En juillet 2020, la Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE) publiait une enquête sur la situation des jeunes face à la crise sanitaire et sociale, dans une France bouleversée par la pandémie. Le rapport témoignait d’une situation critique, pour la santé mentale et financière de la jeunesse.
9 mois plus tard, la FAGE publie un second opus sur la même question. L’étude, intitulée Un an après : l’urgence d’agir pour ne pas sacrifier la jeunesse, interroge les 18-25 ans de la même manière que la précédente. Les résultats sont clairs : en presque un an, la situation s’est dégradée.
Comment se projeter dans l’avenir en 2021 ?
C’est une des questions principales du rapport : comment les jeunes se projettent-ils dans l’avenir un an après le début de la crise ? En interrogeant les étudiants et actifs de moins de 25 ans, l’enquête met en exergue une chose : l’incertitude des jeunes face à la réussite de leurs projets, face à des conditions d’études et de recherche d’emploi toujours plus précaires.
Ainsi, alors que 94% des étudiants déclarent avoir ressenti un décrochage (plus ou moins long) dans leurs études, ils sont aujourd’hui 67% (soit 22% de plus qu’en 2020) à s’inquiéter de la dévalorisation de leur diplôme sur le marché de l’emploi.
Or, ce marché du travail porte une importance capitale dans la manière dont les jeunes se projettent dans l’avenir. 65% des jeunes en recherche d’emploi estiment en effet que leur risque de connaître une situation de précarité est élevé — un constat qui n’est peut-être pas sans lien avec les difficultés financières ressenties par 72% des jeunes depuis 2020, et dont on ne peut qu’imaginer l’impact au quotidien…
Entre 2020 et 2021, la santé mentale des jeunes s’est dégradée
Si les statistiques sur
la santé mentale des jeunes sont accablantes, on retrouve dans l’étude une constante inquiétante : depuis 2020, les chiffres sont pour la majorité en augmentation, ce qui veut dire que la situation s’est encore dégradée.
Les étudiantes et étudiants sont 83% (pour 76% des jeunes actifs) en tout à avoir senti leur état psychologique, affectif ou physique se fragiliser. Pour l’une et l’autre de ces catégories, la proportion qui déclare se sentir en proie au stress, aux baisses de moral, ou à la nervosité à augmenté d’environ 10% depuis 2020.
De manière encore plus inquiétante, plus d’un quart des interrogés affirme avoir eu des pensées suicidaires depuis le début de la crise. Chez les étudiants, ce chiffre atteint 31% avec une hausse de dix points sur la dernière année.
Pour les étudiants salariés, une détresse qui s’accentue
Précarisés par la crise, et souvent en proie à des conditions d’études plus difficiles que celles des autres, les étudiants qui travaillent en parallèle de leurs études expriment une détresse encore plus grande. Au sein de cette population, c’est une proportion de 40% des interrogés qui exprime avoir eu des pensées suicidaires depuis le début de la crise.
Ils et elles sont par ailleurs 87%, soit l’immense majorité, a déclarer s’être senti tristes, déprimées ou désespérées dans les deux dernières semaines, un pourcentage de 13 points plus élevés que pour les étudiants et étudiantes non salariées. Des chiffres accablants quand on sait qu’au sein de ce groupe, 52% affirment avoir des difficultés à financer des actes médicaux ou des médicaments.
Face à cette aggravation de la situation des jeunes, la FAGE dénonce un manque de moyens structurel et des mesures jusqu’ici insuffisantes face à l’ampleur de la crise. La fédération d’associations étudiantes appelle à repenser intégralement les aides sociales pour les jeunes, et à leur offrir des droits plus grands : en termes financiers avec la garantie jeunes universelle entre autres, mais aussi en termes d’accompagnement à l’orientation et à l’insertion professionnelle. Des mesures indispensables dans un climat où les inégalités s’aggravent.
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