Samedi soir, la tik tokeuse Ophenya, suivie par 5 millions d’abonnés sur la plateforme et 800 000 personnes sur Instagram, a vanté les mérites d’une application de dating pour ados lors d’un live très regardé. L’idée, brillante selon elle : « trouver qui crush sur toi en secret ». Les utilisateurs sont invités à répondre à des questionnaires anonymes au sujet de leurs camarades de classe, puisqu’en théorie, l’appli est réservée exclusivement aux 10-21 ans, collégiens et lycéens pour la majorité.
Derrière cette vidéo, se cache surtout un partenariat commercial aux termes obscurs, qui a permis à l’appli, Crush, de se faire une place de choix sur l’App Store et le Google Play Store, en dépit des risques pour la sécurité de ses (très) jeunes utilisateurs.
Un partenariat déguisé et des failles de sécurité
En compagnie de Marc Allain, fondateur de Crush, la jeune femme a donc fait la promotion de l’application bien qu’aucune mention n’indique qu’il s’agissait d’un partenariat (chose pourtant obligatoire légalement). Si la vidéo du live a depuis été retirée, la polémique n’a pas tardé à enfler, avec de nombreux internautes pointant du doigt des failles dans le système de vérification d’âge d’inscription, et craignant que l’application ne devienne un repère pour les pédocriminels.
Autre point de vigilance, la géolocalisation. Ce que soulignent nos confrères de BFMTV : « Dès la création du compte – sans vérification que l’âge renseigné soit le bon, l’internaute est contraint d’accepter d’être géolocalisé, et invité à transmettre l’ensemble des contacts de son carnet d’adresse. Des données personnelles particulièrement sensibles, lorsqu’il s’agit de mineurs. L’application a par ailleurs vocation à être utilisée au sein d’un même établissement. Ainsi, chaque internaute – y compris ceux qui sont potentiellement malveillants – peut avoir accès à des listes de noms d’adolescents, accolés au nom de leur école ou collège. En revanche, la plateforme ne permet pas d’envoyer des messages privés. »
Changement de stratégie pour se racheter une nouvelle image
À tout cela s’ajoute un modèle économique douteux, réclamant aux utilisateurs 3,99 euros par semaine pour « savoir qui les admire en secret » mais aussi une course à qui mettra l’avis le plus positif dans l’app store pour booster les stats (et donc les ventes) de l’application.
Suite aux retours très critiques des internautes, Ophenya a republié de nouvelles vidéos en compagnie de Marc Allain, cette fois-ci correctement étiquetées comme « partenariat commercial », dans lesquelles il n’est plus question de rencontres amoureuses et de jeux de séduction. Interrogé par Tech&Co, le fondateur de l’appli a d’ailleurs totalement changé d’argument commercial, assurant que Crush n’est en réalité qu’une plateforme visant à lutter contre l’exclusion et le harcèlement scolaire, par le biais de sondages positifs, modérés par ses équipes. Mardi, une mise à jour de l’application est venue compléter ces déclarations, avec un nouveau logo plus neutre (exit le flamme violette du design précédent) et un resserrage de la cible : si la tranche d’âge 10-21 ans permettait de mettre en lien de très jeunes pré-adolescents avec de jeunes adultes majeurs, l’application est à présent destinée au 13-18 ans.
En août dernier, une autre application du même genre, Rencontre Ados, avait fait l’objet d’une centaine de signalements au ministère de l’Intérieur, avant d’être finalement supprimée du Google Play store. En amont, de nombreux parents avaient partagé sur les réseaux sociaux des captures d’écran de discussions issues de l’appli, où l’on pouvait voir des adultes faire des sous-entendus sexuels à des utilisateurs mineurs, certains proposant même des faveurs sexuelles rémunérées. Le manque de modération (3 modérateurs pour 285 000 utilisateurs) avait notamment été mis en cause. Un sujet qui reste totalement flou pour la nouvelle appli, Crush.
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