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Obvious Child, la rencontre réussie entre comédie romantique et… avortement

Obvious Child, la comédie romantique qui aborde sans détour le sujet de l’avortement, sort le 3 septembre. Sophie-Pierre Pernaut l’a vue et vous donne son avis !

Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec Obvious Child. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.

— Publié initialement le 20 août 2014

Comme beaucoup de films que je m’apprête à aller voir et dont la bande-annonce m’a mise en joie, j’avais très, très envie d’aimer Obvious Child. L’idée même d’une comédie romantique ayant pour héroïne une jeune femme qui décide d’avorter m’enthousiasmait grandement.

J’attendais Obvious Child avec tellement d’impatience que j’ai un peu pris peur : et si, au fond, c’était raté ? Et si, finalement, ça n’avait rien à voir avec ce qui nous avait été promis ? Et si les studios avaient mis une pression énorme sur l’équipe du film, la forçant à trouver une pirouette débile pour éviter de parler clairement de l’avortement ? Et si le monde n’était pas prêt à ne pas nous prendre pour des jambons avec de tels sujets, pour une fois ?

J’avais peur d’être déçue, j’avais peur que l’oeuvre ne soit pas à la hauteur de mes attentes. Je craignais de nourrir trop d’espoirs, comme quand je salivais au restaurant après avoir commandé mes spaghettis à la crème de truffe (qu’on m’avait vendus comme « excellents ») et que je n’ai pu m’empêcher d’attendre mieux que ce que j’ai goûté, de ne pas les trouver à la hauteur de mes grandes espérances gustatives.

Fin du suspense : je viens tout juste de rentrer de la projection d’Obvious ChildEt je pense très sincèrement – croix de bois, croix de fer – que ce film est incroyable.

Obvious Child, ça parle de quoi ?

Donna Stern est new-yorkaise et a presque trente ans. Elle mène une vie assez tranquille, partagée entre son mec, son job dans une librairie, ses performances de stand-up dans un bar, ses soirées…

Et puis un jour, ce quotidien s’écroule : son mec la quitte sans crier gare, lui reprochant entre autres de se servir de leurs histoires de couple pour écrire ses textes (et toutes les personnes du monde qui écrivent savent que c’est une critique possible si son ou sa partenaire de vie n’est pas dans le même milieu). Pire, il lui avoue qu’il vit une histoire d’amour avec une de ses potes à elle. Cerise sur le pompon, elle apprend peu de temps après que la boutique pour laquelle elle travaille va fermer.

Nouvellement célibataire, fraîchement trahie et au chômage, Donna est au plus mal. Pendant une soirées alcoolisée, elle rencontre Max (Jake Lacy), un mec qui, de prime abord, ne correspond pas à son style, mais avec qui elle a tout de même une relation sexuelle.

Dit comme ça, ça ressemble au début de n’importe quelle comédie romantique. À la différence près (et on ne parle ici que de l’intrigue) que, pendant cette nuit sans lendemain où elle se souvient effectivement d’avoir vu un préservatif mais ne sait plus ce qu’elle en a fait, Donna tombe enceinte, décide d’avorter et de prévenir son partenaire d’une nuit.

Obvious Child, un film comme on devrait en faire plus souvent

Dans Obvious Child, tous les acteurs sont excellents, tous les dialogues sonnent juste, et on sent qu’une équipe motivée, qui croit aux valeurs du film, est réunie. Gillian Robespierre, la réalisatrice (dont c’est le premier long-métrage), a débuté le projet à travers un court-métrage, qu’elle a co-réalisé avec Anna Bean et Karen Maine.

Dans le rôle principal, on retrouvait déjà Jenny Slate, qui a également participé à l’écriture du script. Malgré sa carrière déjà prolifique d’auteure et comédienne (Saturday Night Live, House of Lies…), je l’avais jusque-là seulement vue dans le rôle de Mona Lisa de Parks and RecreationElle y est hilarante, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit aussi douée dans les scènes pleines d’émotion.

Ici, elle incarne à la perfection le personnage de Donna, une adulte, une femme forte. Elle tente d’accepter l’idée que ce qu’elle imaginait être à trente ans ne colle pas forcément à la réalité.

Le film est tellement bien écrit, tellement bien joué, que j’ai envie d’avoir le staff en face de moi et de leur dire « Par pitié, gardez cette équipe, entourez-vous de qui vous voulez, et réinventez la comédie romantique. Continuez sur cette lancée, parlez-nous de la vraie vie, faites-nous rêver avec ce qui rend notre quotidien pas toujours joli-joli ». Je ne dis pas que l’avortement fait partie de tous les quotidiens, mais la peur d’une grossesse non désirée (d’un accident de capote, d’un vomissement de la pilule trop tôt après l’avoir prise pour qu’elle fasse son job, ou des petits pourcentages de marge d’erreur des moyens de contraception), oui.

Obvious Child, une vraie comédie romantique

Obvious Child ne déroge pas à la règle de toute bonne comédie romantique : ce film est drôle. Pas que, et pas tout le temps, mais on a droit à des morceaux d’humour un peu scato et décomplexants, à des réflexions acerbes, à des dialogues touchants et marrants à la fois, à de l’ironie maîtrisée et salvatrice…

Les passages de stand-up, écrits par Gillian Robespierre en s’inspirant de la vie du personnage de Donna et du style de Jenny Slate sur scène, rythment efficacement le film : je n’ai clairement pas vu le temps passer.

peter dans la face

Est-ce que tu viens de me péter dessus ?

C’est pas de l’humour qui se la raconte, je trouve : c’est de l’humour accessible, comme on en fait tous dans la vraie vie, mais avec un travail d’écriture derrière. C’est un humour qui coule de source, et je n’ai pas eu le sentiment d’avoir affaire à une caricature, comme c’est parfois le cas dans les comédies américaines plus traditionnelles.

C’est ça en fait, toute la beauté du film : il a l’air sincère. On dirait de vrais morceaux de vraie vie, comme je rêvais d’en voir dans une comédie romantique. J’y ai reconnu certains de mes débuts d’histoire d’amour, les fous rires, les observations, les hésitations, les regards, les discussions avec l’autre et entre potes… Et tout ce que je ne dis pas parce que je veux pas te raconter le film !

Un discours déculpabilisant, pour de vrai

S’il est à peu près hors de question que je te raconte la fin d’Obvious Child, je peux en revanche t’assurer un truc : quoiqu’il arrive, ce film ne prend pas ses spectateurs pour des cons. L’IVG est traitée de façon honnête et concrète. Les personnages étant naturellement drôles, ils font bien sûr des plaisanteries à ce sujet, mais sans jamais en rajouter : ce sont des blagues comme il y en a tant d’autres sur les épreuves de la vie, parce que c’est instinctif, parce que ça allège un peu le poids des soucis.

La tentation est grande de dire qu’Obvious Child est une comédie romantique sur l’avortement, mais c’est un poil réducteur : c’est une comédie romantique qui raconte une rencontre amoureuse se déroulant pendant une épreuve merdique comme on peut toutes en traverser.

Donna se pose davantage la question de « comment le dire à celui avec qui j’ai eu une relation d’un soir ? » que « est-ce que je vais vraiment avorter ou pas ? J’ai pas de job et je me sens pas prête du tout à être mère, mais si ça se trouve je vais changer d’avis ». Il n’y a pas de jugement sur les femmes qui tombent enceintes sans le vouloir et qui avortent parce qu’elles ne veulent pas enfanter — en tout cas, pas tout de suite.

obvious child cartons

Ce n’est pas non plus un film qui tourne en dérision l’avortement : il rappelle la beauté et la nécessité de pouvoir choisir ce qu’on veut faire d’une grossesse, il dédramatise le fait de vouloir y mettre fin. Tout en douceur.

Les échanges sur l’avortement n’ont rien de slogans politiques, puisqu’Obvious Child relate l’expérience et le ressenti du personnage de Donna. Il n’y a pas non plus de discussions à base de « han, t’es sûre, tu penses pas que tu vas le regretter ? », parce que les personnages du film font confiance à leur amie. Obvious Child souligne simplement que, oui, dans certains contextes, pour certaines personnes, l’IVG se présente de manière évidente comme LA solution. Et que si, comme Donna, on a la chance d’être entourée des bonnes personnes, nul ne trouvera quoique ce soit à y redire.

Je sais comment on se sent quand on lit un article dithyrambique paru dans le cadre d’un partenariat : tu penses peut-être que j’en rajoute, mais promis, ce n’est pas DU TOUT le cas ! Déjà, ici on dit ce qu’on veut et puis, je vais t’avouer un truc : à un moment, j’ai pleuré. J’ai pas pleuré d’émotion (enfin, si, parce qu’il y a des moments vraiment très touchants), mais j’ai pleuré de soulagement.

ENFIN un film auquel on peut s’identifier. ENFIN un film qui ressemble à la vie, à mes proches. ENFIN un film qui traite la question de l’avortement sans prendre mille pincettes (ce qui ne veut pas dire qu’on aborde le sujet en mode gros bourrin). J’ai envie qu’Obvious Child soit diffusé dans les lycées, pas dans un but scientifique, mais pour parler ensuite du droit des femmes à faire ce qu’elles veulent de leur corps.

obvious child cafe

Je peux pas vraiment expliquer ce que j’ai ressenti, si ce n’est de la joie. J’avais à la fois envie de sortir très vite pour prévenir mes proches qu’Obvious Child est une tuerie, et de rester dans la salle le plus longtemps possible avec les personnages…

…avant de me rappeler que je reconnais, justement, ma famille et mes amis en eux. Et que c’est pile pour cette raison que j’ai tant aimé ce film. Parce qu’il semble tellement sincère que l’identification coule de source.

Obvious Child sera le CinémadZ parisien du 2 septembre !

4,90€ — VOST — 20h — mk2 Bibliothèque


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

18
Avatar de Loulouboux
7 octobre 2015 à 15h10
Loulouboux
Chose très étrange, ce film est absolument introuvable en streaming vf. Hasard ou censure...?
0
Voir les 18 commentaires

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