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Pourquoi une loi pour les personnes trans en Écosse a été retoquée par le Royaume-Uni

En bloquant le passage d’une loi facilitant le changement d’état civil pour les personnes trans en Écosse, le gouvernement britannique de Rishi Sunak provoque la stupéfaction et la colère des organisations LGBTQI+.

C’est une loi qui promettait d’être historique, mais qui vient d’être stoppée net, et un séisme politique qui ébranle l’Écosse. Le gouvernement britannique dirigé par Rishi Sunak a bloqué ce lundi 16 janvier 2023 une loi adoptée en décembre 2022 par le Parlement écossais. Et pas n’importe quelle loi : une mesure d’égalité, progressiste, visant à faciliter le changement d’état civil pour les personnes trans, en incluant les mineurs à partir de 16 ans et en retirant ou raccourcissant certaines démarches administratives.

Les ministres britanniques craignent une « incidence négative » sur l’ensemble des mesures d’égalité au Royaume-Uni. La ministre écossaise Nicola Sturgeon a quant à elle dénoncé une « attaque frontale » contre le Parlement écossais et sa « capacité à prendre des décisions », et a mis en garde : « Si ce veto de Westminster aboutit, ce ne sera que le premier. »

Ce mardi 17 janvier, la secrétaire d’État britannique à l’éducation Gillian Keegan a défendu le gouvernement britannique, affirmant qu’il ne peut exister « deux législations contradictoires sur le genre et sur l’égalité », puisque de fait, l’Écosse vient de réformer le Gender Recognition Act en vigueur depuis 2004.

Les associations LGBTQI+ réagissent au blocage

Pour l’organisation britannique Stonewall, ce geste sans précédent est désespérant :

« Le gouvernement britannique devrait se concentrer sur le développement et la mise en œuvre d’une stratégie pour améliorer les vies des personnes LGBTQ+, y compris les personnes trans, et non les mettre davantage en difficulté. »

Même colère chez l’activiste Peter Tatchell pour qui Westminster « clame à tort que la loi écossaise pour la reconnaissance du changement de genre viole l’Equality Act du Royaume-Uni » : « Ce n’est pas le cas. C’est une excuse grossière pour attaquer les droits des personnes trans et la démocratie écossaise. »

Comme la loi écossaise vise à faciliter les démarches administratives pour faire son changement d’état civil en permettant d’obtenir son Gender Recognition Certificate (GRC) sans obligation d’avoir un diagnostic médical, elle a rencontré les habituels arguments et paniques morales de celles et ceux qui affirment que cette mesure met en danger les femmes.

Ces militants transphobes clament que faciliter le changement d’état civil constitue une menace car elle permettrait à des hommes de se faire passer pour des femmes et ainsi d’infiltrer certains lieux, notamment les toilettes ou les vestiaires. Il s’agit en creux d’accuser les femmes trans d’être des hommes déguisés, et des agresseurs en puissance. Une démonstration fallacieuse déjà battue en brèche par le collectif transféministe Toutes des femmes :

« Alors que les agressions par des femmes trans ou des hommes travestis restent une hypothèse, les chiffres montrent une autre réalité : les hommes n’ont nullement besoin d’user de tels subterfuges pour commettre des agressions, ils le font déjà sans avoir besoin de se travestir. Par ailleurs, la volonté de contrôler qui est une « vraie femme” mène déjà dans certains lieux à des altercations et des gènes pour toutes les femmes, cis comme trans, notamment les lesbiennes, qui ne correspondent pas aux standards de la féminité. »

Le gouvernement a aussi craint que la loi ne provoque une forme de tourisme administratif où des personnes trans iraient en Écosse dans le but d’obtenir leur changement d’état civil, puisqu’il y aurait deux systèmes en place délivrant le fameux GRC, l’un étant plus rapide et moins complexe que l’autre.

Check’Europe x Madmoizelle

Cet article est co-financé par le programme Erasmus+ de l’Union européenne.

Check-Europe c’est quoi ? Un projet européen visant à donner les clés de compréhension à ses citoyens afin qu’ils puissent non seulement identifier les fake news, mais aussi devenir des acteurs à part entière de la lutte contre celles-ci.

Ce projet fait d’autant plus sens en prévision des élections européennes qui se dérouleront du 6 au 9 juin 2024 et qui nous concernent tous en tant que citoyen.

L’éternel argument transphobe de la protection des femmes

Parmi les voix les plus médiatiques contre la loi écossaise, on compte sans grande surprise J.K. Rowling, qui avait fait sensation à l’automne dernier en postant un selfie où elle arbore un t-shirt accusant Nicola Sturgeon de vouloir détruire les droits des femmes. Rien que ça.

Suite à cette attaque, Nicola Sturgeon avait rappelé que la loi ne vise qu’à « réformer un processus déjà existant qui est humiliant et traumatisant pour les personnes trans, pour le rendre moins traumatisant pour les personnes qui veulent légalement faire leur changement de genre » :

« Cela ne donne aucun droit en plus aux personnes trans et cela n’en retire aucun aux femmes. Ce sont les hommes qui agressent les femmes et nous devons nous concentrer sur ce problème, et non stigmatiser et discriminer un tout petit groupe de notre société qui est déjà un des plus stigmatisés. »

Un argument qui résonne d’autant plus fort qu’un fait divers fait les gros titres actuellement au Royaume-Uni : un policier de Londres a reconnu avoir perpétré des dizaines de viols et d’agressions sexuelles pendant plusieurs années. Son statut d’officier de police lui permettait de gagner la confiance des femmes qu’il rencontrait.

À lire aussi : Ne vous laissez pas avoir par les débats transphobes de certaines « féministes » autour des thérapies de conversion

Crédit photo : Matt Hrkac via Flickr


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