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« The Prom », la comédie musicale queer de Ryan Murphy : cucul ou nécessaire ?

Ryan Murphy abandonne quelques instants les petits et grands cynismes de ses séries horrifiques pour prôner la tolérance dans la comédie musicale queer The Prom. L’intention est belle, mais le film est-il bien ?

Ryan Murphy délaisse quelques instants l’horreur pour sortir de sa manche une comédie musicale en grandes pompes à paillettes.

Cousu de fil blanc (satiné) et brodé de bons sentiments, ce nouveau projet est-il cucul ? Nécessaire ? Ou les deux ?

The Prom, qu’es-ce que c’est ?

The Prom, c’est le tout nouveau bébé du très prolifique Ryan Murphy qui sortira le 11 décembre sur Netflix.

Celui qu’on connait essentiellement pour ravir chaque année le petit écran d’une miriade de séries originales parmi lesquelles American Horror Story, Nip/Tuck, Glee, Ratched, Hollywood et j’en passe, s’attaque cette fois-ci à un long-métrage de 2h.

Pour son nouveau projet, le showrunner n’a pas fait les choses à moitié et a décidé purement et simplement d’adapter une comédie musicale de Broadway, qui a cartonné aux States lors de sa sortie en 2018.

Des codes esthétiques et du message du show initial, le réalisateur a tout conservé, nous permettant de capter un peu de l’univers pailleté de l’avenue la plus célèbre de New-York tout en restant sur notre canapé.

Avec le thème de sa nouvelle création, Ryan Murphy continue d’œuvrer en faveur de l’acceptation des minorités, comme il l’avait si savamment fait dans Ratched et Hollywood.

The Prom, de quoi ça parle ?

Stars de la scène new-yorkaise, Dee Dee Allen et Barry Glickman traversent une véritable tempête : le dernier spectacle qu’ils ont monté à Broadway à grands frais est un échec retentissant qui a soudain réduit leur carrière à néant.

Dans le même temps, au fin fond de l’Indiana, Emma Nolan, lycéenne, connaît un chagrin d’un tout autre ordre – malgré le soutien du proviseur, la responsable de l’association des parents d’élèves lui a interdit de venir au bal de fin d’année avec sa petite amie Alyssa.

Lorsque Dee Dee et Barry comprennent qu’ils peuvent faire de l’épreuve d’Emma une cause à défendre – et ainsi redorer leur image de marque –, ils mettent le cap sur l’Indiana, en compagnie d’Angie et Trent, deux autres comédiens cyniques cherchant à faire redécoller leur carrière.

Mais quand leur militantisme opportuniste se retourne contre eux de manière inattendue, la vie des quatre acteurs est chamboulée – et ils se mobilisent pour offrir à Emma une soirée où elle peut enfin assumer son identité au grand jour.

The Prom, une comédie musicale queer

The Prom n’est pas le fruit de l’imagination de ses créateurs. Non, The Prom est une histoire vraie.

Celle de Constance McMillen, une étudiante d’Itawamba Agricultural High School à Fulton, dans le Missouri, qui s’est vue refuser l’accès du bal de promo pour avoir demandé à sa petite copine d’être son date.

En 1952, vous vous demandez ? Non, non, en 2010.

Alors que l’homophobie court toujours nos rues, Ryan Murphy, connu pour son engagement auprès de la communauté LGBTQ, s’empare de The Prom et en fait un véritable pamphlet anti-homophobie. Un poème à l’inclusion et au respect de toutes les amours.

Un pamphlet cependant un poil mièvre et un peu trop plein de bons sentiments.

Mais Ryan Murphy a ce je-ne-sais-quoi de savant qu’il parvient à embarquer dans ses univers (même un peu sirupeux) en deux coups de cuillère à pot.

Et ici, ces quelques coups de cuillère à pot s’appellent notamment Meryl Streep, James Corden, Nicole Kidman et Andrew Rannells.

The Prom, un casting impressionnant

Eh oui, comme à l’accoutumée, Ryan Murphy s’est entouré du gratin.

Ainsi, Meryl Streep, James Corden, Nicole Kidman et Andrew Rannells incarnent des célébrités à la ramasse qui ne peuvent pas supporter l’idée de dormir dans un hôtel sans SPA ni suite, dans un bourg paumé où personne n’a jamais entendu parler d’eux.

L’excellence du casting ajoute encore au bonheur d’assister à une comédie musicale queer. 

Exceptionnelle, Meryl Streep est celle qui donne le plus de son corps et de sa voix.

Dans une conférence de presse qui s’est tenue samedi 21 novembre sur Zoom, Meryl Streep a ri en racontant :

« C’est à moi qu’on a donné le plus de chorégraphies à apprendre, alors que j’ai 71 ans. »

Oui mais il faut dire que Meryl est toujours aussi spectaculaire. D’ailleurs, tourner avec elle constituait un vrai rêve pour les deux jeunes actrices qui campent les deux autres rôles titres : Jo Ellen Pellman et Ariana Debose.

Cette dernière a répondu à nos questions, lors d’une interview qui s’est tenue dimanche 22 novembre, et s’est livrée sur son amour des comédies musicales :

« Je dirais que les comédies que j’ai préférées et qui m’ont donné envie de devenir actrice de comédies musicales sont les Mamma Mia. »

Deux films portés en partie par Meryl Streep.

Mais les jeunes actrices n’ont pas été les seules à être impressionnées par leurs collègues !

Nicole Kidman a par exemple raconté :

« On a fait six semaines de répétition pour ce film, pour que les chorégraphies soient réussies. Et quand je suis arrivée, j’étais terrifiée. Mais tous les danseurs sont si talentueux et ils nous ont tant aidé, qu’aujourd’hui on peut être fier du rendu. Merci à eux ! »

The Prom et ses révélations

Si on est plus que coutumière du cinéma de Meryl Streep, Nicole Kidman et Andrew Rannells, on ne connaissait pas les deux jeunes actrices qui partagent l’affiche avec eux.

Et c’est normal puisque Jo Ellen Pellman et Ariana Debose en sont toutes les deux aux débuts de leur carrière.

Ce qui, bien sûr, ne les empêche pas de briller par un talent indéniable.

Jo Ellen Pellman et Ariana Debose sont les deux vraies révélations d’une comédie musicale qu’elles chérissaient avant même de passer le casting pour jouer dans la version filmique de 2020.

Jo Ellen Pellman nous a confié :

« J’étais une grande fan de la comédie musicale de Broadway. Je l’ai vue plusieurs fois avec ma mère et ne m’en lasse pas. C’est un bonheur incommensurable et une grande fierté que de jouer dans son adaptation. »

Les deux jeunes femmes ont tenu, lors de leur interview, à rappeler qu’un film comme The Prom demeure très important aujourd’hui, car il diffuse un message de tolérance et d’amour que tout le monde devrait embrasser.

Alors oui, The Prom est cousu de fil blanc et les méchants deviennent gentils en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, mais honnêtement, est-ce que c’est pas pile ce dont on a besoin aujourd’hui ? De croire un peu en la déconstruction des hommes ? En leur capacité à évoluer et à accepter les différences des autres ?

Jo Ellen Pellman croit très fort que le théâtre a le pouvoir de changer le monde.

Sans doute que c’est un peu ce qu’elle fait aussi à son échelle, en se battant à coups de claquettes et de baisers interdits pour l’amour polymorphe dans l’acidulé The Prom.

Les films musicaux, un genre très blanc et hétéronormé

Il suffit de jeter un œil aux films musicaux les plus connus pour se rendre compte du manque de diversité inhérent à ce genre.

Si l’on s’appuie par exemple sur le top des meilleures comédies musicales réalisé par Senscritique, voilà les titres qui ressortent :

  • Chantons sous la pluie
  • La La Land
  • West Side Story
  • The Rocky Horror Picture Show
  • Grease
  • Moulin rouge
  • Mary Poppins
  • Les Demoiselles de Rochefort
  • La Mélodie du bonheur

Bien qu’on aime tous ces films d’amour, et même si on n’aurait pas mis ces titres dans cet ordre-là, force est de constater que quasiment tous ne dépeignent que des histoires d’amour entre personnages blancs et hétérosexuels.

À l’exception bien sûr de West Side Story de The Rocky Horror Picture Show, qui offrent à voir davantage de diversité ethnique et d’orientations sexuelles.

Heureusement, certains réalisateurs modernes ont à cœur d’écraser à coups de baskets à paillettes la fourmilière pour faire exister ce genre sous un jour nouveau : celui de l’inclusivité et de la tolérance.

The Prom, au cœur de la polémique

Le parcours de The Prom aurait pu être quasi-académique. Il aurait pu sortir, être adoubé pour ses bonnes intentions bien que potentiellement un peu moqué pour ses bons sentiments et ainsi demeurer au firmament des œuvres nécessaires.

Seulement, il y a eu une couille dans le potage.

En effet, l’acteur James Corden, qui incarne l’un des personnages principaux du film, s’avère être hétérosexuel.

Le problème ? Son personnage est gay. Et pour l’incarner, l’acteur se repose essentiellement sur des mimiques et des gestuelles clichées qui n’ont pas plu aux journalistes qui ont pu, comme nous, découvrir le film en amont de sa sortie.

Erik Anderson du site Awards Watch a par exemple twitté :

«Le principal et énorme point négatif est James Corden. […] Sa performance est répugnante et offensante. »

Aussi, le journaliste Zack Sharf du magazine IndieWire a expliqué :

« The Prom parle de tolérance mais pousse James Corden à se reposer sur des stéréotypes de gay efféminé à la moindre occasion. »

Extrêmement dommage pour un film qui se veut engagé et en lutte totale contre les offenses faites aux personnes LGBT. Alors erreur de casting ? Erreur d’écriture de personnage ? Difficile à dire.

Ce qui est certain, c’est que ce point négatif ne doit pas l’emporter sur l’intention première du film qui, on l’atteste, demeure importante.

À lire aussi : Qui sera la nouvelle victime de Joe dans « You » saison 3 ?


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Les Commentaires

3
Avatar de Nudo
10 décembre 2020 à 12h12
Nudo
Juste pour rappel, West Side Story en réadaptant l'hstoire de Roméo et Juliette dénonce justement le racisme subit par la communauté portoricaine au Etats Unis notamment par la police. Je trouve a injuste de classer ce film dans la catégorie parle d"hommes blancs hétéronormé" (alors sur le dernier point oui hein on est d'accord).

Sinon je vais donné une chance à "The Prom" parce que malgré tout c'est pas si souvent une comédie musicale queer même s'il y aura peut-être des maladresses je veux lui donner de la visibilité (et puis aussi comédie musicales quoi :gnih.
3
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