Cher ex,
Notre histoire s’est terminée il y a déjà plusieurs années, et pourtant, dès que je pense à toi, la colère ne passe pas.
On s’est rencontré lors d’une chaude soirée de juin. Mes souvenirs de cette nuit-là sont toujours intacts, impossibles à effacer. Notre rencontre via des potes en commun, le feeling qui passe entre nous immédiatement, la nuit entière à traverser Paris à pied, de la tour Montparnasse au Sacré-Cœur. Les discussions, les rires, les passions communes, toute notre vie ensemble semblait déjà se dérouler devant nous sur un tapis rouge, alors que nous nous connaissions seulement depuis quelques heures. On avait cette impression commune de nous retrouver après des années à nous être cherché. C’était fou !
Nous pouvions parler de tout sans nous lasser, nous toucher sans n’être jamais rassasiés, rire à s’en faire mal au ventre, et pourtant…
Pourtant, après quelques mois de vie à deux idyllique, tu as tout gâché.
Pendant cette année que nous avons partagée, j’ai perdu mon père, le dernier parent qu’il me restait. Il se battait depuis des mois contre un cancer particulièrement agressif, et il y a succombé.
J’étais anéantie. Au début, tu m’as soutenue, tu étais là. Tu m’as remonté le moral comme tu as pu, et j’imagine que ça ne devait être facile pour toi. Et au bout de quelques mois, tu t’es lassé. C’est à partir de ce moment, quand j’étais psychologiquement au plus bas, que tu as commencé à être blessant. Blessant dans tes mots, blessants dans tes gestes.
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Tu prenais un certain plaisir, je le voyais dans ton regard, à me faire de la peine, à m’enfoncer, à me rabaisser. Dès que je trouvais le courage de ressortir de chez moi et d’affronter le monde, tu adorais souligner, devant nos potes, tout ce qui n’allait pas chez moi. Tu appuyais toujours où ça faisait mal, et ça te faisait kiffer.
Après plusieurs réflexions en public mal placées, mes amis ont commencé à s’inquiéter pour moi. Ils voyaient bien que je n’étais plus heureuse, et que tu en étais en partie responsable. Tu as eu vent de leur inquiétude, et tu m’as montée contre eux. J’étais très faible, je n’étais que douleur et deuil, et tu as su comment me détourner d’eux et m’isoler.
Je n’avais plus que toi, à cause de toi. Tu avais réussi ce que tu voulais, je devenais ta chose, et je n’avais ni la force de lutter, et ni même de m’en apercevoir.
Et puis un jour, tu as fauté, heureusement. Une de mes plus vieilles amies, qui ne vivait pas dans notre ville, m’a rendu visite quelques semaines. J’adorais cette fille. On se connaissait depuis des années, j’avais une confiance plus qu’aveugle en elle. Jamais je n’aurais pu imaginer qu’elle m’aurait trahie, de cette façon.
Votre relation a commencé pendant cette visite, sans que je le sache. Vous vous cachiez dans les toilettes des bars quand on sortait, vous vous retrouviez dans mon lit quand j’étais au boulot. Moi, je ne voyais rien, aveuglée par ma confiance et mon amour pour vous.
J’étais naïve, endeuillée et trop jeune, je ne pensais pas qu’on pouvait être aussi malfaisant.
Vous avez continué à vous voir pendant un bon moment. Tu faisais même des allers-retours chez elle à l’autre bout du pays, en me faisant croire que tu rentrais chez tes parents. Pourquoi ne m’as-tu tout simplement pas quittée, plutôt que de me tromper avec celle que j’estimais le plus ?
Quand j’ai tout découvert, j’ai été anéantie, encore une fois dans la même année.
Tu avais réussi à tout briser : notre couple, mon amitié avec elle, et moi. Une pierre, trois coups, bien joué. Mais avoir découvert le pot aux roses a été étrangement salutaire. De fille triste, je passais à fille en colère, et c’était tellement plus facile pour moi.
En découvrant ton infidélité, j’en découvrais aussi une autre : celle avec une de mes voisines. Par hasard, nous avons compris que nous sortions avec la même personne, mais nous ne connaissions pas l’existence de l’une et de l’autre. Ça avait dû être une sacrée gymnastique pour toi, de fréquenter deux filles qui vivent dans la même rue, en plus de mon amie d’enfance ! J’imagine que tu devais avoir les mains moites à chaque fois que tu sortais dans le quartier. Dommage qu’un bus ne t’ait pas roulé dessus.
Mais tu sais quoi ? Rencontrer cette voisine a été un des plus beaux évènements de ma vie. De femmes trompées par la pire des ordures, nous sommes devenues alliées. Elle m’a aidée à remonter la pente, on s’est soutenues pour te pourrir et te maudire, et tu es parti la queue entre les jambes, pour de bon. Tu ne faisais pas le poids face à nous !
Des années après, cette voisine, devenue amie, a été mon témoin de mariage et fait presque partie de ma famille. Je devrais peut-être te dire merci pour ça, mais faut pas abuser, je ne te dois rien.
Comme disait Mano Solo : « Tout à une fin, c’est peut-être ça qui est bien. »
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