La piscine, quand on s’appelle Marine, c’est normalement censé sonner comme une évidence. Je devrais me sentir comme un poisson dans l’eau, notamment parce que j’ai poncé La Petite Sirène et Sauvez Willy plus jeune. Mes parents tenaient, en plus, le snack de la piscine de mon village (est-ce que vous avez senti le croque-monsieur toute la fin de votre primaire ? Parce que c’était mon cas) — preuve que finalement, tout est écrit.
Il me manque néanmoins certaines compétences à mon arc, notamment la nage crawl (je n’ai jamais rien compris à la coordination que ça demandait) et le plongeon (parce qu’il n’y a rien qui mérite qu’on y aille tête la première). Mais, à part ces deux compétences, je pensais être un véritable petit dauphin mignon ambulant.
Je me trompais.
Virginie Dedieu, championne du monde de natation synchronisée, excusez du peu
Mi-mars, je reçois dans ma boîte mail une proposition d’initiation à la natation synchronisée par Virginie Dedieu, sacrée trois fois de suite championne olympique, rien que ça (et on ne compte même plus ses victoires en tant que championne de France) (enfin, si : on a compté, c’est 31 et c’est beaucoup).
Une invitation comme celle-ci ne se refuse pas — d’ailleurs, Madmoizelle y avait déjà répondu en 2020, dans le monde d’avant.
Même si c’est super, j’aurais peut-être dû réfléchir un peu. Car c’est pas simple, la natation synchronisée. Mais on n’a qu’une vie, YOLO, fast life tout ça, et on a le droit de vouloir rajouter des trucs sur son CV.
Alors c’est parti.
Nous nous retrouvons avec ma collègue Rochann le premier avril — et ce n’est pas une blague — à la piscine olympique George Vallerey, qui accueille cette année l’Open de France.
Dans l’eau, de jeunes athlètes venues de toute la planète, certaines travaillant leurs figures avec au bord une entraîneuse tapant de manière régulière sur l’escalier en inox descendant dans l’étendue chlorée (hop là l’envolée lyrique) — j’apprends plus tard que c’est pour donner le rythme aux nageuses. Comme quoi, le savoir, on en a jamais assez.
Nager, couler, répéter
Vêtue d’un maillot de la nouvelle collection Nabaiji, dessinée par Virginie herself, qui se veut plus échancré mais du coup dévoile une partie de mon postérieur (je vous rassure, la meilleure) ainsi qu’une épilation du maillot hésitante (faite au rasoir le matin même sous la douche), je me retrouve dans l’eau chaude alors que dehors il neige, en avril, et que de toute façon comme dirait Mylène Farmer rien n’a de sens et rien ne va (hop là l’envolée drama).
Virginie Dedieu est très pédagogue, et commence par nous demander de nager. Okay. En crawl. Pas okay. Capable de discerner la détresse dans mes lunettes de natation, elle propose en nage libre pour celles qui veulent. Re okay.
Virginie, très pédagogue, regarde mes mouvements. Alors que la journaliste et coach Lucile Woodward s’en sort très bien (elle nous mettra d’ailleurs régulièrement à l’amende pendant toute la durée de l’initiation, mais je souhaite pas en parler j’écris pas pour souffrir), je sens une main sur mon genou.
C’est celle de Virginie Dedieu, qui me montre que je ne nage pas la brasse correctement.
EUH.
PARDON ?
Mon coeur se serre. On croit connaître ses nages et puis en fait on ne les connaît pas. C’est dur. Surtout que les gestes que me montre notre initiatrice ont beaucoup plus de sens que ceux que je faisais. J’ai vécu tellement d’années dans le déni, il est temps d’avouer mes erreurs.
L’initiation continue et Virginie Dedieu continue à nous montrer plusieurs mouvements. La natation synchronisée est exigeante, elle demande de perdre beaucoup de réflexes que nous avons sur terre ferme pour réaliser les figures.
Vous pensiez qu’il fallait se tenir droite ? FAUX, vous coulez. Quand vous faites le poirier, vous regardez le sol ? FAUX, il faut regarder bien en face.
Même aidée des bidons gonflables, censés faciliter certains mouvements pendant les entraînements (prenez-en deux pour faire vraiment la différence), je ressemble à une poule, dans une piscine, à l’envers, avec un couteau.
Qu’importe. Appuyée par la bienveillance de notre professeure d’un jour, mais aussi par la présence du community manager de Décathlon qui est présent et un photographe qui nous mitraillent sans oublier le pince-nez, je tente de sauver les murs.
Aucune de mes prestations ne sera à la hauteur de mes attentes — mon manque de coordination n’a pourtant d’égal que mon optimisme.
C’est pire après
Notre initiation devait durer 45 minutes, entre deux entraînements de pros ; il durera une heure, alors que je n’en finis pas de zieuter vers les vestiaires pour savoir qui viendra nous succéder et nous dira de sortir.
La raison ? La natation synchronisée, c’est dur, même une heure, et c’est encore plus difficile de faire style que c’est simple.
La grâce, l’élégance, et la tout ce que ce sport demande n’est pas dans le panier qui m’a été donné à la naissance. Qu’importe. Au plus près de cette discipline, j’ai pu voir certains mouvements qui m’ont clouée au sol (ce qui est dangereux dans une piscine où tu n’as pas pieds). Bref.
Actuellement sport majoritairement réservé aux enfants (pour les compétitions), il n’empêche que j’ai découvert une discipline super pour les adultes.
La natation artistique demande de la concentration, de l’équilibre, du gainage, tout ça dans l’univers de l’eau qui requiert de rester constamment en mouvement. Et si l’initiation s’est bien passée, et que je n’ai pas eu l’impression de faire des miracles (c’est pas moi qui allait séparer la mer en deux, c’est moi qui vous le dit), c’est le sentiment d’un corps épuisé qui m’a le plus surprise en sortant de la piscine.
La natation synchronisée a fait travailler tous mes muscles sans douleur, m’a forcée à imaginer mon corps autrement et m’a demandé une rigueur proche de la danse classique. Une discipline qu’il faut faire en maillot de bain, avec un pince-nez et sans respirer. Respect.
Lancez-vous dans le grand bain !
À toutes celles qui souhaitent tenter (ou qui font partie des 200 000 praticantes), n’hésitez pas à trouver une piscine qui ne réserve pas tous ses couloirs à la nage mais vous permet de tenter des mouvements.
N’hésitez pas aussi à trouver un ou une amie compatissante pour vous dire si votre poirier est piteux ou non. La plupart du temps il l’est, mais c’est quand même super à essayer.
Le matériel est abordable, il suffit d’un maillot de bain, un bonnet, un pince-nez (mettez-le bien, pas comme votre aimable serviteuse qui a bu la tasse de nombreuses fois), et les petits bidons gonflables sont supers pour faire des figures qui impressionneront vos potes à la piscine.
Mon conseil le plus important ? Attendez de maîtriser un peu avant de faire des photos. Voir ses débuts en natation synchronisée, ça pardonne pas.
À lire aussi : Conseils pour se (re)mettre à la natation
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