La McConnaissance, vous connaissez ? Ce terme, contraction de « McConaughey » et de « renaissance », est utilisé depuis 2014 pour décrire le revirement pris par la carrière de Matthew McConaughey, passé de « jeune beau » abonné aux comédies romantiques à l’un des acteurs les plus reconnus de sa génération, réinventé par des créations exigeantes comme l’angoissante série True Detective ou le déchirant film de Christopher Nolan Interstellar.
Son visage buriné, taillé à la serpe, ses yeux d’un bleu glacial, sa musculature bien dessinée et sa capacité à porter le costume comme personne ont aussi fait de Matthew McConaughey un symbole de masculinité, et une icône de pubs bien viriles vantant des voitures de luxe ou des parfums pour hommes.
À 50 ans, l’acteur texan est au firmament. Il vient de publier aux États-Unis ses mémoires, intitulées Greenlights, dans lesquelles il revient sur sa vie atypique et révèle, entre autres, avoir été violé dans sa jeunesse.
Matthew McConaughey a été victime de viol
Comme le relaie le média britannique Metro, Matthew McConaughey fait état de deux violences sexuelles survenues pendant son adolescence.
« On m’a fait du chantage pour que j’ai ma première relation sexuelle à l’âge de 15 ans. […]
Quand j’avais 18 ans, j’ai été agressé sexuellement par un homme à l’arrière de son van, qui m’avait cogné jusqu’à me faire perdre conscience. »
L’acteur ne s’appesantit pas sur ces évènements, qui sont éparpillés parmi d’autres éléments de sa vie — des blessures, son rapport à la paternité, la mort de son père en plein ébat amoureux avec sa mère… La liste est longue.
Il évoque la culpabilité qu’il a ressentie, liée à sa religion, après le viol subi à 15 ans : « J’étais sûr que j’irais en enfer parce que j’avais eu des relations sexuelles avant le mariage. Aujourd’hui, je suis à peu près sûr que j’espère que ce ne sera pas le cas. »
Matthew McConaughey n’en dit pas plus sur ces violences sexuelles, mais rien qu’en les mentionnant, il envoie un message très fort aux hommes qui, comme lui, ont été victimes de viol.
Quand les hommes victimes de viol prennent la parole
En 2017, après la tornade #MeToo, madmoiZelle publiait Le tabou autour des hommes victimes de violences sexuelles est-il en train de disparaître ?
: de nombreux hommes, plus ou moins célèbres, avaient parlé des viols ou attouchements qu’ils ont subis, dans une libération de la parole jusqu’alors inédite.
Bien que les violences sexuelles touchent en grande majorité les femmes, ces hommes existent, et il est important d’écouter, de respecter leur vécu, afin de lutter ensemble contre la culture du viol.
Matthew McConaughey n’est pas le premier acteur à parler des violences sexuelles qui lui ont été infligées : Shia LaBeouf a révélé avoir été violé pendant une installation artistique, Brendan Fraser a accusé le journaliste Philip Berk de l’avoir agressé sexuellement… des témoignages parfois reçus avec ironie et irrespect. Plus les paroles se libèreront, plus le sujet sera pris au sérieux, plus les anonymes qui se reconnaissent dans ces récits sauront qu’ils ne sont pas seuls.
Il est difficile d’imaginer un symbole de masculinité comme Matthew McConaughey confier avoir subi des violences sexuelles il y a dix ans, il y a vingt ans, au risque de se voir « dévirilisé », au risque qu’on ne le croit pas, qu’on fasse retomber la faute et la honte sur lui, la victime, qu’on se moque de son vécu.
Le viol des hommes existe, et il faut en parler
Ces confessions dans ses mémoires envoient un signal fort : celui qu’on peut être violé en tant qu’homme, qu’on n’a pas à culpabiliser, qu’on n’a pas à se taire, que ça ne rend pas moins viril, moins « homme ». L’acteur y associe même un message rassurant, rappelant que ces violences n’ont pas ruiné sa vie et son droit au bonheur :
« Je n’ai jamais eu l’impression d’être une victime. Beaucoup de choses me prouvent que le monde conspire pour me rendre heureux. »
À noter qu’il agit également pour lutter contre la culture du viol : en 2016, il a participé à un programme créé par l’université du Texas, SURE WALK, en ramenant des étudiants et étudiantes dans leurs logements pour leur éviter d’être en danger sur le campus après les soirées.
La société avance vers une meilleure reconnaissance des victimes de viol, de toutes les victimes de viol. Avec ses mémoires, Matthew McConaughey prête main-forte à cette évolution plus que nécessaire. Et c’est plus qu’« alright alright alright », comme démarche.
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Les Commentaires
Mais après tu as raison, peut-être que ça change la donne de jouer un personnage aussi extrême!