C’est au journal télévisé que Jean-Pierre Chevènement a fait son annonce : il faudra le compter parmi les candidats à l’élection présidentielle de 2012.
Les commentateurs ne peuvent s’empêcher de souligner, inquiets ou ironiques, le rapprochement avec la douloureuse expérience pour la gauche de 2002. Souvenez-vous : c’est la configuration du premier tour (une gauche éparpillée) qui avait rendu impossible la qualification de Lionel Jospin au second. Et encore : à l’époque, Jean-Marie Le Pen était moins haut dans les sondages que sa fille Marine aujourd’hui.
Marianne 2
de relativiser, expliquant que la situation de 2012 est différente de sa cousine d’il y a 10 ans :
À l’époque, l’ex-maire de Belfort avait l’ambition de « turbuler » le système et de devenir ainsi le troisième homme de la campagne, ce qu’il fut un court moment, en janvier 2002 Cette foi-ci, l’ambition est autre. Il s’agit d’une candidature d’idées.
Le Parisien, lui, publie une interview du nouveau candidat et lui demande :
Le projet socialiste vous paraît-il à la hauteur de l’enjeu?? Il y a quelques bonnes idées mais il est irréalisable dans un contexte de croissance réduite à 1?%, et encore… Son défaut est de ne pas chercher une issue progressiste à la crise de l’euro.
Ce qui n’empêche pas à Chevènement, toujours dans la même interview, d’affirmer ce qui fera la Une du papier : « Je ne suis pas candidat contre François Hollande ».
Du côté de L’Humanité, on rappelle que le PS a visiblement tout à gagner à « faire du pied » à Chevènement et que Arnaud Montebourg a déjà commencé :
Ce dimanche, Arnaud Montebourg a donc répondu sur Canal Plus à l’appel du pied du nouveau candidat. « Il faut savoir écouter Jean-Pierre Chevènement ». Cette candidature « est parfaitement compatible avec celle de François Hollande, mon travail sera d’aider à faire ce pont » entre les deux, a lancé l’ex-candidat aux primaires socialistes. « Le mieux, ce serait que François Hollande reprenne une partie de ses idées », et ainsi « de rendre inutile la candidature de Jean-Pierre Chevènement. »
Le Nouvel Obs, lui, publie dans ses colonnes du Plus une tribune du candidat, également disponible sur son blog. Jean-Pierre Chevènement y regrette que l’euro, monnaie unique crée pour unir, divise autant :
La crise de la monnaie unique a, en effet, sa cause dans la monnaie unique elle-même, que nos dirigeants ont soutenue tous ensemble, à Maastricht, il y a vingt ans. L’erreur du traité que j’ai combattu a consisté à vouloir transférer à un aréopage de banquiers irresponsables la souveraineté monétaire de dix-sept pays très différents par leurs structures économiques, leurs langues, leurs cultures et leurs options politiques. Or, au lieu de converger, leurs économies ont divergé.
Le Monde de rappeler que Chevènement ne regrette rien à l’expérience 2002 :
« J’avais le tort en 2002 d’avoir raison contre tous les autres », a-t-il lancé alors qu’il était interrogé sur le fait de savoir s’il n’y avait pas un excès de candidatures à gauche de l’échiquier politique.
On attend avec impatience de voir quel sera le traitement médiatique réservé à cette nouvelle candidature.
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Les Commentaires
C'est très très égoïste comme réaction mais : "on" a pas besoin de ça, pas besoin de diviser la gauche.
Mais bon ceci dit je pense que c'est ce que pas mal de gens vont penser "Pfff pourquoi il se présente, ça va foutre la merde !". Donc je ne suis pas sûre qu'il soit important (en termes d'électeurs qui le soutiennent) dans la campagne.