Elle avait pourtant clamé à quel point elle la « détestait » cette expression de « grand remplacement ». Mais ça ne l’a pas empêchée de l’utiliser haut et fort ce dimanche 13 février, date de son grand meeting parisien.
Valérie Pécresse a asséné d’une voix tour à tour tonitruante et étrangement mécanique (donc beaucoup raillée sur les réseaux sociaux) :
« Dans dix ans, serons-nous encore la septième puissance du monde ? Serons-nous encore une nation souveraine ou un auxiliaire des États-Unis, un comptoir de la Chine ? Serons-nous une nation unie ou une nation éclatée ?
Face à ces questions vitales, pas de fatalité. Ni au grand remplacement ni au grand déclassement. Je vous appelle au sursaut. »
Depuis, la candidate s’empêtre dans ses justifications.
Oui, elle a bien utilisé cette expression qui relève des idéologies d’extrême-droite complotistes, allègrement relayée et soutenue par Eric Zemmour, et qui a servi de justifications à des terroristes suprématistes comme l’auteur de la tuerie de la mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande en 2019. Mais ce n’est pas ce que vous croyez, jure-t-elle…
« Grand remplacement » et « Français de papier » : le vocabulaire de l’extrême-droite repris par Valérie Pécresse
En effet, on aurait pas ou mal compris son propos, comme Valérie Pécresse a tenté de l’expliquer hier soir sur le plateau de France 2.
« Je suis le vrai rempart républicain à la théorie du grand remplacement », assure-t-elle sans vraiment convaincre.
Pourtant, difficile d’être crédible quand on ajoute « Je ne le légitime pas [le grand remplacement, ndlr], puisque je dis que je n’en veux pas », alors qu’on le répète à l’envie.
Valérie Pécresse est reprise par Anne-Sophie Lapix à plusieurs reprises, à propos d’un autre terme cher à l’extrême-droite : celui de « Français de papier » pour désigner les personnes d’origine étrangère qui acquièrent la nationalité française, en opposition aux personnes nées en France.
Des petites phrases qui en disent long, finalement, sur la volonté de Valérie Pécresse de ne pas laisser s’échapper par la droite un électorat qui ne la jugerait pas assez ferme sur la sécurité ou sur l’immigration.
Ménager la chèvre centriste et le chou Le Pen-Zemmour
La candidate LR s’en défend, estimant que la polémique liée à ses propos est une stratégie pour l’attaquer et faire en sorte de l’exclure d’un duel Emmanuel Macron-Marine Le Pen.
« C’est une polémique montée avec une expression que j’emploie depuis des mois pour dire que je lutte contre ce grand remplacement. »
OK, on est perdues : si une personnalité politique dit « lutter contre le grand remplacement », alors c’est bien qu’elle trouve que c’est une théorie crédible, non ?
Et trois secondes plus tard, voilà que Valérie Pécresse affirme qu’elle ne « légitime pas le terme » puisqu’elle « n’en veut pas », tout en enchaînant direct sur sa volonté de « contrôler l’immigration incontrôlée ».
« C’est une théorie complotiste, une théorie pour faire peur », avance-t-elle finalement avant d’embrayer sur les « territoires perdus de la république ». Toutes ces circonvolutions pour en arriver là… Et qui laissent à penser que Valérie Pécresse tente de garder près d’elle toutes les tendances de la droite, d’un centre plus modéré aux franges qui pourraient basculer vers un vote à l’extrême-droite.
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Les Commentaires
Mais bon, personnellement je ne lis et ne regarde presque jamais les infos, c'est ma manière de ne pas être influencée (et incroyablement déprimée). Je pense que plus de gens gagneraient à faire de même.
Effectivement, ce n'est pas parce qu'on accepte des immigrés que leurs problèmes seront réglés non plus. Ce ne sont pas des choses qui se régleront facilement du jour au lendemain en prenant des mesures simplistes je suis d'accord.
Après je ne fais pas confiance aux méthodes des États-Unis non plus donc je ne les prendrai pas en modèle (et ils ont une histoire très différente de la nôtre), de même pour l'Australie qui n'a pas l'air si mesurée à mon avis (beaucoup de problèmes de drogue et de violence dans les quartiers non riches, où pas mal d'immigrés se retrouvent du coup, et leur politique n'est pas trop dans l'intérêt de garder leurs cultures non plus) -je ne sais pas pour le Canada, mais étant donné que c'est un pays puissant, il y a de très fortes chances que je n'approuve pas trop non plus haha
Pour moi les solutions seraient plus du côté d'arrêter tout ce qui est mondialisation, capitalisme et libéralisme, arrêter de considérer le travail comme le propre des êtres humains aussi et comme quelque chose qu'ils doivent aux autres en général, retrouver des proportions plus humaines pour ne plus être des chiffres sur un tableau et rétablir plus d'empathie. Ce serait une entreprise plus longue, peut-être plus complexe, mais meilleure et plus durable je pense.