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Poussez Madmoizelle

« Je voulais que personne ne mette sa main dans mon utérus » : Louise raconte son accouchement

Ah, l’accouchement. Ce moment si spécial, flippant et transformateur. Parfois rêve, parfois cauchemar, souvent un peu des deux… Chaque semaine, dans Poussez Madmoizelle, une personne raconte son accouchement.
  • Prénom : Louise
  • Âge au moment de l’accouchement : 29 ans
  • Bébé attendu le : 5 novembre
  • Bébé arrivé le : 7 novembre, à 4h39
  • Stats : 3,3 kilos pour 50 centimètres

Une grossesse ni trop prévue, ni trop surprenante

Quelques mois après avoir arrêté toute contraception, je suis tombée enceinte. Nous étions arrivés à un stade de notre vie où avoir un enfant était une possibilité envisageable, et même excitante, mais nous ne voulions pas nous mettre de pression : on s’est dit qu’on prendrait les choses comme elles viendraient. Elles sont arrivées beaucoup plus vite que ce que à quoi nous nous attentions.

Cette grossesse n’était donc ni trop prévue, ni trop surprenante. On était contents, mais presque un peu pris de court. On s’est dit d’un coup :

« Bon, on n’a peut-être pas pensé à tout. « 

On n’avait pas tellement envisagé le concret de ce qu’était être enceinte, être parent, et il m’a fallu un petit moment pour réaliser. Pendant le premier trimestre de ma grossesse, j’étais un peu… sceptique. Je savais que j’étais enceinte, mais je ne sentais pas vraiment de changement.

J’ai eu deux semaines avec des nausées, pendant lesquelles je ne pouvais manger que des nuggets (j’avais l’impression que c’était la seule chose que mon corps pouvait digérer), mais c’est passé assez vite. À part ça, ni les autres, ni moi ne pouvaient le voir.

La grossesse et le regard des autres

Au deuxième trimestre, quand ma grossesse a commencé à devenir visible, j’ai senti le regard des autres changer sur moi.

Je représentais quelque chose de différent, une « femme enceinte », même pour les gens que je ne connaissais pas. J’avais l’impression que je n’étais plus seulement moi-même, Louise, mais que mon identité devait se reconstruire sur une image totalement différente. Ce qu’on projette sur une jeune active de 28-29 ans, ce n’est pas la même chose que ce qu’on projette sur une maman, et ça me perturbait beaucoup.

J’ai eu la sensation d’un passage un peu brutal, imposé d’une identité à une autre. Surtout que j’étais la première de mon cercle d’amis ou de ma famille à tomber enceinte ! Je n’avais pas d’exemple de ce à quoi ça pouvait représenter, être mère à la trentaine pour quelqu’un de ma génération. Ça ne m’empêchait pas d’être heureuse de ce qui se passait, mais je crois que face à tous ces changements physiques, sociaux, et hormonaux, j’ai beaucoup cogité, et j’ai eu pas mal de déclics.

Avec le recul, j’ai l’impression que devenir parent, pour moi, ça a été un passage à l’âge adulte, une manière de rejoindre un vécu commun à plein d’autres gens.

Au programme : accoucher sans péridurale, en maternité

Au troisième trimestre, tout est devenu plus concret. Physiquement, parce que je commençais à sentir (et à voir) mon bébé bouger dans mon ventre, mais aussi médicalement : j’avais des prises de sang à faire tous les mois à l’hôpital, des rendez-vous avec les sage-femmes à la maternité, nous avons commencé des cours de préparation à l’accouchement, je lisais pas mal de livres…

J’avais choisi d‘accoucher sans péridurale, à la maternité. Je savais que ma mère avait accouché de mon frère et moi sans péridurale, et j’avais envie d’expérimenter physiquement ce qu’était l’accouchement.

J’ai commencé à lire des témoignages, pris quelques cours d’hypnose pour m’aider à contrôler la douleur, et me suis renseignée un peu partout.

Des contractions après Dirty dancing

Le jour du début du travail était un jour étrange. Nous nous sommes couchés très tôt, autour de 21h30 (ce qui ne nous arrivait jamais à l’époque, mais qui est notre quotidien aujourd’hui), après avoir regardé Dirty Dancing.

Je me suis réveillée autour d‘1 heure du matin parce que j’avais perdu les eaux. Les contractions n’étaient pas encore douloureuses. Sans paniquer, j’ai pris une douche, enfilé un pyjama, et nous sommes partis pour la maternité, où nous sommes arrivés vers 3 heures du matin.

C’était une soirée extrêmement chargée : beaucoup de gens accouchaient, et certaines personnes ont même du être renvoyées vers d’autres maternités. Nous avons eu la chance d’être pris en charge assez rapidement, et d’être installés dans une salle de travail.

Le début de plus de 24 heures de travail

Nous y sommes restés jusque tard dans la journée. Les contractions étaient assez douloureuses, arrivaient toutes les 5 ou 10 minutes, mais l’hypnose m’aidait à gérer la douleur. J’avais l’impression d’être arrivée à un palier : mon col de l’utérus était dilaté d’environ 4 centimètres, et ne bougeait pas.

Nous avions aussi appris des points d’acupression sur lesquels mon compagnon appuyait dans le bas de mon dos, qui m’aidait à ne pas ressentir la douleur.

C’était très long, et j’avais de plus en plus mal. À partir de l’après-midi, la douleur a commencé à devenir très intense.

À 16 heures, on nous a changés de chambre : c’était une salle de travail dans laquelle on pouvait accoucher, et je n’accouchais pas. Pour vérifier que ma fille allait bien malgré ce travail long, on m’a placée sous monitoring. Mais comme la maternité était pleine, il n’y avait plus de monitoring sans fil, qui permet de se déplacer et de bouger.

À 18 heures, j’ai donc été placée sous monitoring à l’ancienne, avec des fils, et il ne fallait pas que je bouge sinon il ne marchait pas. On m’a expliqué qu’il fallait une prise de 30 minutes de données pour pouvoir avoir un monitoring fiable, donc 30 minutes sans bouger, alors que les contractions devenaient difficilement gérables.

Le personnel soignant a essayé trois fois, sans succès. Vers 20 heures, après ces tentatives ratées d’avoir un monitoring fiable et sans être sur le point d’accoucher, on a commencé à me parler de déclencher mon accouchement. Mon col de l’utérus était dilaté autour de 5 centimètres, et les médecins commençaient à s’inquiéter.

Sans titre (10)
Jimmy Conover / Unsplash

Finalement, une péridurale

On nous a encore changé de salle, cette fois-ci une pièce d’environ 25 m2 coupée par un paravent. Derrière celui-ci, il y avait une autre femme en travail, que j’entendais galérer autant que moi. Cette présence m’a beaucoup perturbée, et à ce moment-là, j’ai commencé à ressentir la fatigue mentale des dernières heures. J’étais découragée, et me demandait combien de temps j’allais encore devoir gérer cette situation avant que l’accouchement n’arrive.

Il était 21 heure, il faisait nuit à nouveau, j’étais toujours à l’hôpital, et rien n’avait avancé. Surtout, la douleur devenait de plus en plus ingérable. Quand on a commencé à me dire qu’il faudrait utiliser de l’oxytocine pour déclencher l’accouchement, j’ai été très claire sur le fait que dans ce cas-là, je prendrai la péridurale : je savais que les contractions risquaient d’augmenter d’un coup, et je ne me sentais plus en état physique et mental de continuer à gérer la douleur.

Le moment de l’accouchement

Autour de minuit, une chambre s’est libérée et nous avons été déplacés à nouveau. On m’a posé une péridurale, et les médecins ont noté que le travail s’accélérait, sans besoin d’utiliser de l’oxytocine.

Après 24 heures de travail, l’effet de la péridurale a été libérateur : je me suis endormie une heure environ. J’ai été réveillée par des contractions qui me faisaient à nouveau mal, particulièrement d’un côté.

On m’a redonné une dose de péridurale, et entre deux et trois heure du matin, j’ai attendu, en appuyant sur un point d’acupression entre mon pouce et mon index. Mon conjoint était complètement HS, et s’est endormi allongé par terre dans un coin de la salle d’accouchement.

Autour de 3h30, une sage-femme est venue nous voir pour vérifier la situation, et nous a dit « C’est le moment ». Un médecin est arrivé, avec une autre sage-femme. Je me suis sentie en confiance avec cette équipe, qui était très sympa et qui m’a beaucoup soutenue.

Le moment de pousser est arrivé après 4 heures du matin, et avec cette double dose de péridurale, j’avais du mal à me sentir pousser.

Par contre, je me suis sentie très forte : j’avais l’impression que je pouvais pousser avec force, et qu’elle allait sortir super vite. Et de fait, je crois que j’ai poussé trois fois, peut-être quatre, et en cinq minutes, elle était là.

Des retrouvailles de courte durée

On l’a posée sur moi, recouverte de liquides peu ragoûtants de couleurs différentes. Ce n’était pas du tout un bébé rose mignon ! J’étais soulagée qu’elle soit sortie, mais j’ai ressenti quelque chose d’étrange, je l’ai trouvée un peu molle, un peu« flasque », pas réveillée.

En cinq secondes, le temps de couper le cordon, les médecins ont compris qu’elle ne pleurait pas et qu’elle respirait mal. Je me souviens qu’ils ont dit assez calmement :

« Elle a du mal à respirer, on va l’emmener. »

Sur le coup, je me souviens d’avoir été rassurée. Ça validait mon ressenti que quelque chose n’était pas normal, et surtout, elle allait être traitée par des professionnel, rapidement. Mon partenaire est parti avec elle, et je me souviens avoir eu le sentiment que quelqu’un d’autre prenait la relève.

En fait, ma fille n’arrivait pas bien à respirer : elle avait expulsé du méconium dans l’uterus juste avant sa naissance et en avait avalé. On appelle ça un syndrome d’inhalation méconiale.

Je refuse une délivrance artificielle

C’est étrange. Dans ce genre de situation, on s’imagine que la seule chose à laquelle tu peux penser, c’est ton bébé : comment il va, où il est. Mais je n’avais pas l’impression qu’elle soit en danger, j’avais l’impression que tout allait se passer au mieux, et que les médecins avaient largement les moyens de sortir le méconium de sa gorge ou de ses poumons.

C’est comme si j’étais dans un mode de survie primaire, je me concentrais sur ce qui se passais au niveau de mon corps. À ce moment là, j’ai compris que je faisais une hémorragie. J’avais une bonne déchirure, et je voyais les médecins ne pas être très tranquilles.

Il fallait recoudre, mais le placenta n’était pas encore sorti et j’ai commencé à les voir s’agiter autour de moi, parler entre eux et dire « Il faut faire vite » . J’ai compris qu’il était question de délivrance artificielle : qu’un médecin mette sa main dans mon utérus, et qu’il retire le placenta lui-même. J’avais lu que c’était une pratique obstétricale qui pouvait arriver, et je n’en avais aucune envie.

Moi, je voulais qu’ils se calment et que personne ne mette sa main dans mon utérus. Je leur ai demandé d’attendre la contraction suivante, pour pouvoir l’expulser moi-même. Je me disais encore « Je suis trop forte, je suis pleine d’hormones, j’ai poussé un bébé en 4 fois, je vais vous sortir le placenta ». Ça a marché : le placenta est sorti.

La première fois que j’ai entendu sa voix

Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé à ce moment-là, mais je sais que mon partenaire et ma fille, en pleine forme, sont revenus juste après.

Dans le couloir qui menait à ma chambre, j’ai entendu des bruits de bébé, et j’ai su tout de suite que c’était elle qui arrivait, avant même qu’ils poussent la porte ou que j’entende des pas. C’est le moment qui m’a le plus émerveillée, dans cette expérience de l’accouchement : j’ai reconnu sa voix, avant même de l’avoir entendue, alors qu’il y avait d’autres bébés qui pleuraient partout dans cette maternité. C’était incroyable !

Ce bébé, je le connaissais déjà. Ce n’était pas une rencontre, plutôt une translation : elle était dans mon ventre, et maintenant, elle était sur moi.

Crédit photo : Aditya Romansa / Unsplash


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

1
Avatar de FlorenceS
17 avril 2022 à 18h04
FlorenceS
Hello ! J'écris peu sur le forum, mais je me permets une remarque... Les articles sont toujours très intéressants, j'ai accouché il y a 4 mois et je m'y retrouve souvent. En revanche il faudrait vraiment arrêter avec ces titres hyper anxiogènes... L'accouchement est une épreuve, qui peut se dérouler/être vécue de mille façons différentes () , mais vous sélectionnez toujours la pire phrase de l'article pour la mettre en titre, ce n'est vraiment pas représentatif et c'est hyper stressant pour les futures mamans...
Voilà, c'est dommage...
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