« Je ne crois pas que la sororité puisse se produire tant que l’on n’aura pas compris que le classisme doit disparaître avec le sexisme ». S’il fallait résumer la pensée et le combat de Dorothy Pitnam Hughes, cette phrase en serait très représentative.
Née Dorothy Jean Ridly, le 2 octobre 1938 en Géorgie, aux États-Unis, cette figure féministe afro-américaine est morte le 1e décembre en Floride, à 84 ans. Sa fille, Delethia Ridley-Malmsten, a déclaré que sa mère s’était éteinte de vieillesse.
À lire aussi : 6 livres féministes à dévorer
Militante des droits civiques
Difficile de résumer tout ce que les Américains, et en particulier les Américaines, doivent à Dorothy Pitnam Hughes. Multipliant les combats, elle a lutté à la fois contre le sexisme, le classisme et le racisme. Installée à New York en 1958, où elle travaille d’abord comme vendeuse, chanteuse et femme de ménage, elle s’engage dans la défense des droits civiques aux côtés de Martin Luther King Jr et de Malcolm X. C’est le décès de son père, battu à mort lorsqu’elle avait 10 ans, et que sa famille attribue à des membres du Ku Klux Klan, qui aurait déclenché chez la jeune Dorothy la flamme de l’activisme. Un feu qui a brûlé toute sa vie.
Pour la protection des enfants
Plus tard, Dorothy Pitnam Hughes s’illustre dans son engagement pour la protection des enfants et l’aide aux familles new-yorkaises. Comme à travers le West 80th Community Childcare Center, qu’elle ouvre en 1966 pour pallier le manque de modes de garde qui pénalise particulièrement les mères afro-américaines. Il s’agit d’une garderie, mais multiraciale et donc bien en avance sur son temps. C’est dans le cadre de cette activité qu’elle rencontre Gloria Steinhem.
Le duo avec Gloria Steinhem
En 1968, la journaliste et militante féministe Gloria Steinhem décide d’écrire un article sur le centre ouvert par Dorothy Pitnam Hughes. C’est le début d’une collaboration qui mènera les deux femmes à devenir un duo iconique de la lutte féministe intersectionnelle aux États-Unis. En 1971, elles co-fondent l’Alliance pour l’action féministe et publient Ms Magazine, dans le but de sensibiliser la population aux questions de genres, à la lutte des classes et au racisme.
Ensemble, elles s’engagent dans une tournée à travers les États-Unis pour donner des conférences. C’est à cette occasion qu’elles posent pour le photographe Dan Wynn, qui était alors le voisin de Steinem. Le cliché en noir et blanc, sur lequel les deux femmes posent côte à côte, le poing levé, est publié dans le magazine Esquire la même année et devient très vite une image emblématique du mouvement de libération des femmes. Surtout, elle symbolise un féminisme qui précise son ambition de ne pas lutter que pour les femmes blanches, et qui inclut dans ses réflexions les enjeux du racisme. Elles reproduiront la photo en 2013, âgées respectivement de 75 ans pour Dorothy et de 79 ans pour Gloria.
Sur Instagram, sous une photo de Dorothy Pitnam Hughes, Gloria Steinem a rendu hommage celle qu’elle a eue « la chance de pouvoir considérer comme une amie et une co-conspiratrice tout au long de (sa) vie ». « Elle m’a encouragé à prendre la parole en public, et nous avons passé des années à voyager à travers le pays. Sa dévotion pour le bien-être des enfants, la justice raciale et la libération économique signifie qu’elle a laissé le monde dans un meilleur état qu’elle ne l’a trouvé », a écrit la féministe.
À lire aussi : Enfin ! Les 1ers textes de Gloria Steinem, féministe incontournable, sortent en français
Visuel de Une : capture écran Youtube
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.