Live now
Live now
Masquer
Thought catalog  / Unsplash
Vie quotidienne

Sur LinkedIn, j’ai trouvé des startupers gênants et… Mon père biologique

Marie a tapé le nom de son père biologique sur de nombreuses plateformes, et c’est sur LinkedIn qu’elle a fini par le retrouver. Elle raconte ce moment, et les questions qui l’ont habitée ensuite.

Il y a un peu plus d’un mois, après une journée de télétravail post-confinement un peu blasante (c’était juste avant qu’on puisse revenir au bureau et clairement, j’en avais marre de rester chez moi H24), j’ai fait une recherche LinkedIn que je ne suis pas prête d’oublier. Sur le réseau social professionnel — que j’ai l’habitude de creuser dans le cadre de mon travail — j’ai pour la première fois tapé un nom que j’avais déjà bien exploité sur Google, Facebook et même Copains d’avant.

Celui de mon père biologique.

Plusieurs résultats pour ce nom finalement assez commun. En balayant rapidement, un profil retient mon attention : la photo ainsi que la localisation me paraissent cohérentes, mais j’ai peu d’espoir que cela corresponde réellement.

Et là, sans avoir peur de passer pour une grosse stalkeuse, je clique sur le profil. La photo est plus grande et tout de suite je reconnais mon nez, un nez que j’ai eu du mal à aimer pendant mon adolescence.

Je balaye méthodiquement les informations que je trouve et rapidement… tout correspond : le même lycée que ma mère, la même année. Un parcours professionnel qui colle à ce qu’on m’a raconté de lui. Et encore ce nez, que je reconnais parfaitement !

pere_biologique_Linkedin
Souvik Banerjee / Unsplash

Quand j’ai découvert que j’avais un père adoptif, et un père biologique

Vers mes 6 ans, j’ai appris — par un membre de ma famille — que celui que j’appelais « papa » n’était en réalité pas mon père biologique. Qu’il m’avait adoptée. Le soir, à table, j’ai simplement posé la question « C’est vrai que tu n’es pas mon père ? ». Dans mes souvenirs, on a un peu pleuré, beaucoup discuté, mon père m’a serré dans les bras et m’a dit que malgré notre sang différent, j’étais bien sa fille.

Je crois que ça n’a pas vraiment changé mon enfance, ni la personne que je suis devenue.

C’est marrant car avec le recul j’aurai pu percuter : ma mère m’a trimballée un peu partout bébé et j’ai fini par réaliser que pendant mes 3-4 premières années, je n’avais pas de père. Ma figure paternelle, c’était celle de mon grand-père, avec lequel j’ai tissé des liens indestructibles. Avec ma mère et ma grand-mère, ils m’ont offert une triple dose d’amour. Aucune raison donc, de me demander « Où il est mon papa ? ».

Des questionnements de longue date

Mais évidemment, à l’adolescence, j’ai commencé à me poser des questions : à quoi ressemble-t-il ? Quels sont les points communs que j’ai avec lui, que mon père adoptif n’a pas ? Est-ce qu’il a d’autres enfants ? Comment en parler à ma sœur et mon frère (qui sont nés quelques années après moi) ?

Il y a encore quelques années, c’était un sujet hyper tabou pour moi, quasiment personne n’était au courant. Quand on on me disait « Tu ressembles vachement à ton père », je souriais poliment mais au fond, ça me tracassait de ne pas savoir à quoi il ressemble, mon vrai père. J’avais carrément honte de la situation, et j’étais blessée que cet homme nous ait abandonnées, ma mère et moi.

La raison pour laquelle mon père ne m’a pas reconnue est tristement banale : lui était issu de la bourgeoisie, et ma mère de la classe moyenne. Pas le bon standing pour lui et sa famille, surtout il y a presque trente ans j’imagine.

Parfois, je me dis que mon ambition professionnelle et personnelle, je la dois à ce rejet directement lié à ma classe sociale. Depuis toujours, j’ai eu envie de m’en sortir, pas pour le plaisir de gagner de l’argent mais plutôt comme une revanche sur ce « mauvais jugement » de sa part.

J’ai retrouvé mon père biologique, et j’ai enfin pu en parler avec ma mère

De retour à ma découverte LinkedIn.

Après avoir identifié mon potentiel père (j’ai entre-temps double checké les informations avec ma grand-mère qui savait pendant quelles années il avait étudié, et où), il me fallait l’ultime confirmation : celle de ma mère. Allait-elle le reconnaître ? Est-ce que je m’étais plantée ? Comment allait-elle réagir ?

Je l’ai appelé pour l’informer de ce que j’avais peut-être découvert, puis je lui ai envoyé une capture d’écran. Elle m’a tout de suite confirmé, c’est bien lui.

Me parcourt un mélange d’excitation, d’inattendu et en même temps un sentiment un peu détaché. J’ai eu l’impression de retrouver un pote de collège, pas mon père, pas ma chair, pas mon sang ! Je n’ai jamais vraiment idéalisé ce moment, mais je pensais que ça allait me bouleverser davantage.

Ce moment a été l’alibi parfait pour poser à ma mère les questions que j’avais gardées pour moi pendant tout ce temps : étaient-ils amoureux à l’époque ? Quels traits de caractère je pouvais bien avoir de lui ? Comment cette histoire s’est-elle terminée ? Avait-elle été triste ? Pourquoi elle est-ce qu’elle avait-elle décidé de me garder ?

J’ai obtenu des réponses. Certaines qui me font sourire, à propos de quelques traits de mon caractère. D’autres qui me rassurent, à propos de l’évidence de maintenir cette grossesse. Et puis celles qui me pincent le cœur, comme de savoir que ma mère était finalement très amoureuse, trop amoureuse.

C’était génial de me réapproprier un bout de l’histoire. De ne plus être uniquement dans des projections, des fantasmes, mais bien dans du concret. Malgré tout, j’essaye de prendre du recul car ce n’est qu’un bout de l’histoire.

Je confronterai également mon père à ces questions.

J’ai décidé de contacter mon père biologique

A l’instant où j’écris cet article et après plusieurs semaines de réflexion, j’ai décidé de lui écrire. Je ne sais pas exactement quand ni comment… mais j’ai envie d’avoir sa version de l’histoire, alors j’irai jusqu’au bout.

Je ne suis pas encore sûre de ce que j’attends de cette rencontre. Peut-être une sorte de mentor sur lequel je pourrais m’appuyer pour sortir de mon cocon familial ? Un ami pour passer des moments sympathiques ? Mais certainement pas une figure paternelle.

Mes deux parents me soutiennent dans cette initiative et savent que cela ne changera rien à notre relation : ce sont eux mes parents, ma mère et mon père adoptif.

Mais j’avoue que je suis effrayée de ne jamais avoir de réponse, ou pire : qu’il me « rejette » ! Je raconterai peut-être tout ça dans un prochain article, si j’arrive à prendre mon courage à deux mains.

À lire aussi : Quand j’avais 10 ans, un secret de famille a été révélé. Depuis, j’ai une arrière-grand-mère !

Crédit photo : Thought catalog / Unplash

Témoignez sur Madmoizelle

Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !


Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !

Les Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.

Réagir sur le forum

Plus de contenus Vie quotidienne

Source : Brooke Lark / Unsplash
Travail

Faire face aux harceleurs de ma boite : mon histoire

14
Elifight
Santé

Mon cancer m’a laissé un handicap invisible : « devoir se justifier sans cesse, c’est épuisant »

22
Source : Joshua Resnick / Canva
Argent

Kelly dépenses 110 € de courses par mois : « En Martinique, un article peut prendre 20 à 50 centimes en une semaine »

3
[Image de une] Horizontale (14)
Lifestyle

Le quotidien devient bien plus simple avec ce sèche-cheveux et cet aspirateur laveur

Source : Aleksandr Kichigin / Canva
Argent

C’est quoi le skiplagging, cette (fausse) bonne idée qui permet de payer son billet d’avion moins cher ? 

14
Source : Midjourney
Vie quotidienne

Lina dépense 450 € de courses par mois : « Le goût des tomates du jardin n’a pas de prix »

14
Source : Karolina Grabowska / Pexels
Vie quotidienne

Efficaces et pas chers, voici les meilleurs produits de nettoyage selon TikTok

TikTok-smartphone-jeunes-sante-mentale
Société

Un inconnu vous vire de l’argent sur Paypal ? Attention, c’est une arnaque

2
Source : RapidEye / Getty Images Signature
Travail

Lundi de Pentecôte 2024 : allez-vous devoir travailler pendant que tout le monde se la coule douce ? 

Source : Karolina Grabowska / Pexels
Vie quotidienne

Ménage de printemps : j’ai testé ce « produit miracle » dont tout le monde parle sur TikTok

6

La vie s'écrit au féminin