Invitée de l’émission Face à BFM en direct sur la chaîne et sur Twitch ce mercredi 23 février, la candidate des Républicains Valérie Pécresse a voulu à nouveau montrer qu’elle a à cœur de se placer comme la candidate qui défendra les femmes. En parlant, chose rare, de l’agression sexuelle qu’elle a elle-même vécue.
« Il m’a sauté dessus » : Valérie Pécresse raconte une agression sexuelle
« Aujourd’hui les femmes parlent, et vous d’ailleurs saluez cette libération de la parole. Valérie Pécresse, qu’est-ce qui vous est arrivé ? » interroge Bruce Toussaint.
« J’ai fait la bêtise que font beaucoup de jeunes femmes naïves, candides, qui croient que l’humanité est bonne. J’étais dans un immeuble, j’ai fait le code et j’ai laissé rentrer derrière moi un jeune homme. Il n’y avait pas d’ascenseur dans cet immeuble, donc j’ai monté les escaliers, et il m’a sauté dessus dans l’escalier. »
Aujourd’hui, Valérie Pécresse n’hésite pas à parler d’un « choc » :
« Je pense que toutes les femmes qui écoutent me comprennent. Ça a été la fin de la naïveté. Et ça c’est quelque chose de très fort chez moi, je sais ce que c’est que de se dire quand on est dans la rue […] qu’on peut pas se promener en jupe toute seule, qu’on doit pas rentrer quelqu’un dans un immeuble avec soi. »
Et comme pour ramener le sujet à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse conclut par ces mots :
« Avoir une femme présidente de la République pour la première fois, ça ne peut pas être sans conséquence pour la vie des femmes. »
Une séquence inimaginable avant #MeToo
Imagine-t-on une séquence pareille pendant la campagne de 2007 avec par exemple une candidate comme Ségolène Royal ? Ou même en 2017, alors que l’on ne soupçonne même pas l’étendue de la libération de la parole sur les violences sexistes et sexuelles qui va advenir quelques mois plus tard ?
On peut tout à fait imaginer à quel point une candidate aurait fait face à toute sorte de remarques et de critiques, l’accusant au hasard de vouloir attirer la sympathie ou l’attention, faire pleurer dans les chaumières, ou mentir tout simplement. Sa parole aurait-elle été prise au sérieux ? Ou se serait-elle retournée contre elle ?
Assurément, le fait qu’en 2022, une candidate à la présidentielle se dise qu’elle peut aborder ce sujet, qu’elle puisse revenir sur ce moment de sa vie, et en plus en faire un sujet dans sa stratégie de campagne, et être saluée pour son courage, tout cela montre que l’attention sur la lutte contre les violences faites aux femmes est un enjeu incontournable.
Valérie Pécresse continue sur sa lancée de candidate qui défendra les intérêts des femmes
Au vu de la question et de la façon dont elle est posée (un frontal et direct « qu’est-ce qui vous est arrivé ? » qui amène forcément à partager une anecdote déterminante et intime dans son parcours personnel et la rapidité avec laquelle Valérie Pécresse revient sur ce souvenir), il est permis d’imaginer que revenir sur cette séquence est a minima préparé dans la tête de la candidate.
Est-ce le cas ?
Il faut rappeler que Valérie Pécresse elle-même affirme avoir déjà évoqué cette agression sexuelle sur le plateau d’On n’est pas couché, en 2010, dans une séquence finalement coupée au montage. Elle dit aussi avoir essuyé, alors, les ricanements d’Éric Zemmour, chroniqueur de l’émission à l’époque.
L’émission politique de BFM est suivi d’un débriefing avec les journalistes politique Marie-Pierre Bourgeois et Alexis Cuvillier, dans lequel il et elle reviennent avec l’invitée sur les séquences marquantes de l’interview.
Celle où Valérie Pécresse parle de son agression est évidemment abordée. « À ma connaissance, c’est la première fois qu’une femme politique le fait, s’exprime en ces termes », analyse Marie-Pierre Bourgeois, avant de revenir sur ce geste « courageux ».
« J’avais pas prévu d’aller là-dessus du tout, c’est Bruce Toussaint qui est venu me chercher » assure Valérie Pécresse avant s’ajouter :
« J’ai un immense regret. Ce type, je suis pas allé au commissariat le dénoncer. Parce que j’avais 22 ans, parce que j’étais en jupe courte, parce que je me suis dit qu’est-ce qu’ils vont me dire les policiers ? »
Elle revient sur la culpabilité qu’elle a ressentie et affirme que beaucoup de femmes sont dans cette situation là.
« Portez plainte ! » assène-t-elle. Les récentes enquêtes sur les conditions d’accueil des victimes de violences conjugales dans les commissariats, ou le mouvement #DoublePeine montrent cependant que porter plainte n’est pas toujours possible, si tant est qu’on en est la volonté et la force.
Après la fameuse séquence face à Jean-Jacques Bourdin, depuis mis en retrait par la chaîne, Valérie Pécresse montre encore sa volonté de toucher les femmes sur cette question.
En se livrant sur cette agression, elle joue une nouvelle carte dans cette direction pour se démarquer de ses adversaires dans la campagne. Mais elle montre aussi l’évolution en quelques années de la prise en compte des violences faites aux femmes sur le terrain politique.
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Crédit photo : BFM (Twitch)
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Les Commentaires
Mais je suis encore plus choquée (mais pas surprise) par les réactions : "mon dieu elle a dit qu'elle avait fait preuve de naïveté et de manque de prudence c'est une insulte aux femmes. "
Et bien non, je regrette. Elle parle de son expérience, elle n'a pas dit que l'agresseur était un saint et que c'était de sa faute à elle, elle ajoute même qu'elle aurait du le dénoncer. Elle décrit juste un fait : elle ne se croyait pas en danger, mais elle l'était.
Peu importe si ses mots sont mal choisis, venant d'une communauté militante sur le thème qu'il faut protéger les victimes, la victime justement en prend plein la tronche parce qu'elle n'a pas utilisé les bons termes !?
Si une jeune fille se fait agresser devant vous et a le malheur de dire, encore choquée : "je n'avais pas bien fermé la porte derrière moi' (sans ajouter explicitement 'donc c'est de ma faute'), la règle c'est qu'on ne la soutient plus on lui dit qu'elle n'est pas féministe?
bref je caricature bien sur.
Tout ça pour dire que je suis désolée pour elle, mais que c'est dommage que cette sortie soit calculée pour appâter l'électorat féministe (pas avec tant de succès que ça lol)