Live now
Live now
Masquer
Crédit : Pexels / Kampus Production
Daronne

Pourquoi nous met-on la pression à couper les cheveux de nos enfants ?

On vous a probablement déjà conseillé de couper les cheveux de votre bébé, ou de l’emmener chez le coiffeur. Pourquoi une telle obsession sur les cheveux de nos enfants, et tout particulièrement ceux des garçons ?

Les grands-parents sont souvent les plus prompts aux « mais emmène-le chez le coiffeur ! ». Une question qui se pose encore plus souvent pour les petits garçons. Pourquoi vouloir faire grandir plus vite nos enfants, et les conformer à la société si jeunes ?

Nos bébés aux coupes de cheveux hasardeuses

Il est vrai que les bébés et bambins ont la fâcheuse tendance à se laisser pousser une coupe mulet du plus bel effet : court devant, pas un poil sur les tempes, et une belle longueur derrière. Les cheveux des enfants poussent de manière inégale, et certains parents décident d’égaliser le tout en allant chez le coiffeur.

Mais nombreux sont également ceux à ne pas vouloir couper ces premiers cheveux si doux et empreints d’histoire et de nostalgie : ces cheveux étaient déjà là in utero ! Sauf que l’entourage ne voit pas toujours cela d’un bon œil : « c’est quoi cette coupe de cheveux ? » « il faudrait couper » « ça fait pas très propre, c’est inégal » « pourquoi ta mère te laisse avoir cette coupe ? ». Et on remarque que ce sont souvent les grands-parents qui ont leur mot à dire sur le sujet.

Autre détail qui rend mamie et papy fous : lorsque les cheveux de devant tombent dans les yeux de l’enfant. Alors, vite, vite, ils conseillent de couper cette mèche pour en faire une frange. Mais une frange demande un entretien régulier, alors qu’en laissant pousser quelques mois de plus, ces cheveux se placeront naturellement sur le côté. Et si besoin, des barrettes ou élastiques peuvent aider pour cette période de transition !

Oui mais voilà : mettre des barrettes à un petit garçon ? Hors de question !

Une pression sur les petits garçons aux cheveux longs

Certains bébés – garçons ou filles –, naissent très chevelus, et rapidement leur coupe devient longue et floue. Plus les garçons grandissent et plus les injonctions à couper se font entendre.

La mère, la grand-mère et la belle-mère de Julie n’apprécient pas qu’elle laisse pousser les cheveux de son fils.

« Elles ont commencé par me demander quand j’allais lui couper les cheveux. Au début, je ne le prenais pas mal, donc je répondais simplement que ce n’était pas prévu. Puis les commentaires moins sympas sont arrivés : « Tu lui laisses pousser les cheveux parce que tu veux qu’il ressemble à une fille », « ça fait fouillis », « c’est négligé ». Ça a continué jusqu’à ce que mon fils dise de lui-même qu’il ne voulait pas couper ses cheveux, qu’il les voulait aussi longs que ceux de son papa. »

Le fils de Laetitia a aussi gardé les cheveux longs plusieurs années.

« On n’a pas eu de pression pour lui couper les cheveux, mais il a eu des remarques par des copains d’école, et les adultes inconnus le mégenraient. On lui a expliqué que c’était pour les garçons comme pour les filles, et on lui a montré des photos d’hommes aux cheveux longs. Il tenait à avoir des coiffures « de garçon », par exemple un chignon, ça ne passait pas mais si on l’appelait « manbun » c’était bon ! Finalement, il a demandé à ce qu’on lui coupe les cheveux, parce qu’il en avait marre de devoir les démêler. »

« Mon fils avait de très beaux cheveux longs jusqu’à l’été dernier » raconte, de son côté, Sarah. « La nourrice n’arrêtait pas de me dire qu’on allait le prendre pour une fille, et je l’ai toujours envoyée balader gentiment. Puis c’est venu d’inconnus dans la rue « oh c’est une belle petite fille », et quand je disais que c’était un garçon, on me répondait que ce n’était pas clair ! Son père aussi m’a dit plusieurs fois qu’il fallait qu’on lui coupe les cheveux parce qu’on allait le prendre pour une fille. Puis sans me le dire il l’a emmené chez le coiffeur et m’a envoyé une photo de mon fils avec les cheveux coupés courts. Je me suis sentie trahie. Il m’a dit que ce serait plus pratique pour courir, il n’a même pas assumé la vraie raison : il avait peur qu’on prenne son fils pour une fille ! Je me suis fâchée contre lui mais le mal était fait. »

Estelle a fait couper les cheveux de son fils avant son entrée à l’école, « pour faire propre. »

« Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un peu regretté. Parce que ses cheveux lui tombaient dans les yeux, on a remis ça, et cette fois c’était clair : je préférais les cheveux longs. Après la dernière coupe, je regardais les photos pré-coupe et la pensée qui me venait est que mon « petit garçon sauvage » me manquait. Je ne sais pas comment expliquer, mais j’attache à ses cheveux longs une idée d’enfance insouciante, un peu nature et libre. Et plus important : lui aussi préférait les cheveux longs. » Maintenant que ses cheveux repoussent, son fils adore également avoir les cheveux attachés.

De son côté, Laure a fait un choix tout autre.

« Traditionnellement, dans la culture de la famille de mon mari, il faut raser la tête des bébés assez régulièrement. Nous on ne l’a fait qu’une fois, car on n’a vraiment pas aimé les voir chauves. Notre fils aîné avait 3 mois, et notre cadet 7 jours. »

Certains rites culturels ou religieux encouragent en effet de raser la tête des bébés, ou au contraire de laisser pousser leurs cheveux jusqu’à un certain âge.

Mais y a-t-il un réel intérêt à couper les cheveux d’un bébé ?

En dehors des raisons esthétiques, parfois motivées par une conformisation genrée « pour qu’il ressemble à un vrai petit garçon », est-il vrai que raser la tête d’un bébé, ou lui couper les cheveux, permet une pousse plus rapide et vigoureuse ?

Patricia, co-fondatrice de Pouce, un salon de coiffure pour enfants à Paris, y répond simplement : non.

« Tout le monde pense que couper les cheveux permet de favoriser la pousse, on nous pose la question 20 fois par jour, car c’est ce que disent les grands-parents et même certaines nourrices. Mais non, le seul intérêt à couper les cheveux d’un bébé est esthétique. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas couper, on peut couper les pointes et les premiers cheveux fins pour que les cheveux plus récents donnent une impression de masse, mais c’est simplement esthétique. »

Est-ce que les parents ont aujourd’hui tendance à retarder la première coupe de bébé ?

« Cela dépend des endroits. » répond Patricia, « À Paris il n’y a que 3 salons spécialisés enfants, et la demande fait que les prix sont assez chers, 25 euros pour une coupe. L’aspect financier peut freiner les parents. Pour nos clients, la première coupe c’est un peu vu comme une sortie en famille, une célébration, on amène la grand-mère, on filme, on ramène les premiers cheveux chez soi, etc. »

Alors à quel âge se fait cette fameuse première coupe en moyenne ?

« Cela dépend, certains viennent avec leur bébé de 15 jours très chevelu, d’autres attendent 3 ans car l’enfant a peu de cheveux, ou pour des raisons religieuses. »

Quant aux petits garçons aux cheveux longs, Patricia en voit énormément venir à son salon… pour conserver une coupe longue !

« Je pense que c’est très parisien, mais nous voyons beaucoup de garçons à cheveux longs, et au contraire c’est rare qu’on nous demande de couper très court. La coupe surfeur a la cote, particulièrement chez les 10-11 ans qui portent les cheveux aux épaules, les attachent, et les assument, même quand on les compare à des filles. Mais on entend finalement très peu ces comparaisons au salon. »

Patricia a, en tout cas, constaté une vraie différence en 10-20 ans.

« Avant, on me demandait beaucoup de « coupes propres » avec les oreilles dégagées. Cela n’arrive plus. Maintenant les parents demandent leur avis à leurs enfants, ils veulent que ça leur plaise avant tout, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. »

Malgré la pression et les injonctions véhiculées par les générations précédentes, on laisse donc désormais plus de libre arbitre aux enfants en ce qui concerne leurs cheveux !

À lire aussi : En 2022, les petits garçons grandissent toujours pétris de stéréotypes : on fait quoi ?

Crédit photo image de une : Pexel


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

14
Avatar de GingerBraid
29 janvier 2023 à 22h01
GingerBraid
@alice-louve Confrontée au même problème, j'ai choisi "mon chat"
2
Voir les 14 commentaires

Plus de contenus Daronne

Source : TF1 - Capture d'écran de l'émission Sept à Huit
Actualités France

Les nouvelles mesures autoritaires de Gabriel Attal pour lutter contre les violences entre mineurs

4
Source : kipgodi de Getty Images Pro
Conseils parentalité

À quoi faut-il s’attendre lors du fameux 3ᵉ jour à la maternité ?

1
Source : PublicDomainPictures de pixabay
Conseils parentalité

Connaissez-vous les 4 meilleures positions pour allaiter (sans douleur) ?

Source : PONGPIPAT de ภาพของpongpipat
Conseils parentalité

Ces 5 objets de puériculture qu’il ne faut pas acheter d’occasion

Source : Canva
Société

En Seine-Saint-Denis, 51 femmes enceintes dorment à la rue

Source : alphaspirit.it
Travail

Télétravail : vous pouvez déduire des frais de vos impôts (et les sommes ne sont pas négligeables)

16
Source : Ivonne Wierink
Chère Daronne

Chère Daronne, combien de temps doit-on attendre avant de se marier ?

15
Source : Robert Kneschke
Daronne

« Maman solo, je subis de plein fouet l’inflation et le quotidien à gérer » : dans la vie de Marine, mère célibataire d’un enfant

"@Vidal Balielo Jr. / Pexels"
Actualités mondiales

Boom des stérilisations chez les américaines, deux ans après la révocation de Roe v. Wade

6
Source : Krystal Anderson / Instagram @kansascitydiscover
Daronne

Aux États-Unis, cette pom-pom girl décédée en donnant naissance relance le débat sur le racisme médical

Pour les meufs qui gèrent