Publié le 3 mai 2018 — Un lycée au règlement rigide, avec des conséquences sérieuses.
Un lycée dans lequel les élèves n’ont le droit qu’à quelques couleurs limitées sur leurs vêtements comme sur leurs cheveux, doivent porter l’uniforme, ne peuvent arborer qu’un maquillage « naturel ».
Un lycée dans lequel l’accès aux toilettes est si strictement encadré que certaines élèves finissent par tacher leurs pantalons de sang, faute de pouvoir changer leur protection hygiénique.
Un lycée public, non-religieux, dans un pays développé, en 2018.
Ça vous paraît absurde ? À moi aussi. Et pourtant…
Le lycée où les filles ne peuvent pas changer de protection hygiénique
Le réseau des Noble Charter Schools abrite 10% des lycéens et lycéennes de Chicago, aux États-Unis. Et comme dit précédemment, les règles y sont strictes.
Comme l’explique Dusty Rhodes
, les élèves de ces établissements n’ont qu’un accès très limité aux WC et ne peuvent pas s’y rendre quand le besoin se fait sentir. Une lycéenne témoigne :
« Il y a des personnes qui nous accompagnent aux toilettes, et elles ne passent pas souvent donc ça nous force à quitter les cours et à être en faute.
Mais qui a envie de se balader avec du sang sur ses vêtements ? Il faut faire preuve d’empathie. »
Notez qu’après 4 « fautes » en 2 semaines, les élèves sont collé·es. Et au bout de 13 heures de colle, un cours de « bonnes manières » est obligatoire.
Est-ce que les lycées ont réagi à ce souci ? Oui. Mais pas forcément de la meilleure façon.
Dans un établissement, le code vestimentaire a été changé pour autoriser les filles à nouer un pull autour de leur taille afin de masquer les taches de sang.
Un autre a choisi d’échanger les pantalons beiges contre des noirs — une décision en partie motivée par le fait que 58% des élèves, issu·es de classes défavorisées, ne vivent pas dans des foyers équipés de machines à laver.
Suis-je la seule à avoir l’impression d’un pansement sur une jambe de bois ?
Quand le tabou des règles s’invite au lycée
À la base, je comprends bien que ces lycées veuillent limiter la marge de manœuvre des élèves et les garder en classe plutôt que de les laisser « vadrouiller dans les couloirs » (ou « aller aux WC », plutôt), pas punir les ados pubères.
Mais que les équipes dirigeantes ne se rendent pas compte de l’absurdité de ces règles une fois le nez dans le problème, face à des adolescentes au pantalon beige taché de sang… ça craint.
Je me souviens que quand j’étais au lycée, il y avait déjà trop peu de toilettes pour le nombre d’élèves, et que je préférais souvent y aller au tout début des cours, quitte à avoir quelques minutes de retard.
En période de règles, c’était encore plus fréquent car les poubelles étaient en-dehors des cabines, les WC étaient mixtes et je pensais à l’époque que j’allais prendre feu si un garçon me voyait jeter un tampon usagé.
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Le tabou des règles est encore une réalité, même si la société évolue, et je pense qu’il est plus efficace d’accorder de l’autonomie aux ados que de les sur-encadrer, surtout quand il s’agit de fonctions corporelles naturelles !
Ça, c’est mon avis, et mon expérience. À ton tour ! As-tu déjà vécu des situations similaires ? Les cours, les WC, les règles et toi, ça donne / donnait quoi ? Dis-moi tout !
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Les Commentaires
J’avais ma classe au 4ème étage, donc un jour avec des copines on a mis un panneau « Toilettes mixtes » sur les toilettes des garçons qui se trouvaient à notre étage. Ça a marché au moins une demie journée, les gens pensaient vraiment que c’était une nouvelle règle.
Le directeur est venu dans les classes le lendemain matin, fulminant, pour savoir qui avait fait ça, mais étonnamment personne ne s’est dénoncée