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Ce que j'aurais dû dire à mon ex episode 10, L'ex qui voulait tout contrôler
Ce que j’aurais dû dire à mon ex

« J’étais plus surveillée qu’un témoin sous protection » : ce que Miu Miu aurait dû dire à son ex

Fini les brouillons qui s’accumulent et les vocaux annulés de justesse : Ce que j’aurais dû dire à mon ex vous tend une feuille blanche pour exprimer tout ce que vous rêviez de dire à votre ex-moitié.

Attention : cet épisode mentionne des violences verbales, physiques et sexuelles. Des ressources l’accompagnent en fin d’article.

Créer un podcast qui parle de rupture, c’est savoir qu’on va parler de violences. C’est inévitable, au sein une société patriarcale où le couple comme la séparation sont des lieux où elles s’exercent avec rage sur le corps et l’esprit des femmes. 

On s’est demandé ce qu’on pouvait faire entendre de ces violences, dans des épisodes de 5 minutes. La réponse n’est pas immuable, mais parfois, elle tient dans le fait de répéter, avec celles qui témoignent : l’emprise, ce n’est pas de l’amour. La violence, physique ou morale, ce n’est pas de l’amour. La surveillance, ce n’est pas de l’amour. La manipulation, ce n’est pas de l’amour. 

Miu Miu a réussi à se défaire d’un ex violent. Elle raconte comment elle a réussi à en sortir, et entamer un parcours de guérison.

Ce que Miu Miu aurait dû dire à son ex

Cher ex,

Je ne sais pas s’il s’agit du terme exact pour te désigner, car nous avons été en presque-relation pendant 10 ans. L’entre deux dans lequel tu m’as piégée n’enlève rien aux sentiments que j’ai eu envers toi, et que je peine à effacer.

Les signaux d’alarme étaient présents dès le départ, mais je les ai ignorés. Tu étais tout ce que je recherchais : un charisme à couper le souffle, de l’humour, de l’assurance. Il y avait tant de points communs entre nous que j’ai voulu y croire. Tu agissais comme si tu étais célibataire, et après tout, ce n’était pas de ta faute si ces autres filles pensaient être en relation avec toi ! 

Tu étais si parfait, jamais je n’avais ressenti une telle connexion auparavant. Attentionné, tu es petit à petit devenu omniprésent. Très vite, tu m’as éloignée de mon entourage, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que nous. Ou plutôt, qu’il n’y ait plus que toi

Tu m’as persuadée que je n’étais rien sans toi, que tu étais mon air. Alors, quand mon cœur s’est fissuré une première fois en apprenant que tu étais en couple avec une autre depuis le début, je n’avais plus le choix. Souffrir de ta présence, ou mourir de ton absence ? 

J’étais persuadée que tu allais la quitter, que je devais être la meilleure, te prouver ma valeur. Une compétition malsaine s’est installée entre elle et moi, et notre relation devenait de plus en plus toxique.

Mais dans le même temps, nous sommes devenus si fusionnels que je n’existais plus. Tes désirs étaient les miens, et dès que je te portais un peu moins d’attention, tu me ramenais à toi. 

Ensuite, tu as instauré des règles pour t’assurer que je ne m’échapperai pas. La première était de t’appartenir. T’obéir, ne pas te contrarier, être soumise, c’est comme ça que tu nous aimes n’est-ce pas ?

Si par malheur je tentais de m’opposer à toi, j’étais punie par le silence. Tu passais du bombardement d’amour à l’ignorance totale pendant quelques jours. J’avais l’impression de perdre la tête. À ton retour, je n’avais pas d’autre choix que de capituler

Mes mails, mon téléphone, mes réseaux sociaux ainsi que mes allées et venues étaient surveillés en permanence. Tu étais mon nutritionniste, mon coach sportif et mon styliste. Il m’était impossible de parler à un autre homme. J’étais accro, et tu le savais. En même temps tu me bombardais tellement d’attention, de quoi je me plaignais ? D’être trop aimée ?

La deuxième règle était de ne pas parler de notre relation, ni à toi ni à personne d’autre.

Tu refusais toute discussion qui aurait pu révéler tes sentiments à mon égard (je ne suis pas sûre que tu en avais) ou éclaircir mon statut. Permets moi de le faire, maintenant que j’ai récupéré ma faculté à réfléchir : j’étais ta maîtresse. 

Tu n’as jamais voulu utiliser ce mot et dès que je culpabilisais, tu m’endormais avec tes belles paroles. Tu m’as persuadée que tout cela était normal, que je n’étais pas cachée. Apparemment ce style « d’amour » est de famille puisque ton grand-père, puis ton père avaient le même mode de fonctionnement. Je devais juste accepter mon sort. Tu te pensais supérieur à moi et j’y ai cru. 

Je ne sais pas si tu te comportais de la même manière avec elle. Elle. J’ai presque oublié son existence, mais tu m’as ramenée à la réalité de manière brutale. 

Tu as commencé à me comparer à elle. D’après toi, mon corps était le seul obstacle à l’officialisation de notre relation. Tu me disais à quel point j’étais loin du compte physiquement mais que mon âme t’attirait, quel dommage. Je devais porter ce corset qui me coupait la respiration, jusque dans nos ébats. Mais on n’a rien sans rien, pas vrai ?

Je suppose que tu avais pressenti que je n’avais jamais été aimée inconditionnellement. Je n’avais aucun modèle de ce à quoi devrait ressembler l’amour. Alors quoi de plus normal que de me tuer à la tâche pour que tu m’aimes ?

Le chantage affectif et la manipulation se poursuivaient, sans compter l’humiliation, le manque de respect et la jalousie possessive. Mais je pensais que ça en valait la peine, il fallait que tu m’aimes. Suite à un régime draconien, j’ai perdu 30 kilos pour toi. À ce stade je voulais m’aimer, m’accepter. J’étais dans la meilleure forme de ma vie, mais toi, tu t’en fichais ! Ce n’était jamais assez. 

Sexuellement, tu prenais ton pied en continuant à dire que je ne t’attirais pas. Quelle idiote j’ai été ! Tu avais une idée précise de ce à quoi devrait ressembler une femme, et tu n’en démordais pas. Toutes ces photos de filles sur Instagram que tu me montrais, soi-disant pour me donner la motivation d’atteindre mes objectifs… 

Quand tout a volé en éclats, tu as dit que tu faisais ça « pour moi, pour m’aider » . Encore un mensonge, comme toujours. 

Pourquoi supporter tout ça ? Pourquoi je ne suis pas partie ? Je me pose la question aujourd’hui. 

Le deal avait l’air simple. J’avais un meilleur ami, un confident, amant, de l’attention et une connexion mentale et sexuelle extraordinaire. Je n’avais pas à t’en demander plus, d’ailleurs c’est tout ce que je méritais. Tu étais là. C’est tout ce qui comptait… J’avais tort. Je ne m’aimais pas et je t’aimais trop, beaucoup trop.

Lorsque mon lavage de cerveau a atteint son paroxysme, tu t’es mis en tête de me lier d’amitié avec ta copine, elle, la première. Tu l’invitais à nos rencards.

Cette relation m’épuisait, et je cherchais une porte de sortie. Brisée, je ne t’ai jamais affronté. Tu as pris mon silence pour de l’acceptation, et les choses ont empiré. Une troisième fille est rentrée dans ta vie. Je sentais qu’il fallait que je parte, mais comment faire ? Il n’y avait plus aucune limite à tes actions.

Je t’ai regardé former ma remplaçante. Lorsque j’ai protesté, tu as décrété que je n’avais pas l’esprit ouvert, que nous étions un « trouple », que c’était du polyamour. Voilà comment tu justifiais tes actions. Mais le polyamour, c’est basé sur le consentement de toutes les parties, pas sur la manipulation. Je n’étais pas consentante, la première n’était pas au courant, la dernière attendait son heure de gloire. Tu trompais juste tout le monde.

Heureusement il y a toujours une goutte d’eau, tu sais celle qui fait déborder le vase.

Laisse-moi te rafraîchir la mémoire. Ce 14 février, qui fût le dernier. Nous n’avions pas pour habitude de fêter ce jour. Maintenant que j’y pense tu ne m’as même  jamais souhaité joyeux anniversaire, ni dit je t’aime, pas une fois en 10 ans.

Mais revenons sur cette dernière Saint-Valentin. Ce jour-là, j’ai ramené ma mère de l’hôpital, et je n’avais rien prévu. Tu m’appelée me suppliant de venir. Naïve, j’espérais une déclaration, un dîner ou même juste une soirée Netflix. Mais lorsque j’ai sonné à ta porte, j’ai vu ta troisième conquête. Choquée, j’ai fini par comprendre que pour le 14 février, ta fabuleuse surprise était un plan à trois. Le cœur brisé, je me sentais si mal que j’en ai vomi. 

Pourtant, je pensais pouvoir te changer, garder le bon, retirer le mauvais. La rupture, je ne l’ai pas vue arriver.  

Quelques temps après cette histoire j’ai rencontré un homme, l’opposé de toi. Curieuse, j’ai accepté d’en savoir plus autour d’un repas. 

Sa façon de penser m’a interpellée. Il disait que personne n’appartenait à personne, qu’il voulait se sentir libre, être maître de mes propres choix. Evidemment, tu l’as su. J’étais mieux surveillée qu’un témoin sous protection. Je t’ai menti, je le regrette. Il me fallait du temps pour te confronter et trouver mes mots et ce jour là, je n’en ai pas eu. Voici ce que j’aurai dû te dire :

« Je suis désolée d’avoir accepté ce rencard et je comprends que tu te sois senti trahi. Mais je n’en peux plus, les choses doivent changer. Mon cœur est en miettes. J’espère honnêtement que tu as fait toutes ces choses sans te rendre compte du mal que tu me faisais. Je ne veux plus être dans l’entre deux. Soit je suis ton amie, soit tu me choisis et, tu les quittes.

Je mérite d’être acceptée et aimée pour ce que je suis. Je mérite un amour sain avec du respect, et de la confiance. Le respect de mes limites, de ma famille, de mes amis, de ma carrière. Je mérite d’avoir un avenir. Est-ce que tu m’aimes au moins ? »

Je sais, cette conversation est bien trop douce et utopique pour tout ce que tu m’as fait subir, mais je n’arrive pas à te haïr. Peut-être que je m’en veux de ne pas avoir su m’exprimer, mais la vérité est que tu ne m’en as jamais laissé l’occasion. 

Le jour où tu as compris que je t’échappais, tu as été d’une violence inouïe. À peine arrivée chez toi, tu m’as brutalement poussée au sol. Puis, tu as tenté en vain d’avoir une relation sexuelle avec moi, avant de fondre en larmes. De te plaindre que je ne t’appartenais plus, avant de dire ces mots que j’avais tant attendu, « Je t’aime ». 

Pétrifiée par tout ce qui venait de se passer, je n’y ai pas prêté attention ; mon instinct de survie avait repris le dessus, il fallait m’enfuir.

Comment as-tu osé dire que tu m’aimais dans des conditions pareilles ? Tu n’as donc aucune idée de ce qu’est l’amour ? Tu es incapable d’aimer, de te remettre en question. 

Tout s’est écroulé et depuis j’ai cette douleur dans la poitrine. J’ai cru mourir, j’ai voulu mourir. Les mots ne sont plus jamais sortis après ça, c’est la première fois que je réussis à raconter intégralement notre histoire.

Je suis retournée vers lui puis vers toi, en mode pilote automatique. Je ne l’aimais pas, quel gâchis ! Mon cœur bat encore pour toi.

Pour sauver tes fesses tu as arrangé l’histoire à ta façon. Me voilà, la fameuse ex folle.

Enfin, j’ai demandé de l’aide aux amies qui n’étaient jamais vraiment parties, à ma famille et à une spécialiste. Je remercie ces personnes de tout mon cœur car sans elles, je ne serai probablement plus là aujourd’hui.

S’ensuivent des mois de tortures psychologiques où tu voulais que je quitte toutes ces personnes pour revenir vers toi, comme avant. Je ne reconnaissais plus l’homme dont j’étais tombé amoureuse. À partir du moment où tu as su qu’un autre m’avait touchée, tu voulais que je souffre. J’avais ouvert les yeux, la chute était brutale et une terrible douleur s’était emparé de moi, cependant j’ai tenu bon.

Aujourd’hui cela fait trois ans que tu es parti. Tu m’as fait tes adieux. Depuis le manque, la dépression, l’anxiété et la solitude sont devenus mes meilleurs amis. Mais ne t’inquiète pas je suis entourée. Le processus de guérison est entamé cela va prendre du temps mais j’y arriverai. Je comprends maintenant que tu m’as détruite. Ce n’était pas de l’amour.

Je souhaite qu’un jour mes mots puissent te parvenir pour que tu te remettes en question. Je ne t’oublierai jamais. Je fais la promesse de n’appartenir qu’à moi-même, de m’aimer et de m’accepter telle que je suis.

Violences conjugales : les ressources

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Crédits

Ce que j’aurais dû dire à mon ex est un podcast de Madmoizelle édité et présenté par Aïda Djoupa. Réalisation, musique et édition : Mathis Grosos. Rédaction en chef : Mymy Haegel. Direction de la rédaction : Mélanie Wanga. Direction générale : Marine Normand.

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Les Commentaires

6
Avatar de Mimicollo
26 mai 2022 à 09h05
Mimicollo
@Sophie L je te rejoins sur ton témoignage
Contenu caché du spoiler.
Avec l'âge on se rends compte que ce que l'on veut réellement et que jamais on doit se sacrifier pour l autre. Un homme ça se remplace si il va pas. Jamais plus je me ferai passer en second pour un homme.
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