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« Je suis, contre mon gré, au chômage » : dans la vie de Sandrine, mère solo de deux enfants 

Les mères élevant seules leur(s) enfant(s) font face à une précarité croissante. Sandrine S. en fait partie. Alors que le gouvernement envisage de nouvelles mesures concrètes pour soutenir les mamans solos, Sandrine partage avec nous ses difficultés quotidiennes et ses espoirs pour l’avenir.

L’avenir des parents célibataires – dont 80 % sont des mères – pourrait bientôt s’améliorer. Le gouvernement affiche sa volonté d’agir concrètement pour alléger le quotidien de celles qui peinent à joindre les deux bouts. Parmi les pistes envisagées : la création d’un statut de « parent isolé » donnant accès à divers avantages financiers et sociaux : versement des allocations familiales dès le premier enfant, tarifs réduits pour faciliter l’accès aux services publics, et pensions alimentaires non imposables. Madmoizelle a recueilli le témoignage de Sandrine, 37 ans, maman solo de deux jeunes enfants.

Son récit bouleversant illustre les nombreuses difficultés rencontrées par les familles monoparentales et suscite le respect.

Pas de mode de garde = pas de boulot

« Je suis célibataire, maman de deux enfants de deux pères différents, un garçon de 5 ans et demi qui est scolarisé en grande section, et une petite fille de 2 ans, qui ne rentrera à l’école qu’à la rentrée 2025. Je suis, contre mon gré, au chômage. Je ne trouve pas de mode de garde avec des horaires assez élargis me permettant d’exercer mon métier de chauffeur poids lourds. Mon précédent employeur était compréhensif, mais avec ma petite fille, là c’est impossible. Je ne suis pas contre changer de métier, mais j’habite dans un coin très isolé, à minimum 20 km d’une ville où des secteurs recrutent et le gasoil, ça coûte cher. J’ai un chômage à 678 euros , je touche 842 euros de la Caf et 120 euros de pension alimentaire pour mon grand. Toutes les charges fixes déduites, il me reste que 539 euros. Nous sommes 3 à vivre la dessus. C’est très difficile. Ce qui me plombe, c’est le loyer, j’ai 850 euros à sortir chaque début de mois, les charges ont explosé.

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Un budget millimétré

On compte tout. Il faut faire attention aux courses et à tout ce que je dépense : électricité, assurance, téléphone internet. La père de mon fils ne le prend quasiment pas, malgré une garde classique. Il me donne 120 euros, alors qu’il gagne 1800 euros dans ses plus petits mois. Quant au père de ma fille, il ne travaille pas, il est insolvable. La semaine dernière, il a daigné m’apporter deux paquets de couches et un paquet de lingettes. 

Je préfère le tenir éloigné de nous, car c’est quelqu’un d’instable et il a été violent avec mon fils par le passé. Ne plus l’avoir à charge, c’est déjà pour moi un immense soulagement pour moi. Depuis peu, j’ai le droit à l’épicerie solidaire, 22 euros par semaine, ça semble peu, mais les prix y sont tellement dérisoires qu’on peut acheter beaucoup de choses. Mais ça a été un choc quand même d’en arriver là. La première fois je me souviens, je suis restée devant la porte en pleurant. J’étais tétanisée, je ne pouvais pas rentrer. Je voudrais saluer le travail des associations. Elles sont à l’écoute et personne ne nous juge.

On dirait que les papas séparés ne se soucient pas de savoir si leurs enfants vont bien ou mal.

Sandrine, maman solo de 37 ans

La charge mentale des enfants

Voilà ce que c’est la vie de maman solo : gérer les galères financières, sans parler de la charge mentale quand les enfants sont malade, tristes, contrariés, les rendez-vous à l’école, les vêtements à acheter. Mon fils de 5 ans consomme une père de chaussures minimum par mois. Comment vous dire que je n’achète jamais rien pour moi. Mon fils, après ce qu’il a subi avec le père de ma fille, a besoin d’un soutien psychologique, les séances ne sont pas remboursées, mais je n’ai pas le choix. Je ne veux pas les condamner, mais j’ai l’impression que les trois quarts des papas séparés n’ont pas de responsabilités, ne se soucient pas de savoir si leurs enfants vont bien ou mal. Et en plus, ils déduisent la pension alimentaire de leurs impôts qu’ils sont dans l’obligation de donner, souvent à contre cœur.

Je sortirai la tête de l’eau seulement quand j’aurais un emploi

Je n’envisage même plus l’avenir car, sans place en crèche ou assistante maternelle, je ne peux pas reprendre une activité professionnelle. Quand bien même je trouverais un travail dans mon secteur, je devrais payer le gasoil, Pôle emploi propose une aide exceptionnelle, mais il faut avoir un contrat de plus de 3 mois. Et dans mon cas, c’est plus des missions en intérim qu’on me propose. C’est le serpent qui se mord la queue. L’autre solution serait de déménager, mais avec ma dette de logement (50 euros), c’est impossible. Je ne peux pas baisser les bras, j’ai deux enfants qui ont besoin d’avoir une mère solide. Je fais en sorte qu’ils grandissent dans les meilleures conditions possibles, avec de l’amour, un toit, et de quoi se nourrir.

Merci de nous laisser la parole. »

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Les Commentaires

4
Avatar de nip33
30 juin 2025 à 08h06
nip33
@DamePatience , pas mal de mecs cachent leur mauvais coté au début d'une relation, et les femmes voient souvent leur vrai visage après la naissance d'un enfant, qui dans la plupart des cas arrive (trop?), très rapidement. ca me fait penser à la devise "pourquoi attendre si on s'aime?", et voila que des enfants arrivent dans un environnement instable, et que des mamans solo s'appauvrissent.
ma mère était comme ca, a mal choisir ses copains, et souvent elle prenait le même type d'homme, je ne comprends pas. mais heureusement elle n'a pas pu avoir d'autres enfants dans cet environnement toxique.
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Voir les 4 commentaires

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