux Victoires de la Musique m’avait fait tant de peine que pour la décrire je ne trouve pas les mots, pas même les mots bleus qu’on dit avec les yeux. Donc non, Alain Bashung n’a pas survécu au temps qui est passé depuis que j’ai grandi.

Mais sa maison de disque continue à sortir régulièrement des best-of ou des albums remasterisés. On pense ce qu’on veut de cette méthode, mais elle est aussi l’occasion de présenter aux publics des titres inédits.

Quelques-uns ont été dévoilés lors de la parution de la version SuperDeluxe de l’album remasterisé Osez Joséphine, sorti en 1991. Parmi ceux-là se trouve Les lendemains qui tuent, enregistrée pour la bande-annonce d’un film éponyme en 1993. Mais aussi Stoned, un titre inédit dont le sang et le charme à la Bashung sont indéniables. Un prénom de femme peu commun égrené au fil des mots, des cordes blues-rock, des voyelles nasales… tout pour plaire.

Et pour rappeler que le talent ne meurt jamais vraiment.

Un bonus de cet article est à retrouver dans la Pause Culotte de demain, mardi 2 juin 2015 ! Abonne-toi, c’est vraiment très très chouette.

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Les Commentaires

12
Avatar de Margueritte
3 juin 2015 à 10h06
Margueritte
Et c'est parti pour la playlist "Classiques de la chanson française" au boulot!

J'entendais la nouvelle chanson des Innocents sur Ouï Fm en ce moment et je me demandais qui chantaient cette chouette chanson, m'en voilà ravie!
Pour les parisiennes, ils seront en concert gratuit le 25 juin Place de la République (et Cali aussi <3 ! ) :
http://www.infoconcert.com/festival/oui-fm-festival-2109/concerts.html
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