Précédemment dans #62jours : Mémo pour ne plus oublier les petits bonheurs
Il m’aura fallu du temps, pour prendre conscience de cette leçon, qui va, sans nul doute, révolutionner ma vie.
Je me la répète, histoire de la laisser s’ancrer bien profondément dans ma petite tête de mule : prendre du temps pour moi n’en enlève pas aux autres.
C’est fou, cette propension au sacrifice que j’ai toujours eu. Besoin d’aide ? Je suis là. Besoin d’une oreille ? Je t’écoute. Une question ? Je te cherche la réponse.
Ce faisant, je vivais à travers les trous d’emploi du temps que me laissaient les autres.
Le phénomène est devenu intenable lorsque je suis devenue manager : soudain, c’était mon job, d’aider les autres. De m’occuper d’eux. De veiller à ce que tout le monde ait ce dont il a besoin pour avancer sereinement.
Conséquence ? Je n’avais plus une minute à moi. Toutes mes journées étaient dédiées aux autres. Mais si je leur demandais de me les raconter de leur point de vue, je suis prête à parier ma main droite qu’ils me trouvaient « pas disponible ».
Forcément. Tout ce temps, c’était MON temps, alors je ne le donnais pas, je le cédais dans la douleur, comme un sacrifice.
Or : pas du tout. Mais je ne l’avais pas compris.
Le temps n’est pas une monnaie
Dans ma tête, le temps est une ressource. Sa difficulté, c’est qu’elle est impossible à thésauriser.
Je ne peux pas enfermer du temps libre dans un coffre fort, en attendant de pouvoir encaisser les liquidités quand ça m’arrangera.
Donc il faut grapiller des minutes par-ci par-là, et les dépenser comme de la petite monnaie : celle qui a de la valeur quand c’est pile les 10 centimes qu’il te manque pour te payer un coca, mais qui encombrent tes fonds de poches quand tu les oublies là.
Alors forcément, mon temps libre, j’essaie de le préserver par billets de 10. Sauf que lorsque chacun a fini de se servir 10 min par-ci, 3 minutes par-là, il ne me reste plus que des centimes dont je ne sais que faire.
Résultat ? Je suis frustrée. Pas de temps pour moi, et des piécettes de temps pour les autres. J’ai faux sur toute la longueur.
Le temps qu’on prend n’est pas du temps qu’on perd
Mon raisonnement était faux depuis le début, parce que le temps n’est pas une ressource finie, comme un gâteau qu’il faut partager entre toutes les convives. Le temps est une ressource infinie. Il y en a aujourd’hui, il y en aura demain. Il y en a tous les jours.
Ce n’est pas en quantité, mais en perspective que je devrais raisonner. D’autant plus que je ne peux pas saucissonner le temps comme si je rendais de la monnaie.
Chouette, 10 minutes d’économisées ! Mais à quoi bon si je n’en ai pas un usage immédiat ?
J’ai fini par comprendre que prendre du temps pour MOI n’était pas un égoïsme déplacé. C’était la base.
Je ne peux pas donner du temps aux autres si je n’en prends pas pour moi. Et ça, c’est une véritable révélation de cet été. J’aurais rarement pris autant de temps pour moi, et j’aurais rarement été autant disponible pour les autres.
Pas forcément en quantité, bien sûr : mes journées ne sont pas extensibles. Mais en qualité.
J’ai appris à refuser des rendez-vous quand je ne suis pas disponible. J’ai appris à dire non, non pas tout de suite, non pas cette semaine, non ce n’est pas urgent, non car j’ai plus urgent à faire, et aucune de ces réponses n’était insultante ou méprisante.
J’ai appris à prendre du temps pour moi, pour mieux en donner aux autres. Encore une évidence, qui m’aura fallu 52 jours pour pouvoir comprendre et formuler.
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