Manger de la viande sans tuer d’animal sera peut-être bientôt possible !
C’est en tout cas le pari lancé par le groupe de recherche israélien SuperMeat qui souhaite créer artificiellement de la chair comestible. Un produit du futur qui pourrait arriver sur le marché dès 2021.
Je suis tombée hier sur cette vidéo de présentation et je me suis posé tout un tas de question : comment ce principe marche et, surtout, est-ce une si bonne idée ?
https://www.youtube.com/watch?v=XSD0_I1MwqU
SuperMeat, comment ça marche ?
Le principe est le suivant : dans un premier temps, on prélève des cellules sur un poulet par biopsie. Le collectif précise que le procédé est indolore.
Ces cellules sont ensuite cultivées dans un environnement approprié pour qu’elles grandissent et prolifèrent afin d’atteindre l’état de viande.
Pour l’instant, il est prévu de cultiver ainsi des foies, de la viande hachée et du blanc de poulet mais qui sait, on pourrait peut-être produire d’autres types de viande par la suite !
Mieux : à long terme, SuperMeat espère créer des machines qui produisent ces viandes artificielles pour des restaurants voire des particuliers.
SuperMeat, un crowdfunding avant tout
L’idée n’est pour l’instant qu’à l’état d’embryon car le projet n’est pas encore financé. Pour remédier à cela, SuperMeat a lancé un financement participatif sur IndieGogo. L’objectif officiel est de collecter 100 000$ pour débuter. Dans les faits, il est précisé :
« Notre but ultime pour cette campagne est d’acquérir 2,5 millions de dollars. C’est ce dont nous avons besoin pour réaliser le produit fini. Nous savons que c’est beaucoup d’argent, mais c’est la réalité. Développer ce genre de machine coûte très cher. (…)
Nous ne voulions pas demander en financement participatif 2,5 millions de dollars dès le départ parce que nous savons que ça aurait pu avoir un impact moins fort. C’est pourquoi nous avons décidé de demander dans un premier temps 100 000$, parce que c’est la somme dont nous avons besoin pour vraiment lancer le projet. »
SuperMeat a beaucoup d’avantages
Si manger de la viande sans tuer d’animaux est alléchant, ce n’est pas l’unique avantage que cette solution offrirait.
En effet, ce choix aurait un véritable impact écologique
. Selon la vidéo de présentation, en comparaison avec l’industrie de la viande aujourd’hui, produire du SuperMeat nécessiterait 99% moins de terrain, 96% d’eau et produirait 96% moins de gaz à effet de serre. La produire coûterait ainsi moins cher.
Au-delà d’une aide pour la planète, le projet annonce pouvoir produire une viande meilleure pour la santé car produite artificiellement pour mieux convenir au corps humain.
Si vous vous demandez, SuperMeat se targue d’être la solution contre la faim dans le monde !
Une longue liste d’avantages qui font rêver… mais si ce n’était que des belles paroles ?
SuperMeat : une fausse solution ?
En 2013 déjà, à Londres, le premier burger cultivé était cuisiné. D’un poids de 43 grammes, il avait coûté 250 000€ à produire. S’il est certain que le prix peut être réduit, je suis dubitative quant au fait qu’il pourrait coûter, d’ici à peine quelques années, moins cher que de la viande naturelle.
En ce qui concerne les autres avantages proposés, un autre doute persiste : si manger de la chair animale pose tant de problèmes, la solution ne serait-elle pas d’arrêter d’en consommer, tout simplement ? Bien entendu, ce genre de produits peut permettre une transition plus facile d’un régime omnivore vers une alimentation végétarienne, mais c’est bien le seul avantage qu’il a sur le long terme si on s’engage sur cette voie.
Enfin, si on pense à la protection des animaux, je reste sceptique concernant les animaux élevés dans le but de subir des biopsies : si le procédé est dit indolore, comme vivront-ils ? Seront-ils tués prématurément dès qu’ils vieilliront un peu ?
Beaucoup de questions et de suppositions auxquelles on n’apportera sûrement pas de réponses avant plusieurs années.
Les Commentaires
On utilise des tas de produits "chimiques" (je n'aime pas utiliser ce terme car au sens propre ça ne veut rien dire), comme la trypsine lors d'un passage (quand on repique une culture cellulaire) ou de l'EDTA.
Je pense sinon que ça ne risque pas d’être viable sanitairement parlant. Les animaux d'élevages ont un minimum de système immunitaire, renforcé par les antibiotiques. Sur les cultures cellulaires, la seule chose qu'on peut faire c'est aseptiser et mettre bien plus d'antibiotiques (il n'y aurait que les antibio pour protéger, et non de système immunitaire naturel comme chez tout être vivant, ce serait comme devoir prévenir tout micro-organisme de coloniser de la viande fraîche tout le long du processus de culture ..).