Nous sommes lundi matin. Hier soir c’était les Golden Globes 2018 et après le raz-de-marée #MeToo, il était certain que les discours seraient plus inspirants les uns que les autres. Et ça n’a pas manqué.
Cinq minutes après être arrivée au bureau, me voilà en larmes au milieu de l’open-space grâce — ou à cause, comme tu veux — des mots d’Oprah Winfrey.
Oprah Winfrey livre un discours poignant, touchant et inspirant
https://www.youtube.com/watch?v=fN5HV79_8B8
Après avoir reçu le prix Cecil B. DeMille, qui récompense sa carrière entière, des mains de Reese Witherspoon, Oprah débute son discours en se rappelant, petite, la première fois qu’elle a vu un homme noir célébré à la télévision.
Il s’appelait Sidney Poitier. C’était en 1964 et il était le premier homme noir à recevoir l’Oscar du Meilleur Acteur.
Elle explique l’importance et l’impact que ça a eu sur elle, étant enfant, et ajoute :
Et ça ne m’échappe pas, qu’à ce moment précis, il y a des petites filles qui nous regardent alors que je deviens la première femme noire à recevoir cette récompense.
D’ailleurs, j’en profite pour partager le discours de Sterling K. Brown (This Is Us
), premier homme noir à recevoir le Golden Globes du meilleur acteur dans une série dramatique.
Il y remercie notamment le scénariste de This Is Us pour avoir écrit un rôle pour un homme noir et explique à quel point c’est encore rare dans l’industrie cinématographique.
Oprah Winfrey rend hommage à toutes les femmes qui se sont exprimées
Revenons-en à Oprah. Après cette ouverture, elle en vient forcément à parler de #MeToo et des femmes qui ont pris la parole à propos du harcèlement sexuel qu’elles subissent/ont subit :
Ce dont je suis certaine, c’est qu’exprimer sa vérité est l’outil le plus puissant que nous avons tous. Et je suis particulièrement fière et inspirée par toutes les femmes qui se sont senties assez fortes et empouvoirées pour s’exprimer et partager leurs histoires personnelles.
Chacune d’entre nous, dans cette pièce, sommes célébrées pour les histoires que nous racontons. Et cette année, nous sommes devenues l’histoire.
Mais ce n’est pas une histoire qui affecte seulement l’industrie du divertissement, (…) donc ce soir, je veux exprimer ma reconnaissance envers toutes les femmes qui ont surmonté des années d’abus et d’agressions parce que, comme ma mère, elles avaient des enfants à nourrir, des factures à payer et des rêves à accomplir. Elles sont les femmes dont on ne connaîtra jamais le nom.
Oprah raconte ensuite l’histoire de Recy Taylor, une femme noire violée en 1944 par un groupe d’hommes blancs. Malgré les aveux de deux des violeurs, ils n’ont jamais été condamnés par les jurys et elle n’a jamais obtenu gain de cause.
Oprah explique que Recy Taylor est décédée il y a quelques jours seulement, le 28 décembre 2017, puis ajoute :
Elle a vécu, comme nous avons toutes vécu, dans une culture, brisées par des hommes brutaux et puissants. Pendant trop longtemps, les femmes n’ont pas été entendues ou crues lorsqu’elles osaient exprimer leur vérité face au pouvoir de ces hommes, mais c’est terminé.
« Time’s up », ce sont les mots qui terminent cette phrase, en version originale. C’est une référence au mouvement crée par les femmes d’Hollywood pour continuer à dénoncer et mettre fin au harcèlement.
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Oprah conclut son discours :
J’espère simplement que Recy Taylor est décédée en sachant que sa vérité – comme celle de tellement d’autres femmes qui ont été tourmentées pendant ces années-là, et qui le sont encore aujourd’hui — continue d’être clamée.
Cette vérité était certainement quelque part dans le cœur de Rosa Parks quand, près de onze ans plus tard, elle décide de rester assise dans ce bus à Montgomery.
Et elle est là, avec toutes les femmes qui ont décidé de dire « moi aussi » et tous les hommes qui choisissent d’écouter. (…) Donc je veux que toutes les filles qui regardent ça maintenant sachent qu’une nouvelle ère est à l’horizon !
Quand cette nouvelle ère arrivera enfin, ça sera grâce à beaucoup de merveilleuses femmes — et beaucoup d’entre elles sont dans cette pièce ce soir — et aussi grâce à des hommes incroyables qui se battent pour faire en sorte de devenir les leaders qui nous emmèneront vers un futur où personne, plus jamais, n’aura à dire #MeToo.
Après avoir déversé plus de larmes et de morves que prévu ce matin, je te laisse avec cette sensation puissante d’assister à des évènements qui marquent l’histoire.
Et même s’il y a encore beaucoup de travail, d’efforts à fournir et de combats à mener… putain, ça fait du bien d’entendre des discours pareil.
Merci Oprah !
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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